Archives de Catégorie: Gestion du stress

Stress au travail : La France peut mieux faire !

Voir l’avis de Patrick Légeron l’un de nos experts sur cette question, à l’occasion de la réédition de son ouvrage sur le stress au travail. Voici ce qu’il en dit lors d’un entretien accordé à la revue « Sciences et avenir ».

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La France reste « un très mauvais élève » en matière de prévention du stress au travail, dont elle peine à évaluer le coût économique. Le Dr Patrick Légeron s’en alarme dans une mise à jour de son ouvrage pionnier sur le sujet, Le stress au travail, publié en 2001. « Quinze ans après, on est sorti du déni dans lequel se trouvaient les entreprises françaises, le stress au travail est même surmédiatisé. Mais si le contexte est complètement différent, les résultats n’ont pas changé », a déploré le médecin mercredi 10 février 2016, en présentant les nouveaux enjeux de ce « problème de santé publique ».

Nombre d’études et rapports internationaux en attestent : le stress au travail et ses corolaires, le burn-out (ou syndrome d’épuisement professionnel), le bore-out (dépression par manque total de stimulus), la dépression, le suicide, est devenu « le premier péril pour la santé des salariés », en raison notamment des nouvelles pratiques managériales et des transformations radicales induites par la révolution numérique, selon le médecin. En France, « trois millions de Français souffrent de dépression, soit 5 à 6% de la population, dont seulement une centaine a été reconnue d’origine professionnelle en 2014 », a-t-il relevé. La France a tardé à s’emparer du sujet et « manque encore de données scientifiques ». Lorsqu’elle a commencé à s’en préoccuper en 2002, elle l’a fait « de manière très négative et dans une logique de réparation plutôt que de prévention, après des drames liés au harcèlement moral et des suicides dans l’industrie automobile et dans les télécoms ». Au Danemark, a-t-il expliqué, « les partenaires sociaux ont signé des accords sur le stress dès la fin des années 1970 » et « l’Europe du Nord a fait du bien-être au travail une stratégie autant économique qu’humaine dès la fin des années 1990, comprenant davantage ce concept comme un retour sur investissement que comme une protection de la santé des salariés ». En France, « il n’existe pas encore d’indicateur national, ni d’étude économique sur son coût ».

 

Effets de la régulation du stress des adultes sur la relation avec les adolescents en collège

Nous menons depuis le mois d’octobre une action de formation sur l’attention-concentration et la régulation du stress pour les enseignants, le personnel de direction, les éducateurs et l’infirmière d’un collège public de la banlieue Lilloise.

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Nous avons déjà eu l’occasion de présenter cette expérimentation dans un article précédent https://agepsraymondbarbry.wordpress.com/2015/12/21/pour-faciliter-lattention-des-eleves-oser-de-la-marche-en-conscience-temoignage-dune-enseignante-de-college/

Bien que le dispositif de formation n’est pas encore terminé à ce jour, les participants commencent à en mesurer les effets, pour eux, comme pour les élèves. Un des indicateurs objectifs parmi les plus pertinents est la quantité d’incidents critiques identifiés. Depuis que le processus de formation a débuté (octobre 2015) le proviseur adjoint n’a pas eu à réguler de situations relationnelles critiques  entre adultes et élèves. Ce qui pour cet établissement est une avancée notoire dans le domaine du vivre ensemble dans le collège. Les enseignants et éducateurs explicitent d’eux mêmes qu’ils arrivent après six rencontres en trois mois à mieux réguler les situations critiques. Ils témoignent de l’exploitation d’une posture informelle de pleine conscience (pleine présence) dans le temps de classe et notamment en situation de tension relationnelle avec les jeunes.

Une formation pour les adultes et pour les jeunes. Bien que ne concernant que des adultes volontaires (une vingtaine de personnes à chaque rencontre), cette formation vise d’abord à donner les outils aux adultes pour développer leur attention-concentration, réguler leur niveau de stress par un programme basé sur les pratiques  de pleine conscience (programme en huit étapes). C’est parce que les enseignants et éducateurs sauront faire par eux mêmes et pour eux mêmes qu’ils seront mieux à même d’en faire bénéficier leurs élèves. C’est du reste ce qui se passe dans cet établissement, où de plus en plus d’adultes proposent dans le temps de classe, à l’internat, en accompagnement individualisé des  temps spécifiques brefs (quelques minutes) visant le développement de l’attention-concentration et la régulation du stress.

Article écrit par Raymond Barbry le 12 janvier 2016

 

Régulation du stress et bien être professionnel des enseignants.

La question du stress professionnel des enseignants n’est plus tabou. Des proviseurs (secteur public), des chefs d’établissement (secteur privé sous contrat d’association) prennent des initiatives et s’emparent de cette question. Ils ont bien compris que pour une meilleure efficience, une meilleure réussite des élèves et un mieux vivre ensemble dans l’établissement, il fallait prioritairement prendre en compte le bien être des enseignants !

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A quoi bon mettre l’élève au centre du système éducatif, s’il n’y a pas de considération pour ceux qui ont charge d’éducation, d’enseignement et de formation !

L’AGEPS va accompagner en 2015-2016 plusieurs établissements publics et privés qui proposent à leur enseignants et au personnel éducatif des temps de formation (massés sous forme de séminaire) ou d’ateliers (échelonnés dans le temps de l’année scolaire) pour apprendre à réguler le stress professionnel, à se protéger de l’état de surstsress, à exploiter ce que nous appelons le stress positif, à se ménager des temps de repos, à identifier les compétences et points forts de chacun et des équipes, à développer l’attention-concentration par l’intention de la présence, à accepter les réalités et sortir de la culpabilité, à garder confiance en soi.

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Du mieux être pour les enseignants et éducateurs à court terme, mais aussi pour les élèves à moyen terme. Les outils proposés qui s’appuient sur les pratiques de pleine conscience et sur ceux de la préparation mentale pourront par la suite être proposés aux élèves. Les enseignants qui bénéficieront d’un programme mis en place par l’AGEPS depuis quatre ans, pourront ainsi en faire partager leurs élèves.

Article réalisé par Raymond Barbry, le 30 juin 2015.

Le burn-out dans les métiers de l’éducation, comment le prévenir et s’en protéger ?

L’AGEPS a animé une journée de formation pour un syndicat d’enseignants sur la question préoccupante du burn-out. 

Il est reconnu et avéré que le phénomène du burn-out va grandissant dans le contexte du travail. Les textes de loi sur les risques psycho-sociaux en ont été un premier indicateur. Les spécialistes et professionnels du domaine (médecin du travail, médecin généraliste, psychiatre, psychothérapeute, coach…) constatent globalement une augmentation du mal être au travail et des cas de burn-out. Mais le problème est-il vraiment abordé dans tous les contextes professionnels ? C’est le plus souvent lors d’un cumul d’événements dramatiques (suicides, situation de harcèlement, recrudescence d’accidents du travail, arrêts de maladie en augmentation) que les responsables des organisations sont dans l’obligation de se pencher sur la question et d’interroger les modalités d’organisation et de management.

Pourquoi en parle-t-on plus aujourd’hui ? De manière générale et quels que soient les contextes professionnels les causes sont bien identifiées en voici les principales : une société en crise de sens et hyper-compétitive, des environnements de travail en tension voire dépressifs, l’individualisme, une accélération des temporalités (cela va de plus en vite), l’injonction au multi-tâches, les peurs et l’angoisse face à l’avenir, la non reconnaissance des personnes, le délitement des solidarités, les changements dans les organisations non explicités, la perte de confiance en soi qui amène à la dévalorisation de soi, la perte de confiance dans les autres et plus particulièrement dans les dirigeants et les politiques (cf le climat actuel), l’incohérence des responsables et des politiques entre le dire et le faire…Tout ceci traduit et donne l’image d’une société prise dans une névrose collective. Cette liste montre combien  la prise en compte de l’humain s’est trouvé minoré dans les environnements de travail et dans notre société.

Qu’en est-il dans le domaine de l’éducation et plus particulièrement dans celui de l’enseignement ? C’est à le demande d’une organisation syndicale,  que je suis allé échanger autour de cette question avec des représentants du syndicat et leurs militants. Cette question n’émerge pas par hasard ou parce qu’elle est à la mode ! Sur le terrain dans les établissements scolaires les situations deviennent de plus en plus complexes et tendues : augmentation des incidents critiques, surcharge administrative, réformes non explicitées, judiciarisation, conflits, perte de sens…

Des données difficiles à objectiver. Les données précises sont difficiles à obtenir, parce que la situation de burn-out n’est pas toujours reconnu comme telle. Elle est difficile à identifier et à objectiver. Certaines maladies peuvent être dans certaines situations révélateur d’un cas de burn-out non reconnu comme tel. Il sera alors retenu, par exemple, une dépression ou un accident cardiaque ou plus grave un suicide.

Le mal être dans les établissements ne touche pas que les élèves. Pour rappel, la France est reconnu comme l’un des pays au monde où les élèves sont les plus stressés, 2ème rang mondial (voir à ce sujet l’article de la revue « cerveau et psycho n°61 – janv-fév 2014 – l’école pourvoyeuse de stress) et où la qualité de vie est parmi les moindres, 22ème rang sur 25 pays enquêtés !  Ce mal être des enfants et des jeunes français à l’école se retrouvent  chez les adultes en charge de leur éducation.

Les métiers dans l’école sont à haut niveau de stress. J’ai déjà eu  l’occasion dans différents articles précédents de faire référence du niveau de stress très élevé des métiers de l’éducation. Que ce soit pour les enseignants, les chefs d’établissement et l’ensemble des personnels, sur une échelle de 5 (échelle de Légeron) plus de 80% se situent actuellement sur les niveaux 4 et 5 qui caractérisent les métiers à très haut niveau de stress, voire extrêmement stressant. Dans certains contextes d’établissement c’est 100% des personnels qui sont à ces niveaux !

Plus spécifiquement pour les enseignants, il est indispensable d’être à même d’avoir des compétences de très haut niveau dans des domaines aussi variés que : la didactique disciplinaire, l’organisation pédagogique, le numérique, l’animation des groupes, l’accompagnement individualisé, la prise en compte des handicaps, la gestion des situations de tension et de conflits, la gestion administrative. Pour assumer la complexité des tâches l’enseignant se doit d’être au top de sa forme physique et psychique. Faut-il rappeler que c’est le seul métier où une personne adulte se trouve seule autant de temps face à un grand groupe d’enfants ou de jeunes qui n’ont pas choisi d’être là !

Le mal être des enseignants, du personnel, des chefs d’établissements est réel et palpable. Les personnes présentes à cette journée d’information et d’échanges venaient de toute la France. Leurs témoignages sont éloquents et touchent tous les types d’établissement du collège au lycée. L’état de surstress est général dans certains contexte d’établissement. Cela signifie que, de la direction en passant par tous les niveaux hiérarchiques et l’ensemble du personnel, la tension est constante. Il n’est pas étonnant alors de constater une augmentation des cas dits de burn-out ou épuisement professionnel.

Mais qu’est-ce que le burn-out ?  C’est un terme qui vient de l’aérospatial qui signifie l’épuisement du carburant dans une fusée et par conséquent l’explosion ou la perte de la machine ! Au plan humain et dans le contexte du travail il signifie l’épuisement professionnel. Le burn-out est donc le symptôme de l’épuisement professionnel. C’est un processus qui ne se manifeste pas du jour au lendemain. Il évolue lentement et le plus souvent sournoisement. Cela peut mettre des années avant que brutalement il ne se déclare. Il varie en fonction de l’intensité et de la durée de l’exposition au stress professionnel et plus particulièrement de  l’état de surstress qui s’installe, mais aussi en fonction de la personnalité du sujet, de son histoire de vie et des autres stress de la vie (vie personnelle…). Nous ne sommes pas égaux face aux situations de stress intense du contexte professionnel. C’est toute l’histoire de la personne qui est impliquée dans la situation.

Comment repérer le développement d’un processus du type  burn-out ? Il est classique d’identifier trois phases :

– La phase d’alarme : La personne a conscience de l’apparition de symptômes  et du lien avec les raisons professionnelles. Les symptômes sont le plus souvent physique ou comportementaux (sommeil, alimentation, baisse des défenses immunitaires, problème de santé, instabilité émotionnelle….). La personne n’arrive plus à réguler le stress.

– La phase de résistance : La personne qui ne prend pas conscience de son état, va alors rentrer en phase de résistance. Elle s’adapte aux symptômes. Elle fait comme si tout allait bien. Elle rentre dans ce que j’appelle l’état de surstress qui est l’équivalent chez les sportifs du syndrome du surentraînement. Il peut être observé dans cette phase, le développement des pratiques de dépendance (addiction). Si rien n’est entrepris, tôt au tard la personne va entrer en phase d’épuisement qui déclenche le  burn-out. Il est notoire de remarquer que le plus souvent les personnes sont dans le déni, incapable d’écouter les messages de leur environnement. C’est un incident (une maladie, un accident, une erreur professionnelle importante) qui peut les amener à prendre conscience de leur état dans cette phase.

– La phase d’épuisement : La personne n’a plus d’énergie physique et psychique. L’organisme est épuisé. La personne a beau prendre des stimulants, ils sont sans effet. Elle entre dans l’apathie. La personne ne peut plus réagir. Il n’y a plus de motivation, d’envie. L’ erreur peut alors se transformer en faute professionnelle. C’est l’épuisement avec toutes les conséquences sur la santé, les relations sociales, la vie personnelle et affective. Alors que le processus a commencé depuis parfois bien longtemps, le burn-out se produit alors brutalement,  par exemple : une crise cardiaque sans avertissement, des pertes de connaissance répétées, l’incapacité de se lever un matin, un cancer se développant rapidement, une faute professionnelle grave (ce que l’on appelle communément un pétage de plomb !), la fuite par une disparition volontaire et dans les cas les plus graves et les plus médiatisés, le suicide.

Quelles réponses apportées afin de ne plus en arriver à ces situations le plus souvent dramatiques ? Il est vain de supprimer le stress. Il est nécessaire et il caractérise la vie elle même. C’est l’état de surstress qui est lui dangereux pour les personnes, pour les organisations et pour la société. Dans le cadre de mon activité de consultant sur cette question du burn-out, je propose des actions au plan individuel (concernant la personne et son organisation de vie) et d’autres au plan collectif (concernant les organisations et les institutions).

– Les réponses individuelles : Voici une liste de pistes qui peuvent être explorées.

L’acceptation de la réalité telle qu’elle est, et non pas telle que je voudrais qu’elle soit.

La conscience et la connaissance de soi par l’identification de sa valeur, de ses compétences professionnelles (mes points forts…), mais aussi de ses zones de fragilité.

La prise de distance avec la culpabilité et le perfectionnisme qui sont de mon point de vue deux problématiques spécifiques au métier d’enseignant.

L’équilibrage qualitative des différents temps de vie (la vie professionnelle, la vie personnelle et affective, l’engagement associative, l’engagement dans une activité qui passionne…)

La capacité à profiter des moments de bonheur quand ils arrivent. Notre système nerveux est ainsi fait que nous avons tendance à ne mémoriser que les mauvais moments. L’être humain gagne à apprendre à être pleinement présent aux moments agréables.

L’hygiène de vie qui facilite la récupération et les états de bien être physique et psychique (sommeil, alimentation, activités physiques etc…)

L’identification et la mise à distance des personnalités toxiques. Dans toute organisation humaine existe tous les profils de personnalité. Nous sommes tous porteurs de névroses plus ou moins fortes liées à notre histoire de vie et à notre éducation. C’est ce qui fait la richesse des différentes personnalités ! Mais il se trouve aussi des personnalités destructrices, manipulatrices voire perverses. Il importe de s’en protéger, voire de les fuir, voire de les dénoncer dans le cadre de harcèlement moral.

L’inscription dans son emploi du temps quotidien de pratique de méditation de pleine conscience ou intériorité (méditation, yoga, sophrologie, contemplation, prière…). Il est maintenant validé, reconnu et accepté que ces pratiques ont de réels effets sur nos niveaux de stress. Une pratique régulière bi-quotidienne de huit semaines portent des effets sur la réduction du stress pour plus de 80% des personnes ! Voir à ce sujet plusieurs articles sur ce blog qui traitent de cette question.

L’accompagnement par un professionnel (psychothérapie, coaching, médecine naturelle et ou allopathique…) dans la phase d’alarme. Il suffit le plus souvent dans cette phase d’une à deux séances pour faire prendre conscience à la personne de la situation dans laquelle elle se trouve et ainsi mettre fin au processus d’enclenchement vers le burn-out.

La capacité à dire NON  lorsque le sujet est en phase d’alarme ou lorsque les demandes sont des injonctions paradoxales ou tout simplement impossible à réaliser. « Cessez d’être gentil soyez vous mêmes » pour paraphraser le message de Thomas D’Ansembourg dans son livre, Cessez d’être gentil, soyez vrai !

– Les réponses collectives et institutionnelles. Elles concernent aussi bien l’organisation au sein de l’établissement scolaire que l’engagement au plus haut niveau institutionnel.

La prise en compte de cette question par tous les partenaires au delà des clivages et des positionnements. Il est nécessaire de sortir du déni avec lequel cette problématique est actuellement traitée.

L’interrogation des dispositifs de formation initiale dans les métiers de l’éducation et de l’enseignement. Le domaine de la formation psychologique, de la connaissance de soi doit être un axe de formation qui traverse tout le dispositif de formation. Les connaissances universitaires, didactiques et pédagogiques ne suffisent plus. Les modalités du concours et du recrutement mériteraient à être questionnées.

L’interrogation des dispositifs de formation continue des enseignants et de tous les personnels doit prendre en compte cette dimension du psychologique. Il est difficile à l’heure actuelle de proposer de telles formations parce que sortant du cadre des compétences techniques et professionnelles. Il y a  à faire reconnaître et accepter que la conscience de soi et la connaissance de soi font parties des compétences transversales incontournables pour se réaliser dans les métiers de l’éducation. Ces compétences transversales ne sont pas de l’ordre de l’innée. Elles s’acquièrent. Les pratiques de pleine conscience, les temps d’analyse de pratiques, les groupes de paroles  participent à les développer.

La formation des chefs d’établissement doit  intégrer cette dimension du management de l’humain au même titre que les dimensions économiques, pédagogiques, techniques.

La mise en place, pour ceux qui le souhaitent dans le temps de travail, de groupe de paroles avec une supervision par du personnel extérieur à l’établissement et à l’institution. Comme il en existe dans d’autres professions.

En conclusion de cette journée. Les établissements scolaires, espace d’éducation, d’enseignement et de formation se doivent d’être des lieux porteurs de la dynamique de vie. Les acteurs (enseignant, personnel, chef d’établissement) se doivent d’incarner cette dynamique de vie, de sens et de joie. Sinon, comment la communiquer aux enfants et aux jeunes ?

Article réalisé par Raymond Barbry / mars 2014

La méditation de pleine conscience au service des enseignants pour réduire le stress, prévenir le burn-out et améliorer l’efficience professionnelle.

L’équipe de Richard Davidson de l’université de Wisconsin-Madison (USA) vient de publier des résultats intéressants quant à l’efficience des pratiques de méditation de pleine conscience sur la réduction du stress et  la prévention  du burn-out auprès d’enseignants.

 

Un métier très exigeant. L’étude part du constat, que le métier d’enseignant est très exigeant et qu’il induit de très hauts niveaux de stress. Durant cette dernière décennie il a été constaté que de plus en plus d’enseignants étaient sujet au burn-out (syndrome d’épuisement professionnel). Il est maintenant reconnu que le métier d’enseignant est parmi les plus stressants. Aussi il devient nécessaire de leur apprendre à réguler leur niveau de stress. En effet, si le bon stress est nécessaire pour agir au mieux dans le contexte professionnel, trop de stress (l’état de surtsress) conduit l’enseignant à ne plus être à même d’agir avec pertinence, et cela n’est pas sans effet sur la santé globale de la personne. Cet état du surstress génère des difficultés dans l’animation du groupe-classe qui ne sont pas sans conséquence sur la dynamique relationnelle du groupe et sur les conditions de l’apprentissage.

Un programme de formation basée sur la méditation de pleine conscience . L’équipe du Professeur R.Davidson a proposé à des enseignants un programme de formation de huit semaines. Ce programme est inspiré du protocole MBSR  de Jon Kabat Zinn (Mindfulness Based Stress Reduction).

Les résultats de la recherche montrent que les enseignants qui ont bénéficié de temps de pratique de pleine conscience  sont dans un mieux être et une efficacité professionnelle accrue comparativement à ceux qui n’ont pas bénéficié du programme. Plus précisément il a été observé : une réduction des symptômes psychologiques au burn-out, une amélioration de la gestion des incidents critiques dans les classes, amélioration au test d’attention-concentration, une augmentation de l’auto-compassion et au plan physiologique, une diminution de présence des hormones du stress.

Introduire au plus vite dans la formation des enseignants des modules portant sur la connaissance de soi et le développement de la conscience de soi. Cette recherche vient en complément de nombreuses qui montrent combien la dimension connaissance de soi est un domaine sur lequel il n’est plus possible de faire l’économie en formation d’enseignants.  Il ne s’agit pas non plus d’imposer des modules de MBSR ou de yoga ou de sophrologie à tous les étudiants qui se destinent au métier d’enseignants. Mais un travail sur la dimension de l’être ne peut plus être ignoré. C’est sur cette base que vont se développer les compétences techniques qui se trouvent elles bien définies dans les différents référentiels professionnels. Le métier d’enseignant est très exigeant en matière d’énergie psychique.  Il importe d’outiller les enseignants à la régulation de cette énergie. Les travaux de recherche, notamment en neurosciences depuis une quinzaine d’années, montrent bien que cette dimension de l’être (connaissance de soi, conscience de soi) s’apprend, se renforce et qu’elle n’est pas inscrite dans les gênes.

L’article en langue anglaise est disponible dans la revue, Mind, Brain, and Education / volume 7-number 3.

L’adresse de la correspondante : Lisa Flook, Center for Investigating Healthy Minds, Waisman Laboratory for Brain Imaging and Behavior – University of Wiscontin-Madison, 1500 Highland Ave, Madison, WI 53705 – USA.

Adresse mail : flook@wisc.edu

Transformer la qualité de chaque journée.

A voir, à lire et à écouter (cd)  le dernier livre de Marc de Smedt « Une journée, une vie – Fragments de sagesse dans un monde fou »

Le dernier chapitre résume l’esprit de cet essai. Marc de Smedt nous livre un outil pour nous aider à travailler sur nos schémas de comportements et transformer la qualité de nos journées et de notre vie. A chacun de définir ses priorités parmi les douze proposées.

Le cinéma relationnel : Se rendre compte que nous jouons souvent un jeu de dépendance face à autrui. Efforçons-nous de rester authentique.

La pollution psychique : Elle s’avère aussi insidieuse que la pollution physico-chimique. Apprenons à décrasser notre mental.

La conscience égarée : Est-on pleinement conscient de la réalité ou perdu, noyé, dans ses rêveries ? Éveillons nous sans cesse.

La paresse endémique : Remettre à plus tard ou à demain, en faire le moins possible, traîner…Secouons nous !

Le poids de notre monde : Si chaque matin qui se lève est une leçon de courage, profitons-en. Assumons-nous avec rigueur.

La concentration perdue : Etre pleinement dans ce que l’on fait, pas facile avec le téléphone, etc. Essayons nous quand même.

La gentillesse défaillante : Il est souvent plus facile d’être désagréable que gentil. Et si le contraire se révélait vrai ?

La difficulté d’aimer et d’être aimé : L’amour quel qu’il soit se cultive à l’aide de petites (et grandes) attentions. Rendons-nous attentifs à l’autre. Aux autres.

Le manque de disponibilité : Même très occupés et affairés, sachons demeurer accueillants, à l’écoute, amicaux.

Le temps déchiqueté : On ne sait plus donner du temps au temps, tare moderne. Organisons-nous mieux.

La respiration bloquée : Etre conscient qu’on respire se confond avec la conscience tout court. Respirons, nous sommes vivants.

La sérénité envolée : A retrouver d’urgence en cultivant le détachement et la prise de distance. Gardons-nous des plages de détente, de liberté, de méditation. On y voit plus clair après.

Transformer la qualité de chaque journée dépend d’abord de chacun de nous. En cette période de crise intense, tout le monde souhaite le changement. Celui ci passe d’abord par la conscience d’avoir à changer sa propre vie, pas forcément par un grand chambardement, mais de l’intérieur. Car les solutions à nos problèmes se trouvent d’abord en nous.

C’est un manuel d’optimisme que nous propose Marc de Smedt.

Bon stress et mauvais stress : les conséquences sur la santé.

Dans son dernier livre « trois clés pour vaincre les pires épreuves de la vie » le docteur anesthésiste Jean Jacques Charbonnier, bien connu pour ses travaux sur la conscience, présente une synthèse des effets du stress et plus particulièrement du surstress sur notre santé.

Voici quelques idées qu’il me semble important de communiquer au plus grand nombre :

Nous créons nos maladies.

« Nous savons que la peur et le stress renforcent les sécrétions endogènes de cathécholamines et induisent par ce biais de l’hypertension artérielle, de l’artérite, des infarctus du myocarde, des insuffisances cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. Nous savons aussi que les personnes soumises à un stress prolongé mal contrôlé dépriment leurs défenses immunitaires et ont un abaissement de lymphocytes T4 ». Or ce sont ces dernières qui nous protègent des bactéries et du développement des cellules cancéreuses. Ce sont ces lymphocytes  qui participent au maintien de notre santé.

Le stress nous rend-t-il malade ? « Les maladies cardiovasculaires, les cancers et les pathologies infectieuses étant les principales causes de mortalité, on peut en déduire que c’est essentiellement le stress qui nous rend malade et qui nous tue ! Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela, car à condition de savoir le maîtriser et le dominer, le stress n’est pas nécessairement délétère. Il pourrait même, au contraire, être bénéfique et nous permettre d’obtenir une meilleure santé »

Affronter ses peurs.  « Il ne suffirait donc pas de se soustraire aux agressions de la vie en vivant en ermite, coupé de tout au milieu des bois, pour ne pas tomber malade. Apprendre à affronter nos peurs nous permettrait d’obtenir une meilleure santé en transformant les actions négatives du stress en moteurs d’action positives. Le stress une formidable opportunité pour être en meilleure santé…..Les médecines alternatives, qui ont une vision plus holistique de l’individu et qui agissent en amont de la maladie, plaident dans ce sens.

Témoignage de son expérience clinique.  » Mon expérience m’a montré que les personnes qui étaient dans la peur et angoissée de se faire opérer développaient beaucoup plus de complications post-chirurgicales (infections nosocomiales, infarctus, embolies pulmonaires, accidents vasculaires cérébraux, retard de cicatrisation) que celles qui étaient sereines et tranquilles. J’ai aussi remarqué que la simple annonce d’une maladie grave accélérait, chez beaucoup de patients, les processus pathologiques en établissant une sorte de cercle vicieux qui peut se résumer ainsi : peur, annonce de la gravité d’une maladie, renforcement de la peur, aggravation de la maladie, majoration de la peur, etc. Ce processus autodestructeur ne pourra être stoppé qu’en se détachant de la conscience analytique, qui entretient les sempiternelles questions centrées sur le passé, le futur et le paraître, qui sont toutes liées à l’ego.

Nous créons nos guérisons.

 » Si l’on admet que nous créons le lit de nos maladies et de leur évolution péjorative, on peut aussi en déduire que nous avons les capacités de les éviter et même de les guérir. De nombreuses études confortent cette hypothèse…..Fort de ces résultats, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu en 2007 de façon officielle les valeurs thérapeutiques de la spiritualité……On peut dire que la spiritualité permet de diminuer les peurs et les angoisses en mettant au calme l’activité cérébrale et en réduisant les effets néfastes des catécholamines sur le cœur et sur les vaisseaux tout en amoindrissant la dépression immunitaire liée au stress ».

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La pleine conscience pour faire avec l’anxiété dans les périodes d’examen.

Nous vivons certainement dans une époque marquée par l’anxiété. Le nombre de personnes qui consultent pour cette raison et prennent des antidépresseurs ne cessent de croître ! Les généralistes stipulent que plus de 75% des consultations ont à voir avec un état d’anxiété marqué. Ils constatent que les personnes ne savent plus se détendre et ne savent pas gérer leur stress. En période d’examen, ce sont les candidats, leurs proches et leurs enseignants qui sont sujet à cet état d’anxiété. Nous devons admettre que pour la plupart nous vivons dans un océan peur. Nous portons tous des peurs en nous. Elles sont toujours présentes mais n’émergent que dans certaines circonstances de notre vie. Il en est ainsi pour la peur de l’échec ou celle du sucés dans les périodes de la vie où nous passons des examens et des concours. La pratique de la pleine conscience (mindfulness) peut avoir un impact positif sur les réactions de peur et d’angoisse. Quand la peur et l’angoisse apparaissent, il s’agit de les observer, de ne pas les nier. Au même titre qu’un athlète va accepter la douleur dans l’effort. La peur et l’angoisse deviennent l’objet d’attention. Je reconnais cette peur, je l’accepte. Cette attitude d’acceptation et d’observation délibérée des pensées, des sensations corporelles et  des sentiments liées à la peur et à l’anxiété, nous permet de les reconnaître pour ce qu’elles sont et de savoir comment y répondre . Nous sommes moins submergés ou emportés. Nous n’avons pas besoin de recourir à des compensations qui détruisent ou paralysent.

Présentation de la pleine conscience à des enseignants spécialisés.

Dans le cadre d’un atelier (régulation du stress) de deux jours proposés à des enseignants ASH de l’académie de Montpellier, j’ai présenté et proposé les outils de la pleine conscience.

L’approche se veut être une alternance d’apports, de mises en pratique et de mises en projet d’exploitation des outils pour soi et pour les élèves.

1. Identifier ses différents niveaux de stress.

Les enseignants ASH ne sont pas différents des autres catégories d’enseignants. ils obtiennent les mêmes résultats aux différents tests qui définissent leur niveau de stress professionnel et les agents stresseurs. Se reporter aux articles précédents sur ce blog qui traitent de cette question.

2. Présentation et pratique d’exercices de pleine conscience.

J’ai fait pratiquer différentes situations de pleine conscience dont voici les principales :

– Observation  des mains : pendant quelques instants regardez les mains et laissez venir les ressentis.

– Tenir la posture assise sur la chaise (dos droit sans raideur, pieds au sol, mais sur les cuisses).

– Scan corporel (fait à deux reprises).

– Se centrer sur la respiration (plusieurs situations différentes proposées).

– Ecouter les sons.

– Observer ses pensées.

A la suite de chaque mise en situation, nous avons eu un temps d’échange qui a permis de mettre des mots sur les ressentis de chacun et les effets observés sur le corps et l’esprit.

Nous avons ensuite pu échanger sur l’exploitation possible de chaque situation avec des enfants et des adolescents dans le cadre scolaire.

Le stress au lycée chez les élèves et les professeurs des classes terminales.

Comme tous les ans à la même époque quand approchent les dates du BAC, la pression gagne les lycées français. Ce sont plus particulièrement les élèves des classes terminales et leurs enseignants qui soit subissent, soit participent à cet état !

Certes, si un peu de « stress » (le bon stress) est nécessaire et indispensable pour exploiter au mieux ses ressources et donner le meilleur de soi, trop de stress, ce que j’appelle le surstress, a l’effet inverse et conduit à la fatigue, voire l’épuisement, voire à la procrastination et donc à l’impossibilité d’exploiter tout son potentiel au moment où il le faudrait. C’est ainsi que se met en place la spirale de la démotivation associée à une perte de confiance en soi.

Un contexte d’enchaînement d’épreuves sur plus d’un mois et demi. Les modalités d’évaluation des différentes épreuves font en sorte que les lycéens sont en évaluation BAC dés la fin avril (épreuves de langues, épreuves de TP etc…). Dans certains lycées ces épreuves viennent en surplus des évaluations et contrôles mis en place et intervenant dans le contrôle continu (épreuves de type Bac Blanc, devoirs surveillés,  contrôles de connaissances…).

2013, une année particulière. Cette année est un peu particulière. Nouveaux programmes obligent, les épreuves sont nouvelles. Les exigences et les attendus semblent mal définis, imprécis et non maîtrisées par une bonne partie des enseignants des classes terminales. Les enseignants se cherchent, le doute s’installe chez certains. Les lycéens perçoivent cette incertitude grandissante, ce qui n’est pas pour leur donner un minimum de sérénité et d’assurance indispensable à moins d’un mois des épreuves écrites. Il en est ainsi quand une nouvelle réforme arrive au niveau du BAC.

Le BAC, un des derniers rituel de passage. Le BAC peut être considéré comme l’un, si ce n’est le dernier rituel de passage pour les jeunes français. Cela peut expliquer sa symbolique et l’importance qu’il prend dans la société française. Il marque un passage important dans la vie d’un jeune français.  Ce n’est pas sans poser question pour ceux et celles qui ne peuvent y accéder

Le BAC moyen d’évaluation de la qualité d’un lycée. Les résultats du BAC mettent les enseignants, les proviseurs et chefs d’établissement sous pression. C’est à l’aune des résultats au BAC, des % de réussite, des mentions obtenues que s’estiment en France la qualité d’un lycée. Et ce ne sont pas les différentes enquêtes et recherches en ce domaine qui changent cette représentation française ! C’est ainsi que la plupart des familles évaluent un lycée.

Une pensée dominante et erronée en matière de motivation : mettre la pression. Dans notre culture française à l’école comme dans le monde du travail, l’idée dominante est qu’il faut mettre la pression,  qu’il faut agir sur les peurs pour qu’une personne mobilise son énergie, se motive. Or, toutes les expériences, toutes les recherches, notre vécu quotidien montrent que c’est justement ce qu’il ne faut pas faire. Agir sur les peurs ne fait que bloquer le processus d’engagement et la pensée. Les sujets sous pression et dans la peur de l’échec ne sont pas dans des conditions favorables pour apprendre et réussir. Une certitude, ce n’est sous la peur que l’on donne le meilleur de soi et que l’on révèle son potentiel, sauf dans certaines situations de danger où il s’agit de se sauver ou de se protéger. Ce qui nous arrive très rarement dans une vie.

Pour dépasser ce constat, comment faire quand la peur et l’angoisse de l’échec dominent ? Dans la dernière ligne droite avant les épreuves écrites voici ce qu’il importe de faire pour mettre l’énergie là où il le faut et être à même de donner le meilleur de soi au moment des épreuves.

– Etre au clair sur son intention d’obtenir cet examen. C’est basique, mais c’est fondamental. Se poser la question : Est ce que j’ai la ferme intention de l’avoir ce BAC.

– Si le travail a été régulier toute l’année. Il importe de se dire et de savoir que ce qui est acquis et intégrer ne va pas disparaître du jour au lendemain.

– Si le travail minimum n’a pas été fourni tout au long de l’année. Il ne sert à rien de se lamenter, le passé est derrière et il est impossible de revenir en arrière. Il est temps de s’y mettre sans angoisse et d’être concentré sur ce qu’il y a à faire. Il s’agit de traiter les priorités et non de se mettre en état d’urgence.

– Il importe d’arriver en état de bien être physique et émotionnel au moment des épreuves. Il ne sert à rien d’enchaîner les heures de révision surtout en faisant des prolongations la nuit ! Comme un sportif de haut niveau, il importe d’avoir une hygiène de vie qui favorise l’état de bien être (alimentation, sommeil, activité, temps de calme, révision etc…).

– Il importe de ne pas écouter tous les discours qui activent la peur, qui mettent la pression. La peur est communicative, en conséquence essayer d’être le moins possible avec des personnes qui véhiculent cette peur, que ce soit des amis, des enseignants, des parents etc…Si la mise à distance n’est pas possible, demander à ces personnes de ne pas parler de cet examen et de profiter des bons moments passés ensemble.

– Se mettre au vert et réduire l’utilisation des outils de communication à distance (téléphone portable, temps passé sur les réseaux sociaux etc…). Il ne s’agit de s’isoler totalement, mais de se protéger des échanges qui vont activer les peurs. Il faut être capable de filtrer les communications.