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S’entretenir…se maintenir en « bonne » santé…vivre, en période de confinement !

Pour celles et ceux qui ne peuvent se rendre au travail ou dans les établissements scolaires, qui sont tenus à rester chez eux avec comme seule autorisation, celle de pouvoir sortir une heure/jour pour marcher, courir ; guette insidieusement la sédentarité, le laisser aller avec les conséquences néfaste pour la santé (bio-psycho-socio): surpoids, baisse des défenses immunitaires, déprime, lassitude, perte de motivation et d’engagement, repli sur soi, désocialisation etc…

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Le confinement est une situation stressante très forte qui n’est pas sans conséquence sur la santé globale, d’autant qu’elle est imposée, subie et non désirée par la plupart des personnes.  Elle est une  marque de privation de la liberté. C’est un enfermement imposé chez soi.

Alors que faire ? Comment maintenir, entretenir, voire développer cet état d’esprit d’engagement et cette dynamique de vie qui maintiennent nos défenses immunitaires à un haut niveau dans ce contexte d’enfermement ?

Voici quelques pistes concrètes et simples qui sont à adapter à chacun en fonction de son âge, de sa maturité de son parcours de vie et de ses aptitudes. Les valeurs en temps données sont relatives. Il importe que soient pratiquées, quotidiennement pour certaines et hebdomadairement pour d’autres, des situations proposées ci dessous.

1/ Pratiquer un ou plusieurs temps d’activité physique dans la journée.

C’est en développant une bonne condition physique que nous renforçons notre capacité de réponse immunitaire. C’est une des thérapies dont nous disposons actuellement et c’est la plus importante. Aussi en respectant les distances de sécurité (plus de 3 mètres) aller courir, marcher, prendre cette heure de sortie autorisée est nécessaire et vitale !

Dans l’idéal, trois temps d’activité physique quotidienne vont participer à lutter efficacement contre la sédentarité imposée par le confinement. Par exemple pour des enfants (plus de 7 ans), adolescents, jeunes et adultes :

– 20mn en début de matinée des étirements ou du yoga.  Nous trouvons sur internet (YouTube) une multitude de séances adaptées à tout un chacun.

– 20mn en fin de matinée des exercices plus toniques à base de gainage, d’ateliers dynamiques qui peuvent être réalisés chez soi. La fédération Française d’athlétisme entre autre a mis en ligne des séances type qui peuvent être réalisées par des enfants comme des adultes qui plus est de manière ludique. (voir le site de la FFA)

– de 20mn à 1h00 d’une activité dite d’endurance en extérieur en respectant les distances de sécurité, soit un effort plus long  continu sollicitant la filière aérobie, de la marche, de la course à pieds, une alternance de marche-course à pieds…La durée est fonction de  l’âge, des aptitudes initiales…Un principe de base ne pas être en essoufflement, rester en maîtrise ventilatoire.

Pour celles et ceux qui disposent d’un jardin, aller passer un moment dans le jardin, l’entretenir, se baisser, se relever, se déplacer participent de ces temps d’activité physique !

Un autre repère pour éviter les longs moments en position assise ou semi-allongée (canapé), toutes les heures se lever, marcher dans l’habitation faire quelques étirements. Ce qui est néfaste est la situation de rester sans bouger plusieurs heures !

2/ Pratiquer des temps de silence.

Cela peut paraître paradoxal en période de confinement de proposer cette activité et pourtant elle est indispensable à notre équilibre psychique. Nous avons besoin de calme, de silence. Le bruit est une des causes du stress si élevé de notre vie moderne ! « Nous savons aujourd’hui que lorsque nous favorisons le silence acoustique, mais aussi attentionnel, visuel ou méditatif, notre cerveau bascule dans un état particulier. C’est cette déconnexion qui l’aide à  se régénérer, à évacuer les toxines conduisant aux maladies neurovégétatives. Mieux le silence sous toutes ses formes est bénéfique pour la créativité, la mémorisation, voire la construction de notre « moi ». Michel Le Van Quyen – Voir Cerveau et silence.

Concrètement, il s’agit pendant un temps donné de ne pas parler, et si possible de couper toutes les sources de bruit dans l’habitation. Ce temps est défini au préalable. Cela peut aller de quelques minutes (1 à 3mn notamment avec des enfants) à plusieurs heures, voire une journée entière (par exemple pour des adultes une fois/mois, une journée en silence !).  A chacun de se définir ses objectifs en fonction du contexte de vie (nombre et âge des personnes vivant sous le même toit).

Pour les personnes habituées aux pratiques de contemplation, de pleine attention, de méditation, de zazen,  de sophrologie, de relaxation, vous pouvez profiter de ce temps  de silence pour pratiquer de vous mêmes sans guidance extérieure.

3/ Placer des temps de méditation, de cohérence cardiaque, de sophrologie, de yoga, de relaxation guidés dans votre journée.

Depuis plus de trente ans maintenant, nous connaissons et avons les preuves des effets bénéfiques de ces pratiques sur notre santé psychique, physique et sur nos défenses immunitaires (cf les travaux de E.Blackburn – Nobel de médecine 2009). Depuis moins d’une petite dizaine d’années en France, ces résultats et effets sont enfin  reconnus du grand public et de plus en plus recommandées par les milieux de la santé. Ce qui était considéré par méconnaissance culturelle comme des pratiques soit ésotériques, soit « farfelues », voire sectaires est maintenant valorisé ! Alors pourquoi s’en priver, d’autant que nous trouvons une multitude de supports via l’internet.

Nul besoin d’être un expert en méditation pour s’y mettre. Il suffit dans un premier temps de se programmer dans la journée des temps courts de quelques minutes en s’aidant d’une des multiples applications en accès libre.

Pour commencer la cohérence cardiaque est un bon support. Voici trois liens…

https://www.youtube.com/watch?v=22deFxgJF4Q – Classique

https://www.youtube.com/watch?v=BYPu_6nDU7o&t=169s – Pour Stressés

https://www.youtube.com/watch?v=0ShmcJo66Mc&t=45s – Pour enfant

Je ne vais pas recommander une pratique plus qu’une autre. Elles reposent sur les mêmes bases et ont à peu près les mêmes effets dans la durée. L’important, avoir une pratique régulière, comme pour l’activité physique ! Dans le contexte du confinement actuel, trois temps de 5mn/jour (pour les adultes) est une bonne base de départ. Pour les enfants en dessous de 10 ans, commencer par des temps plus courts(vous trouvez des applications pour les enfants). Cela peut se pratiquer en famille. Pour celles et ceux qui souhaitent des séances plus longues de plus de 5mn et jusqu’à 1h00, vous trouvez sur internet en accès libre des séances toutes faites. Pour donner quelques exemples parmi tant d’autres vous pouvez trouver sur internet, Clarisse Gardet, Christelle Ringeval, Marine Locatelli, Christophe André, Frédéric Lenoir, Fabrice Midal, Ilios Kitsous mais aussi Sofrocay, Petit Bambou, Yupsi le petit dragon, Calme et attentive comme une grenouille,  etc….

3/ Couper la télévision, les écrans et les infos.

Note époque est marquée au plan médiatique par des chaînes d’informations qui fonctionnent en continu et qui ressassent heure par heure, les mêmes nouvelles souvent défaitistes, démoralisantes parce que nous sommes attirées par ce type d’informations ! C’est ainsi.

Nous savons qu’en moyenne nous passons beaucoup de temps devant la télévision, et l’état de confinement va augmenter ce temps. Au delà de trois heures par jour pour les adultes et une heure pour les enfants, des effets néfastes ont été observés sur notre santé (augmentation de la sédentarité, obésité etc…). Le confinement augmente de fait ce temps devant les écrans et participe à un effet anxiogène accru via des informations communiquées en boucle.

S’en tenir à des temps courts d’infos.  Privilégier les émissions ou film provoquant de la joie, des rires.

Et pourquoi pas de temps en temps, la journée sans télé et sans écran !

4/ Savoir couper le smartphone et aussi l’exploiter pour le maintien du lien social.

Nous passons beaucoup de temps sur nos smartphones et ordinateur. En moyenne en France nous le consultons plus de 400 fois/jour !  Nous avons de plus en plus de mal à nous en détacher. Les effets néfastes sur la santé et sur nos capacités cognitives d’une sur-exploitation et sur-exposition à ces outils sont bien connus aujourd’hui. Voir à ce sujet les travaux de Manfred Spitzer (Ulm – Les ravages des écrans), ceux de Michel Desmurget (Lyon – Inserm – Les dangers des écrans pour nos enfants) et  l’ouvrage de Neil Postam (EU) Technopoly ou comment la technologie détruit la culture.

Il ne s’agit pas de ne pas utiliser ces outils qui nous permettent en cette période de confinement de maintenir le lien social déterminant à notre santé psychique et donc à augmenter nos défenses immunitaires.

Il s’agit de savoir s’en détacher quelques minutes, voire quelques heures, voire une journée. En tous les cas, ne pas le consulter durant la nuit ! A ce jour plus de 50% des français le consultent la nuit et perturbent ainsi leur sommeil.

5/ le sommeil ! déterminant….

Le confinement à la maison dérègle la vie sociale et agit sur nos rythmes. Certes certains et certaines peuvent bénéficier de temps de sommeil plus longs. C’est le cas notamment de tous les élèves de l’école au lycée qui n’ont plus à  se lever pour certains très tôt (parfois 5h30-6h00 du matin).

Il ne s’agit pas de reproduite les horaires de lever et de coucher du temps hors confinement. Mais surtout de maintenir une qualité et quantité de sommeil suffisants. L’occasion de retrouver le temps de sommeil nécessaire à notre équilibre. Nous avons perdu au fur et à mesure des années et depuis trente années des heures de sommeil. Or le sommeil est le premier facteur de la « bonne » santé !

6/ Oser l’esprit du débat philosophique (dés l’age de 5-6 ans).

Cette pratique de l’échange, du partage et du débat peut être exploitée dans le contexte familial. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit à partir d’un mot, d’un thème, d’une image, d’une lecture d’un texte court d’échanger suivant les principes suivants :

– Une personne parle à la fois.

– On n’émet pas de jugement de valeur.

– On peut demander la clarification d’une idée.

– On peut alimenter, enrichir une idée qui a été émise.

– On ne contredit pas l’idée d’une autre personne. Chaque personne a le droit de penser ce qu’elle pense. Ce n’est qu’une idée. Chaque personne a de bonnes raisons de penser ce qu’elle pense.

– Une conclusion peut être émise par chaque personne…ce que je retiens de ce moment.

A ne faire que dans un contexte familial apaisant. Il ne s’agit aucunement de vouloir avoir raison, de convaincre, mais de s’enrichir chacun par l’apport des idées des autres. C’est la construction de l’intelligence collective.

7/ Jouer !

C’est l’occasion de ressortir les jeux de cartes, de sociétés qui sont facteurs de lien social et affectif. Notre temporalité moderne a réduit ces temps de « jeu » qui ont pratiquement disparu de nos cadres de vie. Et pourtant ils sont porteurs d’une grande richesse et développent au delà du plaisir de jouer en lui même, l’acceptation des règles, l’acceptation de la frustration, le développement de la collaboration, le développement de l’intelligence globale.

8/ Partager chaque jour les bons moments vécus.

Nous avons tendance en tant qu’être humain à ne nous souvenir que des moments désagréables, et à les ressasser ! Ce qui est facteur de stress excessif (sur-stress). Cet état de stress constant et latent déclenché par des pensées négatives tournées vers le passé (regret, culpabilité) ou le futur (peur, angoisse) épuise l’organisme et fait chuter drastiquement nos défenses immunitaires. C’est en grande partie ce qui nous rend plus fragile face à la maladie.

Aussi, il importe de conscientiser, de mémoriser et de partager les bons moments vécus. On ne mesure pas combien cette simple démarche réalisée quotidiennement agit sur notre bien être intérieur et réduit notre niveau de stress latent !

Et maintenant, comment faire ?

Avant tout, accepter la situation sanitaire de confinement qui est la notre. Cet état d’acceptation va de fait réduire l’effet de mal être latent qui s’installe insidieusement et durablement. Ensuite,  à chacun de se fixer  ses propres objectifs et petits défis quotidiens et hebdomadaires qui vont permettre de se maintenir dans cette dynamique de vie qui permet de maintenir et renforcer naturellement nos défenses immunitaires.

Raymond Barbry le 17/04/2020

Recherches scientifiques et pratiques de pleine conscience

Pour ceux et celles qui veulent trouver des informations à caractère scientifiques au sujet des effets des pratiques de pleine conscience, voici une liste de sites intéressants.

Vu sur le Site de Marine, Catherine, Brigitte et Sylvie : les Mindful Mums  de l’association « Happy attention »

Pour les USA

UMASS, Center for Mindfulness USA, Jon Kabat-Zinn
http://www.umassmed.edu/cfm/index.aspx
Université de Pennsylvanie
http://www.pennmedicine.org/stress/
Kristin Neff
http://www.edb.utexas.edu/education/departments/edp/about/faculty/neff/

Pour le Royaume Uni


Center for mindfulness Research and practice – Bangor – UK
http://www.bangor.ac.uk/mindfulness/
The Oxford Mindfulness Center in Oxfor with Mark Williams – UK
http://oxfordmindfulness.org/

Pour la Belgique

Université Libre de Bruxelles
Formation Mindfulness
http://www.ulb.ac.be/

Pour la France

Université de Strasbourg
Dr. Jean-Gérard Bloch
http://www.pleineconscience-mindfulness.fr/?page_id=1290

Blog de Christophe André
http://psychoactif.blogspot.fr/

INSERM, Lyon
Jean-Philippe Lachaux et Antoine Lutz
Chercheurs en neurosciences
http://u821.lyon.inserm.fr/

Les découvertes en neurosciences transforment notre conception de l’apprentissage.

Mario Beauregard, ce chercheur en neurosciences de l’Université de Montréal nous explique  comment les avancées des neurosciences vont transformer notre manière de comprendre le cerveau et la conscience, et en quoi cela va faire évoluer notre manière de concevoir l’apprentissage tant pour les enfants que pour les adultes.

La plasticité cérébrale une donnée qui change notre manière de comprendre l’apprentissage. Il est possible d’apprendre à tout âge ! Voici ce qu’en dit ce chercheur : « Jusqu’aux années 1970-80, le dogme central en neurosciences, mais aussi en pédagogie et didactique  était que le cerveau adulte était une machine « câblée » de manière statique, sans capacité à se modifier et à produire de nouveaux neurones. Mais les études scientifiques qui menèrent à la découverte révolutionnaire de la neuroplasticité, ainsi que d’autres études remarquables, ont tout bonnement montré le contraire : le cerveau humain adulte est constamment en train de changer sa structure et sa fonction en créant de nouveaux neurones et de nouvelles connexions synaptiques, et en réorganisant les réseaux neuronaux existants ou en élaborant de nouveaux réseaux. Nous ne sommes guère coincés avec le cerveau

Court-circuiter la peur.

Des changements dans les pensées et les émotions ont le pouvoir de transformer le cerveau. Mario Beauregard et son équipe  ont entamé un travail de thérapie avec des personnes phobiques aux araignées afin de diminuer leurs peurs. En un mois de temps les résultats observés (aucune activation de la fonction hippocampique en situation habituelle de phobie) suggérèrent que les participants à cette recherche avaient fonctionnellement recâblés leur propre cerveau en seulement un mois.

La maîtrise mentale des émotions.

Il est notoirement reconnu, tant au plan des recherches scientifiques qu’au plan expérientiel,  que notre état émotionnel influence notre vision et compréhension des situations. Certaines émotions peuvent être destructrices, en effet, elles constituent l’une des causes majeures de la souffrance humaine. Heureusement nous pouvons apprendre volontairement à moduler nos réactions émotionnelles. Mario Beauregard conclut ainsi sur cette question : « Les résultats de nos études d’imagerie cérébrale suggèrent qu’il est effectivement possible d’influencer rapidement la chimie cérébrale relative aux émotions et à l’humeur, ainsi que les régions du cerveau impliquées dans les réactions émotionnelles. Si cela est possible, alors à quels résultats à long-terme peut-on advenir en entraînant notre esprit et notre cerveau ? Quelques neuroscientifiques curieux, parmi lesquels je me compte, ont pénétré sur ce sentier… »

Les effets bénéfiques d’un entraînement spécifique à l’attention-concentration par la méditation aussi appelée pleine conscience ou mindfulness.

Le concept de méditation fait référence à toute une gamme de techniques d’entraînement mental qui ont été développées à différentes fins, notamment pour favoriser l’équilibre émotionnel et le bien être.

C’est, notamment,  Matthieu Ricard qui a fait connaître en France les recherches menées en neurosciences sur la plasticité cérébrale et les effets des pratiques méditatives sur la conscience. Il a dés le début des années 2000 collaboré avec Richard Davidson (neuroscientifique). Les résultats montrent que plus on pratique, plus la neuroplasticité est importante, et les changements se concrétisent dans les comportements. C’est ainsi que les sujets qui pratiquent sont plus ouverts, plus attentifs et concentrés sur des tâches complexes, plus présents aux autres,  plus intuitifs et plus compatissants.

Conséquences dans les pratiques éducatives.

Nous savons maintenant que l’entraînement mental augmente les capacités cognitives, renforce l’activité des régions et des circuits cérébraux impliqués dans l’attention-concentration, mais aussi dans l’empathie, la compassion et le bien être émotionnel.Pour ce qui nous intéresse dans cet article, plus particulièrement en éducation et en formation, ce sont de nouvelles approches pédagogiques qui se dessinent. Elles n’ont rien de révolutionnaires et ont déjà été plus ou moins mises en oeuvre par des pédagogues illustres (Montessori, Decroly, De La Garanderie, Vittoz…). Force est de constater que ces approches restent encore à la marge. Le défi est de les généraliser à l’ensemble d’un système éducatif et de formation.

Pour en savoir plus,

Les neurosciences, la pleine conscience et la pédagogie.

C’est de cette question que j’ai débattu avec une équipe d’enseignants et d’éducateurs d’un collège du sud de la France. La demande précise portait sur : Comment aider les élèves à s’engager dans les apprentissages ? (sous titre : en quoi les découvertes récentes des neurosciences peuvent aider les pédagogues ?).

1. Quelques éléments de connaissance sur les avancées de ces vingt dernières années en neuro sciences.

La neuroplasticité ou comment changer notre cerveau par la pensée. Notre cerveau produit nos pensées, nos émotions, notre conscience. Notre cerveau produit notre esprit. En retour notre esprit va aussi façonner notre cerveau, le modifier biologiquement. La neuroplasticité est cette capacité de notre matière cérébrale à changer sous l’effet de nos pensées, de nos efforts répétés et de nos apprentissages.

Quand l’esprit change, notre cerveau change. Même de simples pensées et sentiments fugaces laissent des traces durables dans le cerveau. Tout ce qui traverse l’esprit sculpte le cerveau. L’esprit est le fruit du cerveau, du corps, du monde naturel et de la culture humaine et de l’esprit lui même! Esprit et cerveau interagissent en continue. Nous pouvons les voir comme un système unique et codépendant.

Le cerveau fonctionne comme un système global, vouloir attribuer certaines fonctions (attention, émotion..) à une seule de ses parties est une vision simplificatrice.

Les activités de développement de la pleine conscience modifient les zones du cerveau qui sont le soubassement de l’activité intellectuelle. Les exercices réguliers de pleine conscience entraînent une meilleure irrigation du cerveau ce qui conduit à une mobilisation de la cognition facilitée et à une moindre fatigabilité. La réflexion est plus fluide. La vitesse de traitement des informations est plus rapide et donc le fonctionnement intellectuel est plus efficace. Or, pendant les temps de pratique de pleine conscience, il ne s’agit pas de faire marcher son intellect. Tout en étant en mode “off” le cerveau évolue, se modifie, se restructure. En conséquence prendre du temps pour se poser et pratiquer des exercices de pleine conscience, c’est permettre au cerveau d’optimiser ce temps. C’est dans ces moments là que toutes les zones du cerveau se synchronisent, tous les circuits s’activent. C’est dans ces moments qu’émergent alors les solutions à des problèmes que l’on pensait insoluble.

Le penchant négatif de la mémoire. Notre cerveau scanne, enregistre, stocke et se rappelle de préférence les expériences désagréables. Il agit comme du velcro sur les expériences négatives et comme du téflon pour les expériences positives.

On mesure alors l’importance des petits gestes quotidiens positifs qui peuvent avec le temps entraîner de grands changements. Ce sont ces petits gestes, pensées et actions qui génèrent de nouvelles structures neuronales.

Les neurones “miroirs”et les phénomènes de résonance dans le quotidien. Pourquoi je ressens ce que tu ressens. Une découverte récente a mis en valeur le rôle joué par certains neurones, appelés dés lors, neurones miroirs. Le fait d’observer les actions des autres convoqueraient les neurones “miroir” de l’observateur. Par conséquent, une observation déclenche chez une personne une stimulation interne. Ce serait comme un simulateur de vol, tout est comme dans le ciel, même les sensations de vertige…sauf que l’on ne vole pas vraiment. C’est ainsi que l’on peut comprendre sans réfléchir et spontanément ce que l’autre fait.

La peur, le surstress sont contreproductifs en matière d’apprentissage et d’engagement. La peur, la tension, le surtsress réduisent massivement les taux de signaux des neurones miroirs. La capacité d’empathie, de comprendre les autres et de percevoir les subtilités se déconnecte. Les neurosciences confirment tous les travaux en psychologie et ce que nous apprenons de nos expériences. Mettre des sujets en état de peur ou en état de surstress est contreproductif en matière d’engagement et d’apprentissage. On n’enseigne pas par la peur, tout comme on ne manage pas par la peur.

Le risque d’une consommation excessive des nouvelles technologies, télévision, jeux vidéo, PC etc…Les enquêtes récentes montrent un lien proportionnel entre les difficultés d’attention, le niveau de violence et la quantité de consommation de télévision, de jeux vidéo. Du point de vue neurobiologique, la relation est évidente. Le cerveau-esprit est un système qui apprend en permanence et est en “ébullition” lorsqu’il s’agit de présentation excitante, explosive et violente. Ce que nous apprend la recherche sur les neurones “miroirs” est que ce que nous voyons est enregistré et code les programmes de nos propres possibilités d’action.

Notre cerveau s’adapte aux nouvelles technologies du toujours plus et du toujours plus vite. Les enfants et les jeunes zappent de plus en plus avec pour conséquence une difficulté majeure à rester attentif à ce qui est fait. Ils passent très vite, voire trop vite à autre chose. Ils sont dans le multi-tâche sans concentration.

Par les pratiques de pleine conscience nous apprenons à passer d’une tâche à l’autre tout en maintenant une attention soutenue. Une tâche après l’autre à fond.

Il est d’autant plus nécessaire de développer l’attention-concentration et de résister au zapping attentionnel qu’il est reconnu que 20% des enfants à l’école présentent un trouble de l’attention conséquent appelé “syndrome de déficit d’attention”. Pour 50% d’entre eux ce syndrome est combiné à une hyperactivité, soit 10% de la population scolaire !

Un enfant ne fonctionne pas comme un ordinateur ! Il n’y a pas non plus chez l’enfant de programmes génétiques qui régleraient les situations. Ce que les gènes fournissent est un équipement de base neurologique. Ce dernier ne s’active pas de lui même. Le déploiement de l’équipement neurobiologique de base n’est possible que dans le cadre de relations inter humaines.

Les neurosciences confirment ce que les pédagogues avaient trouvé par l’observation des enfants et des jeunes. Il n’y a pas une manière d’apprendre..mais de multiples. Les pédagogues tels que A.De Lagaranderie, Feuerstein, Pestalozzi etc…avaient bien identifié ce qui favorisaient l’engagement et la réussite dans les apprentissages.

2. Des principes pédagogiques qui peuvent être intégrés dans les pratiques professionnelles. A ce titre, les neurosciences ne font que confirmer ce que nous savions déjà..mais qui ne se généralise et ne se systématise pas encore dans les pratiques professionnelles.

  • Mettre du rythme dans la semaine, la journée et le temps de cours. Mettre du rythme ne signifie pas d’alimenter le toujours plus vite qui gagne nos différents temps de vie. L’école se doit d’être un lieu où alterneront des temps forts et des temps de calme, de respiration. Que ce soit la semaine, la journée, le temps de cours, c’est à l’intérieur de chacun de ces espaces/temps que le rythme s’inscrit. Par exemple, sur une heure de cours il peut s’envisager un début de quelques minutes d’exercice de pleine conscience (se centrer sur les sons ou sa respiration en position assise). Un même temps peut être reproduit à la fin du cours en demandant aux élèves de faire un feedback sur le cours. Dans le temps de cours proprement dit il est bon d’alterner des temps avec une centration sur une tâche pendant une dizaine de minutes (les élèves sont en action), l’enseignant observe, se tait et n’intervient pas. Les temps d’apports de l’enseignant se doivent d’être brefs et synthétiques. Une expérience à mener pour l’enseignant, chronométrer sont temps de paroles sur une heure de cours et faire de même pour le temps d’action des élèves.
  • Créer les conditions d’une relation positive entre enseignants et élèves. Être enseignant c’est autant que faire se peut mettre en place un climat relationnel favorable à l’engament des élèves. Les élèves doivent pouvoir se sentir en sécurité dans la classe. Cela implique de la part des élèves l’intégration d’une posture que nous appelons “métier d’élèves”.
  • Proposer, voire imposer, des temps de silence courts. Des temps de pause en silence de quelques secondes à une minute peuvent être imposées, c’est ce qui favorise la réflexion.
  • En classe, prendre de la distance avec la préparation et être présent à ce qui se passe. Tous les enseignants savent que le piège d’une préparation est de vouloir s’y accrocher. La préparation n’est qu’un cadre qui a permis d’anticiper le cours. Elle n’est pas une fin en soi. Ce qui importe c’est d’être présent au groupe classe dans le temps pédagogique et d’adapter la préparation à ce que se vit en temps réel. C’est cela l’expérience professionnelle. Il faut savoir oser l’improvisation !
  • Expliciter les liens entre les différents champs de connaissance. Les élèves, comme les enseignants du reste, ont une tendance au cloisonnement entre les disciplines. L’organisation du temps scolaire (en second degré), le découpage disciplinaire induisent cette séparation. Faire les liens entre les disciplines ne va pas de soi, et ne se fait pas spontanément, même pour les enseignants. C’est une des missions de l’enseignant de faire prendre conscience aux élèves de la mise en réseau des connaissances. Notre cerveau fonctionne en réseau et en lien.
  • Varier les supports pédagogiques (médias), les approches, les présentations. C’est une évidence qui là aussi ne va pas de soi. Les outils existent suffisamment en ce domaine. Les nouvelles technologies ont permis une multiplication des supports, encore faut il amener de la variété et savoir passer du TBI au tableau blanc classique, du logiciel dernier “cri” au papier crayon !
  • Varier les formes d’apprentissages. La démonstration n’est pas à renier. Elle est une des méthodes au même titre que les autres (tâtonnement, coopération, résolution de problème…). D’un point de vue neurobiologique les principes pédagogiques qui sont orientés vers un enseignement pratique méritent d’être soutenus. Le cerveau emmagasine de manière optimale quand il lui est offert en même temps des actions pratiques, proches de la vie. Les deux phases de l’enseignement-apprentissage sont judicieuses : l’introduction et les explications fournies par l’enseignant de l’objet d’apprentissage ; puis la possibilité de reproduire soi-même les éléments expliqués et présentés dans un contexte d’applications axées sur le monde expérimental des élèves. En revanche, au point de vue neurologique il n’est pas pertinent de faire élaborer par des groupes d’élèves, de façon autonome, un élément théorique nouveau et inconnu jusqu’alors. Pour que la majorité des élèves assimilent plus facilement, il est nécessaire d’avoir recours à toutes les activités sensorielles possibles, le fameux “apprendre avec le tête, le cœur et les mains” de Pestalozzi.
  • Éduquer et former les enfants et les adolescents à la connaissance de soi et au développement de l’intelligence émotionnelle. Le déficit de compétence sociale, les problèmes de santé mentale et les troubles du comportement sont destructeurs pour les jeunes. Ils sont exposés dans une mesure croissante à la violence entre jeunes. La situation désolante de certains adolescents fait qu’il devient impossible pour certains enseignants d’établir avec eux une relation favorable à l’engagement. L’école se voit confronter aujourd’hui à des enfants et des adolescents qui ont un handicap dans le domaine de la sympathie et de l’empathie. Le déficit d’empathie est un déficit de réflexion. En situations conflictuelles on en arrive très vite à l’emploi de violence parce que ces jeunes ne reconnaissent pas que les limites sont atteintes. Il existe des programmes qui visent à développer les compétences relationnelles.
  • Une évaluation qui donne de la valeur. Ce domaine est sensible. Et dans le contexte français nous avons des difficultés à trancher, note ou pas note ! Il importe d’amener l’élève à identifier ce qu’il sait, à conscientiser les acquisitions, compétences et ressources dont il dispose. Au même titre qu’il est nécessaire de faire prendre conscience des erreurs, sans toutefois mettre en route le système dévalorisation. Cela implique de sortir dans le cadre de l’évaluation scolaire de la logique compétitive comparative. C’est un vrai défi posé à notre système français.
  • Encourager les expériences positives. Il ne s’agit pas d’éliminer les expériences négatives. Quand elles se produisent, elles se produisent, on ne peut pas les effacer. Par contre en matière d’éducation et de formation il importe d’encourager les expériences positives. Ce qui ne signifie pas de proposer des situations faciles, sans défi. Bien au contrainte, les situations doivent poser de la difficulté. Soyez attentifs aux événements gratifiants…apprenez les élèves à ressentir l’expérience, à intérioriser en soi ces expériences et plus particulièrement quand le jeune résout une situation difficile.
  • S’interdire les jugements de valeur et les avis définitifs sur le devenir d’une personne. Il s’agit d’appliquer la posture éthique de toute personne intervenant dans le cadre des métiers de l’humain (enseignement, éducation, santé, social). Tout être humain dispose en lui d’un potentiel extraordinaire dont il n’a même pas conscience. Le rôle de l’enseignement-apprentissage, au delà des acquisitions de savoirs et de compétences, est de permettre la conscientisation des potentialités de chacun. C’est un vrai défi éducatif !

Un préalable à ces principes : l’enseignant sera d’autant plus efficient, qu’il tendra à s’appliquer à lui même une posture qui se déclinerait concrètement ainsi :

  • Avoir une attitude d’ouverture et de questionnement. c’est intégrer cette plasticité cérébrale dans une manière d’être.
  • Avoir une pratique personnelle d’introspection  ou de pleine conscience.
  • Avoir des temps d’échanges entre pairs en dehors de tout lien hiérachique.