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Réouverture des écoles… Vigilance quant au sur-stress, ou comment faire avec les peurs et ne pas sur-ajouter ?

Dans cette crise, nombre de personnes ont ressenti, ressentent et ressentiront pour le moins, du stress, de l’inquiétude, puis de l’angoisse, et voire de l’anxiété. Un sondage sorti ce vendredi en France estime que 41% des français sont en état de mal être et d’angoisse quant à cette phase de confinement et sa sortie. Les peurs sont là, bien présentes : peur du covid, peur de la crise économique, peur d’une crise politique majeure, peur des changements climatiques et surtout la peur de l’incontrôlable, de l’imprévisible et de l’incertitude.

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Concernant les établissements scolaires la France a fait le choix de la réouverture progressive dés le 11 mai en fonction des niveaux et des régions. D’autres pays ont pris la décision de clore l’année scolaire 2019/2020 et de reprendre à la rentrée de septembre. A chacun et chacune de se positionner, d’autant que les parents ne sont pas tenus de remettre leurs enfants. La possibilité de la continuité pédagogique reste de mise. Le cadre des conditions de réouverture des établissements est drastique (cf le document du MEN) et questionne fortement les enseignants quant à sa mise en œuvre concrète. Les semaines qui viennent nous éclairerons quant à la faisabilité !

Une reprise à nulle autre pareille !

Au delà du cadre qui pose les conditions de reprise et qui marque une rupture totale avec les conditions normales de classe à jamais connues à ce jour (distanciation, nombre d’élèves, restriction des activités collaboratives, conditions sanitaires….),  les chefs d’établissements, les enseignants et le personnel éducatif auront à faire en sorte que les élèves qui reprendront se sentent au mieux dans les classes et l’établissement. Mais comment faire ? Comment faire preuve de la sérénité nécessaire dans un contexte sociétal anxiogène qui impacte aussi les adultes en charge d’éducation dans l’école ? Comment faire en sorte  que, malgré toutes les contraintes, les enfants et les jeunes se sentent dans un espace sécuritaire et bienveillant ?

Les conséquences sur les enfants, les adolescents du confinement et de la pandémie.. (document issu de l’Académie de Lille)

Au plan scolaire :

  • le décrochage et les difficultés en lien avec l’absence ou l’insuffisance d’aides, d’accompagnement, d’accès au numérique.
  •  le peu ou pas d’accompagnement spécifique pour les enfants présentant des troubles d’apprentissages.

Au plan physique : 

  •  la fatigue en lien avec à la surexposition aux écrans.
  • la dérégulation du rythme veille/sommeil.
  • l’apparition ou aggravation de la surcharge pondérale et de l’obésité (grignotage, sédentarité, absence d’activité physique).
  • l’amaigrissement et carences alimentaires dues aux difficultés financières des familles.
  • les conduites addictives (écrans, produits).
  • les interruptions des soins médicaux et de rééducation (dentaires, dermato, orthophonistes…).
  • la négligence et/ou interruption des suivis et prises en charge des maladies chroniques.
  • la maltraitance physique.

Au plan psychique, les répercussions psychiques des épidémies et des confinements sont connus en voici les principales :

  • la peur d’être contaminé, de mourir et de contaminer les autres.
  • l’ isolement social qui entraîne frustration, ennui, solitude non désirée.
  • la durée du confinement et l’incertitude quant aux suites.
  • l’angoisse, les phobies (microbes), les obsessions et toc (nettoyage des mains), les troubles du sommeil, la perte de l’appétit, la fatigue et l’irritabilité, les troubles de l’attention, la morosité voire la dépression.
  • le syndrome du stress post traumatique (inscription dans la durée), perte des routines structurantes de l’école, les parents anxieux et moins protecteurs rendent les enfants vulnérables.
  • le confinement a mis un arrêt à certains suivis psychologiques.
  • le contexte de pandémie peut réactiver des événements de la vie antérieure telles que, la maladie, la mort.
  • le renforcement d’autres problématiques, cyberharcèlement, maltraitance, violences conjugales.

Une société de la Peur !

Cette crise pandémique mondiale n’a fait que raviver les peurs et la Grande Peur de l’être humain, celle de la mort qui est tue et cachée dans notre modèle matérialiste et consumériste qui nous a conditionnés à tout vouloir contrôler ! Cette pandémie nous rappelle cette réalité fondamentale, la vie, la mort ne se contrôlent pas. L’imprévisible et l’incertitude restent de mise ! Notre modernité immature refusent que les choses viennent d’ailleurs, de l’autre, des autres, ce que Lacan dénommait le grand « Autre ». Elle veut que tout vienne d’elle ! Le transhumanisme est la concrétisation et la forme abouties de cette immaturité.

Cette peur commentée à longueur de journée et alimentée par la plupart des médias s’est décuplée ces dernières semaines. Elle laisse entrevoir un monde de contrôle, de surveillance, de prévention et de sécurité qui  envahit tout et en devient excessif et maladif ! Cette peur ne tolère plus la vie avec ses aléas, ses épreuves, ses confrontations, ses échecs,  dévitalise les êtres humains, les rend frileux, peureux, méfiants, anxieux, hagards, tristes, exsangues , aigris…

Comme le souligne avec force Marie de Hennezel et Bertand Vergely (in une vie pour se mettre au monde) l’être humain a une vocation, celle de devenir. Devenir signifie que l’homme a un avenir. Il a comme vocation la vie. De plus en plus de vie !

Relativiser et remettre à sa juste place cette crise sanitaire !

Certes cette pandémie du covid 19 a quelque chose de dramatique. Il suffit d’entendre les témoignages des personnels de santé de réanimation ou ceux des personnes atteintes du covid qui en sont sorties. Mais est-ce que nous n’en faisons pas trop dans la dramaturgie ?

Je partage le point de vue d’André Comte-Sponville  qui nous met en garde contre la tentation de faire de la santé une valeur suprême au delà de toutes les autres et aux dépens de la justice et de la liberté. « Je respecte strictement le confinement, mais ça ne veut pas dire qu’on doit entrer dans ces discours qu’on entend sans arrêt à la télévision ».

De quelques rappels :  depuis le début de la pandémie, des crises graves comme la guerre en Syrie et le réchauffement climatique sont absentes des informations. « Tous les ans, 9 millions de gens meurent de malnutrition, dont 3 millions d’enfants dans le monde. Neuf millions de morts, c’est quand même plus grave que les 270 000 morts actuels de la COVID-19! ».

Par-dessus tout, les médecins ont pris le pouvoir dans nos sociétés, ce qu’on appelle le « panmédicalisme », soit de « faire de la santé la valeur suprême, et donc soumettre toute notre vie, nos sociétés,  à l’unique exigence   de la médecine ».

L’interview complet de A.Comte-Sponville sur radio canada : https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/bien-entendu/segments/entrevue/168386/andre-comte-sponville-philosophe-sante-medecins-covid-19?fbclid=IwAR0iJ1snDd61x0-ES55n6FCNpduwqwnKMdPlid6CBwwxWsNyKA_GBCvnUsA

Alors quoi faire ? Comment se positionner ? Comment ne pas sur-ajouter du stress à l’état d’angoisse latent ?

D’abord travailler ses propres peurs d’adultes, les conscientiser, les accepter (cf l’article précédent : https://agepsraymondbarbry.wordpress.com/2020/05/03/reouverture-des-ecoles-faire-temporairement-son-deuil-de-la-pedagogie/).

Ensuite être, autant que faire ce peut, en confiance en soi et dans l’équipe. Nous connaissons par l’expérience et par les recherches, le phénomène de contagion émotionnelle. Il s’agit de l’influence inter-relationnelle des émotions et des effets sur la dynamique collective. Cette influence joue dans les deux sens, négatif comme positif. Cette contagion émotionnelle, par son influence directe sur les émotions, les jugements et les comportements des adultes comme des enfants et des jeunes, peut provoquer des effets d’entraînement subtils et cependant importants dans les groupes, les classes et les établissements. Plus nous serons dans l’angoisse et plus cette dernière va se répandre. Plus nous serons dans le calme et plus ce dernier gagnera ! C’est d’abord et avant tout une posture intérieure qui s’entretient par la conscience que nous avons de nos pensées, de nos émotions.

Enfin travailler les priorités pédagogiques qui ne peuvent être celles d’avant la crise. Cela paraît évident..mais encore faut-il le rappeler ! Ce qui va prévaloir durant ces deux mois et peut être même certainement à la rentrée de septembre ce sont les compétences dites psycho-sociales. Faire en sorte que les enfants, les jeunes et les adultes vont élaborer du sens à ce qui arrive dans une appropriation collective.

Et qu’en sera-t-il de l’accompagnement des équipes éducatives durant cette fin d’année scolaire ? Depuis le début du confinement les enseignants, les chefs d’établissements, les CPE et l’ensemble du personnel éducatif ont déployé beaucoup d’énergie dans la continuité pédagogique. La reprise avec le cadre sanitaire va provoquer une tension supplémentaire, d’autant que nous n’avons aucune expérience en la matière ! Souhaitons que les tutelles, les hiérarchies seront à la hauteur de l’accompagnement. Il en va de la santé mentale des équipes éducatives.

Raymond Barbry le 9 mai 2020.

 

Déconfinement et réouverture des établissements scolaires, et si on faisait confiance aux enseignants, aux personnels et aux chefs d’établissement !

La date du déconfinement est posée au 11 mai en France. Il se fera nous dit-on de manière progressive. Les établissements scolaires vont ré-ouvrir peu à peu à partir de cette date. Ici et là dans les médias, via les informations qui filtrent du ministère, des rectorats ou de différents experts en santé publique, un cadre semble émergé.

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La question ici n’est pas de savoir s’il est pertinent ou non de ré-ouvrir les établissements scolaires ou d’attendre la rentrée de septembre. Les avis entre les différents pays qui ont confinés divergent à ce sujet. De même que je ne pose pas la question des contenus des quelques jours de classe en réel présentiel qu’auront effectivement les élèves entre mi-mai et fin juin (si peu en fait !).  Ni même, quelles sont les motivations premières à la ré-ouverture :  la reprise économique, la lutte contre le décrochage, le maintien du lien entre l’école comme lieu de construction du lien social et les familles, la poursuite des programmes… ? Peut être un peu de tout cela à la fois !

Qu’est ce que nous devrions attendre des dirigeants, du gouvernement, des experts en santé publique au sujet de cette ré-ouverture ?

Nous attendons qu’ils puissent poser des cadres qui ont été travaillés, discutés, critiqués en amont de leur publication avec les différents partenaires de l’école (représentations professionnelles, syndicales, associatives…). C’est de l’intelligence collective et de la démocratie en acte. Dans un contexte de crise, les solutions les plus pertinentes émergent de l’échange, du débat, de la confrontation des idées, c’est mettre en œuvre concrètement cette intelligence collective qui va faire penser « out of the box ».

Un dirigeant se doit d’être un expert en intelligence collective !

Une posture qui se définit ainsi :

  • Faire prévaloir le fond sur la forme.
  • Se fier au travail et à la probité intellectuelle plutôt qu’aux apparences et à la réputation.
  • Se risquer à la vraie réflexion plutôt que de s’abandonner aux fausses sécurités des procédures.

Le cadre se doit de libérer les initiatives et permettre la réalisation sur le terrain des possibles. Il n’y a que les acteurs du terrain, ici en l’occurrence celles et ceux qui travaillent dans les établissements scolaires qui pourront nous dire ce qu’il est judicieux et possible de faire au regard du contexte (locaux, espace, situation géographique, type d’établissement, personnes disponibles, nombre d’élèves etc….). La réalité d’un établissement n’est pas celle d’un autre. Il suffit d’en visiter plusieurs pour se rendre compte de la diversité.  Ce qui pourra être mis en œuvre dans l’un, sera tout bonnement impossible dans l’autre !

Qu’en est-il de la parole des enseignants, du personnel et des chefs d’établissement dans l’espace institutionnel, politique et médiatique?

Actuellement on pourrait dire pas grand chose ! Ils sont pourtant les mieux placés pour dire ce qu’il est préférable, judicieux, pertinent de faire.  Et ils sont capables, à condition de le permettre, d’inventer, d’imaginer et de donner du sens au comment faire !

Le mal français, la logique descendante des « sachants-décideurs » qui imposent aux « faisants-acteurs ».

C’est le problème majeur ! Et plus particulièrement, chez nous en France, cette incapacité des dirigeants et des cadres intermédiaires de prendre en compte l’avis de celles et ceux qui font !

Nous avons un problème dans la formation de nos dirigeants de tous les niveaux hiérarchiques. Ils sont conditionnés et formatés à être des « sachants » qui décident pour les « faisants ». Logique pyramidale et descendante. C’est très profond et inscrit dans notre culture et notre système d’éducation et de formation. Quand E.Macron a osé parler des premiers de cordée, il a explicitement fait référence à cette vision et conception du management, des décideurs, des « sachants »…et l’incapacité à écouter ce que les « faisants » (les acteurs du quotidien) font et disent de leur pratique, vécu.

Dans cette crise qui impacte tous les niveaux de notre société, nous voyons bien que les « authentiques » premiers de cordée ne sont pas les « sachants » mais les « faisants » du quotidien.  Il en est de même dans l’école. Les mieux placés pour dire ce qu’il est préférable de faire, ce sont celles et ceux qui au quotidien sont dans les établissements, dans les classes, au contact des enfants, des ados, des jeunes, des parents.

Les responsables institutionnels et politiques (du ministre, au conseiller du ministre, au recteur, à l’inspecteur d’académie, au secrétaire général de EC, au directeur diocésain, aux maires, aux conseillers départementaux et régionaux) devraient être là en cette période de crise pour aider, accompagner et donner les moyens de l’action à celles et ceux qui sont sur le terrain.

Et d’abord pouvoir dire et partager explicitement ce qui est prioritaire pour la santé et le maintien du lien social. Il en va de notre devenir.

Raymond Barbry, le 27 avril 2020

 

S’entretenir…se maintenir en « bonne » santé…vivre, en période de confinement !

Pour celles et ceux qui ne peuvent se rendre au travail ou dans les établissements scolaires, qui sont tenus à rester chez eux avec comme seule autorisation, celle de pouvoir sortir une heure/jour pour marcher, courir ; guette insidieusement la sédentarité, le laisser aller avec les conséquences néfaste pour la santé (bio-psycho-socio): surpoids, baisse des défenses immunitaires, déprime, lassitude, perte de motivation et d’engagement, repli sur soi, désocialisation etc…

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Le confinement est une situation stressante très forte qui n’est pas sans conséquence sur la santé globale, d’autant qu’elle est imposée, subie et non désirée par la plupart des personnes.  Elle est une  marque de privation de la liberté. C’est un enfermement imposé chez soi.

Alors que faire ? Comment maintenir, entretenir, voire développer cet état d’esprit d’engagement et cette dynamique de vie qui maintiennent nos défenses immunitaires à un haut niveau dans ce contexte d’enfermement ?

Voici quelques pistes concrètes et simples qui sont à adapter à chacun en fonction de son âge, de sa maturité de son parcours de vie et de ses aptitudes. Les valeurs en temps données sont relatives. Il importe que soient pratiquées, quotidiennement pour certaines et hebdomadairement pour d’autres, des situations proposées ci dessous.

1/ Pratiquer un ou plusieurs temps d’activité physique dans la journée.

C’est en développant une bonne condition physique que nous renforçons notre capacité de réponse immunitaire. C’est une des thérapies dont nous disposons actuellement et c’est la plus importante. Aussi en respectant les distances de sécurité (plus de 3 mètres) aller courir, marcher, prendre cette heure de sortie autorisée est nécessaire et vitale !

Dans l’idéal, trois temps d’activité physique quotidienne vont participer à lutter efficacement contre la sédentarité imposée par le confinement. Par exemple pour des enfants (plus de 7 ans), adolescents, jeunes et adultes :

– 20mn en début de matinée des étirements ou du yoga.  Nous trouvons sur internet (YouTube) une multitude de séances adaptées à tout un chacun.

– 20mn en fin de matinée des exercices plus toniques à base de gainage, d’ateliers dynamiques qui peuvent être réalisés chez soi. La fédération Française d’athlétisme entre autre a mis en ligne des séances type qui peuvent être réalisées par des enfants comme des adultes qui plus est de manière ludique. (voir le site de la FFA)

– de 20mn à 1h00 d’une activité dite d’endurance en extérieur en respectant les distances de sécurité, soit un effort plus long  continu sollicitant la filière aérobie, de la marche, de la course à pieds, une alternance de marche-course à pieds…La durée est fonction de  l’âge, des aptitudes initiales…Un principe de base ne pas être en essoufflement, rester en maîtrise ventilatoire.

Pour celles et ceux qui disposent d’un jardin, aller passer un moment dans le jardin, l’entretenir, se baisser, se relever, se déplacer participent de ces temps d’activité physique !

Un autre repère pour éviter les longs moments en position assise ou semi-allongée (canapé), toutes les heures se lever, marcher dans l’habitation faire quelques étirements. Ce qui est néfaste est la situation de rester sans bouger plusieurs heures !

2/ Pratiquer des temps de silence.

Cela peut paraître paradoxal en période de confinement de proposer cette activité et pourtant elle est indispensable à notre équilibre psychique. Nous avons besoin de calme, de silence. Le bruit est une des causes du stress si élevé de notre vie moderne ! « Nous savons aujourd’hui que lorsque nous favorisons le silence acoustique, mais aussi attentionnel, visuel ou méditatif, notre cerveau bascule dans un état particulier. C’est cette déconnexion qui l’aide à  se régénérer, à évacuer les toxines conduisant aux maladies neurovégétatives. Mieux le silence sous toutes ses formes est bénéfique pour la créativité, la mémorisation, voire la construction de notre « moi ». Michel Le Van Quyen – Voir Cerveau et silence.

Concrètement, il s’agit pendant un temps donné de ne pas parler, et si possible de couper toutes les sources de bruit dans l’habitation. Ce temps est défini au préalable. Cela peut aller de quelques minutes (1 à 3mn notamment avec des enfants) à plusieurs heures, voire une journée entière (par exemple pour des adultes une fois/mois, une journée en silence !).  A chacun de se définir ses objectifs en fonction du contexte de vie (nombre et âge des personnes vivant sous le même toit).

Pour les personnes habituées aux pratiques de contemplation, de pleine attention, de méditation, de zazen,  de sophrologie, de relaxation, vous pouvez profiter de ce temps  de silence pour pratiquer de vous mêmes sans guidance extérieure.

3/ Placer des temps de méditation, de cohérence cardiaque, de sophrologie, de yoga, de relaxation guidés dans votre journée.

Depuis plus de trente ans maintenant, nous connaissons et avons les preuves des effets bénéfiques de ces pratiques sur notre santé psychique, physique et sur nos défenses immunitaires (cf les travaux de E.Blackburn – Nobel de médecine 2009). Depuis moins d’une petite dizaine d’années en France, ces résultats et effets sont enfin  reconnus du grand public et de plus en plus recommandées par les milieux de la santé. Ce qui était considéré par méconnaissance culturelle comme des pratiques soit ésotériques, soit « farfelues », voire sectaires est maintenant valorisé ! Alors pourquoi s’en priver, d’autant que nous trouvons une multitude de supports via l’internet.

Nul besoin d’être un expert en méditation pour s’y mettre. Il suffit dans un premier temps de se programmer dans la journée des temps courts de quelques minutes en s’aidant d’une des multiples applications en accès libre.

Pour commencer la cohérence cardiaque est un bon support. Voici trois liens…

https://www.youtube.com/watch?v=22deFxgJF4Q – Classique

https://www.youtube.com/watch?v=BYPu_6nDU7o&t=169s – Pour Stressés

https://www.youtube.com/watch?v=0ShmcJo66Mc&t=45s – Pour enfant

Je ne vais pas recommander une pratique plus qu’une autre. Elles reposent sur les mêmes bases et ont à peu près les mêmes effets dans la durée. L’important, avoir une pratique régulière, comme pour l’activité physique ! Dans le contexte du confinement actuel, trois temps de 5mn/jour (pour les adultes) est une bonne base de départ. Pour les enfants en dessous de 10 ans, commencer par des temps plus courts(vous trouvez des applications pour les enfants). Cela peut se pratiquer en famille. Pour celles et ceux qui souhaitent des séances plus longues de plus de 5mn et jusqu’à 1h00, vous trouvez sur internet en accès libre des séances toutes faites. Pour donner quelques exemples parmi tant d’autres vous pouvez trouver sur internet, Clarisse Gardet, Christelle Ringeval, Marine Locatelli, Christophe André, Frédéric Lenoir, Fabrice Midal, Ilios Kitsous mais aussi Sofrocay, Petit Bambou, Yupsi le petit dragon, Calme et attentive comme une grenouille,  etc….

3/ Couper la télévision, les écrans et les infos.

Note époque est marquée au plan médiatique par des chaînes d’informations qui fonctionnent en continu et qui ressassent heure par heure, les mêmes nouvelles souvent défaitistes, démoralisantes parce que nous sommes attirées par ce type d’informations ! C’est ainsi.

Nous savons qu’en moyenne nous passons beaucoup de temps devant la télévision, et l’état de confinement va augmenter ce temps. Au delà de trois heures par jour pour les adultes et une heure pour les enfants, des effets néfastes ont été observés sur notre santé (augmentation de la sédentarité, obésité etc…). Le confinement augmente de fait ce temps devant les écrans et participe à un effet anxiogène accru via des informations communiquées en boucle.

S’en tenir à des temps courts d’infos.  Privilégier les émissions ou film provoquant de la joie, des rires.

Et pourquoi pas de temps en temps, la journée sans télé et sans écran !

4/ Savoir couper le smartphone et aussi l’exploiter pour le maintien du lien social.

Nous passons beaucoup de temps sur nos smartphones et ordinateur. En moyenne en France nous le consultons plus de 400 fois/jour !  Nous avons de plus en plus de mal à nous en détacher. Les effets néfastes sur la santé et sur nos capacités cognitives d’une sur-exploitation et sur-exposition à ces outils sont bien connus aujourd’hui. Voir à ce sujet les travaux de Manfred Spitzer (Ulm – Les ravages des écrans), ceux de Michel Desmurget (Lyon – Inserm – Les dangers des écrans pour nos enfants) et  l’ouvrage de Neil Postam (EU) Technopoly ou comment la technologie détruit la culture.

Il ne s’agit pas de ne pas utiliser ces outils qui nous permettent en cette période de confinement de maintenir le lien social déterminant à notre santé psychique et donc à augmenter nos défenses immunitaires.

Il s’agit de savoir s’en détacher quelques minutes, voire quelques heures, voire une journée. En tous les cas, ne pas le consulter durant la nuit ! A ce jour plus de 50% des français le consultent la nuit et perturbent ainsi leur sommeil.

5/ le sommeil ! déterminant….

Le confinement à la maison dérègle la vie sociale et agit sur nos rythmes. Certes certains et certaines peuvent bénéficier de temps de sommeil plus longs. C’est le cas notamment de tous les élèves de l’école au lycée qui n’ont plus à  se lever pour certains très tôt (parfois 5h30-6h00 du matin).

Il ne s’agit pas de reproduite les horaires de lever et de coucher du temps hors confinement. Mais surtout de maintenir une qualité et quantité de sommeil suffisants. L’occasion de retrouver le temps de sommeil nécessaire à notre équilibre. Nous avons perdu au fur et à mesure des années et depuis trente années des heures de sommeil. Or le sommeil est le premier facteur de la « bonne » santé !

6/ Oser l’esprit du débat philosophique (dés l’age de 5-6 ans).

Cette pratique de l’échange, du partage et du débat peut être exploitée dans le contexte familial. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit à partir d’un mot, d’un thème, d’une image, d’une lecture d’un texte court d’échanger suivant les principes suivants :

– Une personne parle à la fois.

– On n’émet pas de jugement de valeur.

– On peut demander la clarification d’une idée.

– On peut alimenter, enrichir une idée qui a été émise.

– On ne contredit pas l’idée d’une autre personne. Chaque personne a le droit de penser ce qu’elle pense. Ce n’est qu’une idée. Chaque personne a de bonnes raisons de penser ce qu’elle pense.

– Une conclusion peut être émise par chaque personne…ce que je retiens de ce moment.

A ne faire que dans un contexte familial apaisant. Il ne s’agit aucunement de vouloir avoir raison, de convaincre, mais de s’enrichir chacun par l’apport des idées des autres. C’est la construction de l’intelligence collective.

7/ Jouer !

C’est l’occasion de ressortir les jeux de cartes, de sociétés qui sont facteurs de lien social et affectif. Notre temporalité moderne a réduit ces temps de « jeu » qui ont pratiquement disparu de nos cadres de vie. Et pourtant ils sont porteurs d’une grande richesse et développent au delà du plaisir de jouer en lui même, l’acceptation des règles, l’acceptation de la frustration, le développement de la collaboration, le développement de l’intelligence globale.

8/ Partager chaque jour les bons moments vécus.

Nous avons tendance en tant qu’être humain à ne nous souvenir que des moments désagréables, et à les ressasser ! Ce qui est facteur de stress excessif (sur-stress). Cet état de stress constant et latent déclenché par des pensées négatives tournées vers le passé (regret, culpabilité) ou le futur (peur, angoisse) épuise l’organisme et fait chuter drastiquement nos défenses immunitaires. C’est en grande partie ce qui nous rend plus fragile face à la maladie.

Aussi, il importe de conscientiser, de mémoriser et de partager les bons moments vécus. On ne mesure pas combien cette simple démarche réalisée quotidiennement agit sur notre bien être intérieur et réduit notre niveau de stress latent !

Et maintenant, comment faire ?

Avant tout, accepter la situation sanitaire de confinement qui est la notre. Cet état d’acceptation va de fait réduire l’effet de mal être latent qui s’installe insidieusement et durablement. Ensuite,  à chacun de se fixer  ses propres objectifs et petits défis quotidiens et hebdomadaires qui vont permettre de se maintenir dans cette dynamique de vie qui permet de maintenir et renforcer naturellement nos défenses immunitaires.

Raymond Barbry le 17/04/2020

Et si on parlait d’accompagnement et de suivi pédagogique…Plutôt que de continuité !

En fonction des académies nous en sommes à trois ou quatre semaines de fermeture des établissements scolaires, confinement oblige. Ce n’est pas terminé. A ce jour nous n’avons aucune visibilité quant à la réouverture des établissements scolaires. Et toutes les hypothèses peuvent être posées (début mai ? mi mai ? début juin ? mi juin ? rentrée de septembre ?).

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Passer la surprise et l’engagement tout azimut, force est de reconnaître que nous nous engageons dans une épreuve d’endurance et que nous devons nous préparer à ce que cette phase se prolonge pendant plusieurs semaines, voire des mois.

Les vacances de Printemps viennent bien à propos pour se poser, analyser, réfléchir sur ce qui a été vécu, expérimenté depuis la mi mars en matière de continuité pédagogique et poser le cadre de ce qui semble le plus pertinent à mettre en œuvre dans la suite de cette phase de fermeture des établissements scolaires.

1/ Un engagement de l’ensemble du personnel éducatif.

C’est ce qui ressort de la plupart des enseignants, de tout le personnel éducatif, des directions d’établissement et des remontées tant des représentations syndicales, que des associations de parents, que des rectorats et des directions diocésaines.

Cet engagement a cependant manqué de cohérence du fait d’un déficit de cadrage de la continuité pédagogique au départ de la mise en confinement, mais aussi aux difficultés techniques inhérentes à des systèmes non adaptés et non préparés. Mais pouvait-il en être autrement ? C’est la première fois de notre histoire contemporaine que nous sommes confrontés à une telle situation qui impacte le monde en son entier.

Vous avez dit continuité ? Ce terme a induit l’idée de poursuite des enseignements. On continue la classe à la maison. On poursuit sur les programmes. Même si très rapidement, le ministère, les rectorats, le secrétariat de l’enseignement catholique pour le privé sous contrat on définit le cadre de cette continuité, à savoir :

  • Pas d’avancée sur les programmes.
  • Pas dévaluation à caractère sommatif. A savoir que toutes les évaluations durant la phase de fermeture des établissements ne peuvent être prises en compte dans le contrôle continu. Elles ne peuvent avoir qu’un caractère formatif.
  • Entretenir les acquisitions tant disciplinaire que méthodologique.
  • Maintenir du lien avec les élèves et éviter le décrochage scolaire.

Pas étonnant qu’ici et là dans certains établissements ce soit produit quelques dérives qui ne prennent pas en compte ce cadrage et les principes de base de l’enseignement et de la formation à distance, c’est ainsi que les dérives suivantes ont été observées :

  • Un volume d’heures de connexion en distanciel égal aux emplois du temps, via les classes virtuelles.
  • Une avancée sur les programmes.
  • Des évaluations sur les DM (devoir maison) prises en compte dans le contrôle continu ou annoncées ainsi aux élèves.
  • Une obligation de se connecter sous peine d’être considéré comme « absent ».

La « continuité pédagogique » est comme l’horizon, plus on avance, plus il s’éloigne. Faire croire que l’école à la maison, c’est comme l’école en classe est une aberration, ce n’est même pas l’école ou l’enseignement à distance.

2/ La classe à la maison, un oxymore (un mot chasse l’autre) !

Je reprends ici l’idée du psycho-pédagogue belge, Bruno Hombeeck.  On ne mélange pas école et maison !
 » Une classe c’est un groupe d’élèves mais c’est aussi un endroit et ce n’est pas chez soi ».
Les deux espaces, la maison et la classe, sont distincts et doivent le rester. »

LES PARENTS NE SONT PAS DES PROFS ! Mais dès lors que beaucoup d’élèves continuent de recevoir du travail à distance, les parents doivent-ils aider et accompagner leurs enfants scolairement ? « C’est compliqué » pour Bruno Humbeeck. Le co-enseignement doit être réservé à des acteurs qui n’ont pas de lien affectif fort avec l’enfant : « C’est la grande difficulté de l’école à la maison. Même les enseignants qui enseignent à leurs propres enfants s’énervent en faisant les devoirs alors que ce sont d’excellents enseignants dans leur classe. Il y a une angoisse d’imaginer que son enfant puisse ne pas savoir« .

OUBLIER LA PERFORMANCE. En cette période particulière l’école ne peut donc pas continuer comme si de rien n’était en comptant sur la disponibilité des parents. Elle doit pouvoir s’adapter et être à l’écoute des élèves. C’est vraiment important que les enseignants parlent du ressenti de cette période avec leurs élèves. C’est vraiment important que les enseignants se donnent ce mandat. Le fantasme de la continuité pédagogique tend à effacer la réalité : l’école, essentiellement, ce sont des élèves avec un prof. Et plus ils sont petits, plus l’importance de ce lien direct est primordiale.

Un sondage de la FCPE dans les Pyrénées orientales, a montré que 50% des parents d’écoliers peuvent suivre sans difficulté le travail de leur enfant, 40% des collégiens, 30% des lycéens, et que 12 % des élèves ont décroché dans ce département !

3/ Prise de conscience de la fracture sociale et de la fracture numérique.

« Selon les définitions et les études, il y aurait entre 5 et 18 millions de Français éloignés, voire exclus, du numérique en France. Ce qui crée à l’intérieur des familles et entre elles des facteurs multiples d’inégalités vis-à-vis du numérique ayant des conséquences éducatives majeures dans la période de confinement. Si on prend l’estimation ministérielle, à 6,5 %, de la population scolaire aujourd’hui « perdue », cela fait tout de même 806 000 élèves sur le bord de la route. »

« Sur le terrain : tous âges confondus, les plus lésés sont les élèves fragiles. Pas seulement ceux qui n’ont pas internet ou d’ordi, comme on le résume un peu trop facilement , mais ceux qui ont besoin de l’enseignant à leur côté. Elle est là, la faille, la béance : dans cette absence de relation qui seule permet de maintenir, au quotidien, les plus fragiles sur le chemin. On a beau, de chez nous, différencier, donner de l’aide, des indices, renvoyer à des capsules vidéo, renseigner et guider par message, par mail, par téléphone, au final l’élève est seul devant son travail et les élèves pour une bonne partie ne savent pas tous être seuls face à la tâche. »

5/ l’enseignement à distance ne s’improvise pas !

L’enseignement en distanciel n’est pas la duplication du présentiel, qui plus est dans un contexte de confinement qui impose une charge psychologique conséquente chez nombre d’enfants, d’adolescents et de jeunes. Nous sommes dans une phase particulière où n’existe que le distanciel. Or nous savons que le distanciel est d’autant plus efficient qu’il s’articule au présentiel.

L’enseignement à distance requiert de l’apprenant : de l’autonomie et de l’engagement. Et cette autonomie ne se décrète pas, ne s’improvise pas. Elle s’apprend. Demander à un élève de collège, seul toute la journée de se connecter à la classe virtuelle sans interaction directe avec ses pairs et ses enseignants n’est possible que pour une minorité d’entre eux.

Il nous faut mesurer la charge psychique et le degré de motivation (engagement) que demande cet enseignement à distance dans le contexte particulier du confinement.

6/ Acceptation de l’incertitude.

Nous ne pouvons ignorer que le contexte de pandémie participe à augmenter le caractère angoissant de la période. Sans compter que la non visibilité sur les mois à venir, date de reprise des classes, date de la fin du confinement, la clarification sur les conditions de validation de l’année scolaire génèrent une incertitude grandissante.

Comment se mettre en projet sur les semaines et mois à venir ? Vaste problématique que nombre d’adultes ont du mal appréhender eux mêmes. Accepter de vivre dans l’incertitude n’est pas dans les habitudes de notre culture et du fonctionnement de notre système éducatif conditionnés aux logiques programmatiques, procédurales et de contrôles où tous les éléments du système  s’enchaînent logiquement et rationnellement. Et là nous voilà brutalement dans l’incapacité de contrôler, le temps, les activités, les examens même. La logique implacable et immuable de l’année scolaire et des enchaînements logiques, emplois du temps, examens, dossiers explosent. Et nous voilà projetés dans l’improvisation, dans l’expectative, mais aussi en pleine innovation et créativité.

7/ Apprendre le lâcher prise.

Nous voilà jetés pour une bonne partie de la population dans le non contrôle des événements. Nous dépendons de décision qui nous dépassent. Et du reste même les responsables politiques, les responsables de la santé publique, les dirigeants d’entreprises publiques comme privées, les chercheurs, les scientifiques, les prospectivistes et autres experts sont dans l’incapacité aujourd’hui d’avoir une vision claire des mois à venir.

Dans ce contexte de non visibilité et de non contrôle, nous avons dans les métiers de l’éducation et de la formation à témoigner par notre posture de l’acceptation de cette réalité et de l’engagement dans nos missions. Les personnels de santé, de l’entretien, de l’alimentaire, de la terre, du transport nous montrent combien cette posture est aujourd’hui déterminante et nécessaire. Ils nous montrent combien ils ont de la valeur aujourd’hui et que notre société tient parce qu’ils tiennent !

Le lâcher prise, n’est pas le laisser faire, le laisser aller ou le non agir. C’est l’agir dans l’acceptation de l’incertitude. C’est permettre à l’intelligence collective d’agir en mutualisant les intelligences intuitives et rationnelles de chacun.

Pour conclure…

Et si on parlait plutôt de suivi et d’accompagnement que de continuité ?

Ce dont les enfants, les adolescents, les jeunes ont besoin encore plus aujourd’hui, ce sont d’adultes capables de les écouter, de les accompagner, de les soutenir, de les rassurer.  Les enseignants et l’ensemble des personnels de l’éducation ont à y répondre dans le cadre qui leur est imparti, à savoir :  maintenir les liens, réduire les décrochages, entretenir les acquis, agir contre la sédentarité galopante en cette période de confinement…

Faut-il rappeler que les enseignants n’ont pas besoin qu’on leur dise comment ils doivent faire. Ce dont ils ont besoin, c’est d’accompagnement, d’écoute, de partage sur leurs pratiques et leur engagement, de mise en liens entre eux. C’est sur ce point que les instances de tutelle doivent mettre leur énergie et leur priorité qui plus est en cette période.

Raymond Barbry le 14 avril 2020.

Paroles de collégiens en période de confinement et d’accompagnement pédagogique

C’est une expérience particulièrement intéressante que Mesdames Christelle Ringeval et Annie Poirrier,  les deux Conseillères Principales d’Education du collège Henri Wallon à Méricourt dans les Hauts de France, ont réalisé dans le cadre de la continuité pédagogique.

Un nouveau principal au collège - Site de Méricourt

Continuité et accompagnement pédagogique

Ce qui est remarquable dans ce témoignage, c’est l’option de l’accompagnement qui est intégré à la continuité. Le choix des mots n’est pas neutre, en effet dans continuité il y a l’idée de continuer à avancer et dans l’accompagnement celle d’être à « côté de ». L’un n’exclut pas l’autre.

Cette démarche éducative vise plus particulièrement à amener les jeunes à se questionner, à percevoir les effets de cet événement particulier qui impacte nos vies à tous. Il est aussi question de susciter le questionnement, la réflexion et l’introspection sur l’expérientiel de chacun.

Voici ce qui a été demandé aux collégiens

par

Mesdames Ringeval et Poirrier

« Durant cette période, vos habitudes de vie ont changé… les mesures de confinement nous amènent à organiser et occuper nos journées autrement… mais cette « parenthèse » nous amène également à réfléchir sur nos modes de vie, sur la personne que nous sommes, sur la personne que nous souhaiterions être, sur le sens de notre vie ou sur le sens que nous voudrions donner à notre existence….

Peut être avez-vous déjà pris conscience de certaines choses? Peut être avez-vous découvert ou redécouvert certaines choses? Peut être vous êtes-vous rendu compte que certaines choses étaient plus essentielles et importantes que d’autres?

Nous vous proposons de nous faire partager vos « prises de conscience ». »

Voici l’essentiel de  ce qui est remonté en matière d’écrits par les collègiens.

J’ai repris tel que le document synthétique réalisé par les deux CPE.  Certains collégiens ont remonté sous forme de dessin, de BD qui n’apparaissent pas dans ce résumé de l’expérience.

« Mes amis me manquent, le terril pour aller rider me manque, je n’aime pas du tout le télétravail. »

 » La liberté, le partage et la solidarité sont très importants ».

« L’école me manque énormément, surtout me camarades de classe à qui je porte beaucoup d’affection. Mais surtout parce que l’on comprend mieux les cours en présence des professeurs. »

« J’ai appris beaucoup de choses avec mon père : le bricolage, la cuisine, la mécanique…Comme cela plus tard je pourrai être indépendante et tout faire moi-même. Je pense à mon avenir. J’apprends… »

« Je fais du sport tous les jours, mais je préfère aller en cours. C’est plus facile pour les leçons. »

« Je me rends compte que dans mon ancien quotidien (avant le confinement), je passais à côté de ceux que je ne peux plus voir et des activités que je ne peux plus faire aujourd’hui ».

« J’aime trop mes amies. L’école est un rituel ».

« L’avis des autres ne m’importe plus. Le principal, c’est que je me plaise ».

 » Malgré le stress et la peur d’attraper le covid-19, mes parents et moi continuons à rire et vivre ».

 » Ceux qui sont seuls durant le confinement doivent se sentir isolés et tristes. Heureusement, internet permet de communiquer, avec eux et cela les aide à aller mieux ».

 » L’école est importante. L’école à la maison c’est très difficile sans les sans les professeurs. »

 » Mes vrais potes sont ceux qui continuent à prendre de mes nouvelles. »

 » Je peux vraiment prendre le temps de faire mes devoirs en prenant soin des détails ».

« Il faut faire attention ».

« Le codid-19 st une maladie grave qui infecte tout le monde et qui est transmissible…et cela me fait peur ».

« Il est important d’être solidaire »

« C’est nul qu’il n’y ait plus d’école car on y apprend beaucoup de choses ».

« Sortir me manque ».

« L’école me manque énormément. J’ai toujours aimé l’école, mais là, la routine habituelle et mes activités sportives me manquent. C’est une partie de moi qui s’est envolée ».

 » J’ai changé ma façon de vivre ».

« Le virus est vraiment dangereux. Il faut rester à la maison. Certaines personnes ne respectent pas le confinement alors que d’autres personnes meurent ».

« Cela fait du bien de se lever plus tard de temps en temps ».

« La liberté me manque ».

« Avant le confinement je n’avais pas réagi que j’avais plein d’activités extra-scolaires. Aujourd’hui j’essaie de m’occuper comme je peux : je cuisine, je passe du temps avec ma famille, je dessine ».

« Respecter les règles sanitaires est très important pour nous, pour nos proches et pour les autres ».

« Je vis bien le confinement, mais je pense beaucoup aux autres, et je suis bouleversée à l’idée de perdre un proche ».

« J’arrive à être autonome ».

« Il est important de faire attention à soi et à ses proches et de ne pas sortir. »

« Je me soucie de la santé de mes grands parents. J’ai gagné en autonomie pour faire mes devoirs. J’ai développé le sens de l’entraide en participant aux tâches ménagères ».

« Je sais m’occuper quand même sans sortir, mais c’est important pour moi de voir d’autres personnes ».

 » C’est grave ce qu’il se passe actuellement. C’est très dangereux et contagieux. Il y a beaucoup de morts ».

 » Les professeurs sont hyper-utiles. je vais essayer d’être plus sympa à l’école et de mieux travailler ».

« On ne peut pas sortir et aller au collège  travailler avec les professeurs ».

« Je n’ai pas beaucoup de temps pour profiter de ma famille car je fais mes devoirs. cela me prend une bonne partie de la journée ».

 » L’école est importante. Je suis perdue sans les professeurs. Je préfère aller à l’école plutôt que de rester à la maison. Après les devoirs, je m’ennuie ».

« J’organise mes journées autrement : j’alterne temps de travaux scolaires, activités sportives avec ma sœur et mes parents dans le jardin, puis un moment en famille en fin de journée : un film ou un jeu de société. »

« Je peux devenir la personne que je souhaiterais être si je travaille dur et que je fournis les efforts pour parvenir au résultat voulu. Avant le confinement je me concentrai peut être un peu trop sur le collège et je n’avais pas trop de temps pour mes loisirs et ma famille. Mais j’ai finalement compris qu’avec une bonne organisation tout est possible. »

« Ma famille est très importante et cela me manque de les serrer dans mes bras (Amour et famille). J’ai envie de partager tous les devoirs sur snap avec tous les élèves de ma classe, même si avec certains nous n’étions pas amis. Ils me manquent tous (partage). »

A la lecture nous percevons bien à la fois les points de convergence et les différences dans la manière de vivre cette phase de confinement. Lors de la réouverture des établissements, il sera nécessaire et indispensable de prendre un temps pour permettre les expressions des uns et des autres.  ll y aura là aussi comme d’autres domaines de nos vies, un après cette crise qui imposera des changements.

Raymond Barbry le 10 avril 2020

Confinement, continuité pédagogique…le meilleur côtoie le pire !

Nous voici à la troisième semaine de confinement et la mise en place de la continuité pédagogique par l’EN pour tous les établissements scolaires de France.

Covid-19 : heurs et malheurs de la continuité pédagogique à la ...

La phase de tâtonnement logique et non surprenante des deux premières semaines s’estompe. Faut-il rappeler qu’elle était attendue au delà des discours optimistes et engagés du ministère. En effet, comment être opérationnel et efficient de suite alors qu’aucune expérimentation à petite comme à grande échelle n’avait été réalisée ? A la fin de cette troisième semaine et par l’engagement, l’investissement de tous les acteurs du système éducatif (public comme privé sous contrat), cette continuité prend forme pour s’installer dans une durée non encore définie. D’ailleurs le pourrait-on, compte tenu de l’évolution de la pandémie en France, Europe et  dans le monde  ?

Une décision importante vient d’être prise (examens en contrôle continu).

Elle va permettre aux enseignants comme aux élèves de se mettre en projet et c’est une première pour notre pays, le brevet examen de fin de collège et le baccalauréat examen de fin de lycée vont être validés sur la base du contrôle continu. il n’y aura pas de ce fait d’épreuves terminales. Nous rejoignons ainsi ce que certains de nos voisins ont décidé précédemment.

Le risque réel d’une augmentation du décrochage.

Malgré l’engagement et l’investissement de tous les personnels des établissements, des élèves restent non joignables, sont perdus et en état de décrochage d’avec l’école, le plus souvent pour des raisons techniques liés aux connexions avec les réseaux ou un manque de matériel tels qu’imprimante, voire ordinateur, mais aussi pour quelques uns par une intention délibérée de ne pas répondre et d’autres un contexte psycho-social qui ne facilite guère l’enseignement à distance.

La clarification des objectifs par le ministère de l’EN, relayé à son niveau par le SGEC ont posé un cadre qui clarifie les objectifs de la continuité pédagogique.

Un enjeu essentiel : maintenir un contact avec la totalité des élèves pour éviter le décrochage, assurer une activité pédagogique, un lien avec les apprentissages dans le but de faciliter le retour en classe après la crise.

Un principe de base : il ne s’agit pas de reproduire l’emploi du temps des élèves à l’identique, l’enseignement en distanciel les mobilisant de manière autre que les cours en présentiel.

Et donc : Pas d’évaluation sommative / Pas d’avancée sur les programmes  / Entretien des acquis / Priorité maintenir le lien avec les élèves (accompagnement).
Ces orientations sont partagées dans la plupart des pays qui sont entrés en confinement et qui ont mis en place la continuité pédagogique.

Des initiatives pédagogiques émergent de partout et se partagent.  Les enseignants font montre pour la grande majorité d’un engagement sans faille. Nous en avons fait écho dans les articles précédents et elles se multiplient. Je tiens à vous donner ici un exemple concret à l’initiative des CPE d’un collège (Méricourt) qui ont fait parvenir à tous les élèves du collège ce message :

« Chers élèves,

Nous espérons que vous vous portez bien et que vous êtes en bonne santé, ainsi que vos proches.

Nos vies sont actuellement bouleversées par cette crise sanitaire que nous traversons toutes et tous, et par les mesures de confinement qui sont mises en œuvre pour freiner la progression du Covid-19, et ainsi éviter la contagion du plus grand nombre.

Durant cette période, vos habitudes de vie ont changé… les mesures de confinement nous amènent à organiser et occuper nos journées autrement… mais cette « parenthèse » nous amène également à réfléchir sur nos modes de vie, sur la personne que nous sommes, sur la personne que nous souhaiterions être, sur le sens de notre vie ou sur le sens que nous voudrions donner à notre existence….

Peut être avez-vous déjà pris conscience de certaines choses? Peut être avez-vous découvert ou redécouvert certaines choses? Peut être vous êtes-vous rendu compte que certaines choses étaient plus essentielles et importantes que d’autres?

Nous vous proposons de nous faire partager vos « prises de conscience ».

Vous pouvez le faire de plusieurs manières…

– en répondant librement au sondage mis en ligne sur pronote « onglet sondage » dans communication

–  en produisant une réalisation de votre choix: dessin, poème, chanson, vidéo, etc…

Nous vous remercions par avance pour votre participation et attendons avec impatience vos retours!!

Portez-vous bien…Christelle Ringeval et Annie Poirrier, vos Conseillères Principales d’Education »

Cette démarche éducative vise plus particulièrement à amener les jeunes à se questionner, à percevoir les effets de cet événement particulier qui impacte nos vies à tous. Il n’est aucunement question de contenus, de programmes, de pointage sur les temps de télé-enseignement.

La prise de conscience du confinement et de ses effets sur les personnes (bio-psycho-socio) est prioritaire et nécessaire.

Un confinement total tel qu’il est pratiqué en France est une mise en demeure de rester chez soi, et pour les élèves cela signifie :

  • perte de la liberté
  • interdiction de rencontrer d’autres personnes en dehors vivant sous le même toit (perte des liens amicaux et sociaux directs)
  • Réduction des sorties (1 seule par jour pour activité physique dans un environnement très proche (< de 1 kilomètre)
  • Promiscuité qui peut s’avérer pesante
  • Perte des repères temporels

Nous commençons à mesurer les effets psycho-sociaux de cette situation au bout de trois semaines. Les services de santé et de psychiatrie connaissent bien les conséquences de ce confinement imposé dans cette période de pandémie anxiogène. D’autant que les enfants, les ados et les jeunes peuvent être plus sensibles que les adultes. Cet aspect se doit d’être pris en compte dans le cadre de l’enseignement à distance avec des effets ne facilitant pas les apprentissages scolaires. Certains et certaines élèves ont la « tête » ailleurs et peuvent être dans l’incapacité de s’engager dans les tâches scolaires qui prennent peu de sens en cette période. Il faudra dans les semaines qui viennent être d’autant plus vigilant sur cet aspect. Il y aura une augmentation des problématiques psychiques tels que, sur-stress,  angoisse, stress, perte de confiance, augmentation des peurs, perte de sens, isolement…De plus certains élèves sont et vont être confrontés à la mort de proches.

Cette bienveillance dans la démarche des CPE du collège de Méricourt prend en compte cet aspect. Et dans de nombreux établissements, c’est le cas. Mais il n’en est pas partout de même.

Une continuité anti-pédagogique, déstructurante et décalée du contexte sévit aussi !

Elle s’inscrit dans la durée mettant les élèves en surcharge cognitive par la pression de la note sur les travaux imposés, le contrôle de présence (connexion), l’avancée sur les programmes. Anti pédagogique parce que ne prenant pas en compte les principes de l’enseignement à distance et du contexte due à cette période de confinement.

Voici l’exemple d’un lycée qui impose le cadre d’une journée de cours « classique » – Cours en visio de 8h00 à 13h00 et de 14h00 à 17h00 / 5 jours sur 7…
– Plus le soir..après des cours, travail perso..travail à rendre.
– Plus travaux notés.
– Plus pointage de la présence.

Dans ce cadre imposé, il y a peu de prise en compte du contexte psycho-sociologique actuel (La crise sanitaire qui impacte tout un chacun). Nous constatons une non connaissance de ce qu’est réellement l’enseignement à distance et de ses principes de base. Ça ne répond pas au canon du distanciel qui laisse de l’autonomie à l’apprenant dans son organisation et son cheminement ! Faut-il rappeler qu’au delà de 3h00 de télé enseignement dans la journée, il est pratiquement impossible d’être efficace ! Il y a aussi une non reconnaissance du besoin de mouvement de l’être humain et plus particulièrement du jeune en contexte de confinement !

Mais aussi, cette Maman, par ailleurs enseignante qui décrit son vécu sur ces trois semaines de continuité pédagogique. Je reprends tel que le message.

Message d’une maman qui est aussi prof

« Salut les collègues.
Maman d’une fille en troisième, très bonne élève, et je suis prof d’anglais en lycée. Il y a trois profs chez moi je lance un appel.
J’ai un message urgent à faire passer.
Arrêtez de submerger les enfants de devoirs à rendre en tout genre, maths, histoire, français, espagnol, anglais musique, sport etc…
Pensez aux enfants déjà angoissés ,malades ou dont les parents commencent à tomber malade….
Sans parler des ancêtres qu’on ne peut plus aller voir car trop loin mais isolés…
Les enfants angoissent de plus en plus.
On a un long confinement devant nous. Y a pas le feu!!!

Envoyons des exercices d’entraînement et des leçons à lire et au compte goutte. En petites quantités ! Les réseaux marchent mal, les imprimantes ne marchent pas bien , voire on n’en a pas, et faire travailler des enfants 6 heures par jour sur des écrans est insupportable. Les yeux brûlent. La fatigue les gagne.

Arrêtez, les notes on s’en fout. On verra ça quand les écoles rouvriront. Des enfants n’ont accès à rien, de toutes façons il faudra bien tout reprendre ensemble. Quelques semaines ne vont pas ruiner tout l’intellect et l’avenir des enfants. Ça se rattrapera plus tard.
Laissez les enfants faire ce qu’ils peuvent. Ils sont très angoissés et plus les familles sont touchées, et pire c’est pour eux.
Tout le monde oublie la psychologie!!!!
Les service de l’EN ne vont pas fliquer la France entière !!!
Les inspecteurs ne vont pas regarder un million et demi de profs un par un.
Le stress des cours s’ajoute au virus et aux problèmes de réseau !!!!!
Calmons nous!!!!
Calmez vous!!!
Calmez les enfants.
Sinon on court à d’autres catastrophes.
En plus du virus.

La pandémie crée nombre d’injustices que nous n’avons pas vu venir.

Serait-il possible de ne pas les approfondir ? De ne pas creuser davantage le fossé qui sépare déjà les nantis des autres ? Nous gagnerions à tous nous interroger pour faire face à nos incohérences, pour permettre à nos enfants, ados et jeunes d’apprendre autrement.

Ensuite, sommes-nous prêts, individuellement, collectivement, à renoncer aux antiennes de « l’ancien monde » ?

Pas sûr ! Exemple : la compétition. Sinon comment expliquer que certains enseignants noient leurs élèves de travail à la maison pendant ce confinement au nom de la sacro-sainte « réussite scolaire et sociale » ?

Le système scolaire est assis sur l’esprit de compétition. Et une catégorie de parents y adhère. Or, le changement de paradigme passe aussi par une bascule de la compétition vers la coopération. Ou, dit autrement, par l’accent mis aussi sur l’apprentissage des savoir-être.  Mais aussi apprendre, par, pour et avec les autres et non pas contre les autres.

Raymond Barbry, le 04/04/2020.

Confinement, télé enseignement, enseignement à distance…Innovation pédagogique et dérive

Deux semaines de confinement..deux semaines  sans présence dans les établissements scolaires, mais en télé-enseignement et enseignement à distance…et le meilleur qui côtoie le pire, mais pourrait-il en être autrement ?

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Dans notre société monte une angoisse collective sur-alimentée par les médias qui impacte les enfants, les ados, les jeunes et les adultes. Mais quand et comment allons nous sortir de cette crise sanitaire ? Mais comment rester engagé sur les tâches scolaires, alors que la plupart des personnes ont l’esprit ailleurs ? Comment imaginer que les  mois de mai et juin se dérouleront comme si de rien n’était ? Mais qu’en sera-t-il tout simplement de nos conditions de vie dans deux mois, trois mois, six mois ?

Cependant, des enseignants qui acceptent cette réalité, qui innovent, inventent, rassurent, accompagnent, assurent une présence pour les enfants du personnel de santé, mettent en place la co-éducation avec les parents… Et d’autres qui angoissent à en rester obnubilés sur le contexte scolaire. Mais comment finir le programme ? Comment évaluer ? Comment vont se passer les examens (brevet, bac…) ? Quand allons nous reprendre ?

Et des élèves qui s’investissent, qui organisent leur journée, qui ne subissent pas la sédentarité et maintiennent un rythme de vie équilibrée malgré le confinement…d’autres qui sont perdus, qui ne peuvent travailler dans des conditions simplement acceptables, qui décrochent, se laissent aller, angoissent sur le monde…

Et des parents qui font au mieux partageant leur temps entre leur travail en présentiel ou à distance, le suivi scolaire de leurs enfants (plus particulièrement en école et collège), l’équilibre relationnel dans l’habitation (vivre en confinement ce n’est pas rien, nous découvrons en allant, nous n’avons pas été préparés), l’angoisse pour certains des proches hospitalisés….D’autres qui décrochent malgré toute leur volonté et l’envie de bien faire, qui ne peuvent suivre les consignes et directives des enseignants, qui ne peuvent donner les moyens techniques à leur enfant (ordinateur, tablette, imprimante, qualité des connexions…), qui s’angoissent de la situation sanitaire et n’arrivent plus à faire face.

Deux priorités sont à tenir dans cette période où les élèves, leurs parents et les enseignants découvrent en allant cette école à distance dans un contexte de crise. Elles ont été affirmées par le ministre et reprise par la plupart des acteurs du système éducatif, mais pas tous !

  • Maintenir le lien entre les élèves et l’école. C’est à dire les accompagner, leur donner les outils pour maintenir un équilibre de vie dans un contexte social déséquilibré avec la crise sanitaire qui transforme tous nos rythmes et habitudes de vie.
  • Entretenir les acquis.  C’est à dire profiter de cette période longue pour revenir sur les fondamentaux, sur les aspects méthodologiques, le tout au regard des besoins des élèves.

Voici quelques témoignages parmi tant d’autres glanés durant cette deuxième semaine. Ils émanent tant du système public que du privé sous contrat et plus particulièrement des Hauts de France.  De partout en France de telles initiatives sont prises.

C’est le collège de Quiévrechain (collège REP) dans les hauts de France où l’idée d’une fash-mob collective le jour de la reprise fait son chemin. C’est l’équipe des professeurs d’EPS qui se saisit de ce projet et communique aux élèves, la chorégraphie. Dans ce même collège ce sont les enseignants et tout le personnel qui se sont répartis le suivi des élèves (professeurs principaux, personnel éducatif, infirmière, assistante sociale etc…). C’est l’équipe de direction qui accompagne l’équipe pédagogique qui invente au quotidien et adapte les outils de suivi pour maintenir le lien avec les élèves, et qui dés à présent anticipe sur le retour, à savoir, comment nous accueillir, accueillir les jeunes lors de la reprise ?

C’est au collège de Méricourt (collège de REP), cette CPE (conseillère principale d’éducation) par ailleurs  sophrologue caycédienne qui met en ligne des séances vidéo de sophrologie pour les élèves.  C’est la continuité d’un atelier animés tout au long de l’année.

Ce sont ces professeurs d’EPS qui donnent régulièrement, voire quotidiennement des capsules de maintien en condition physique, par exemple, le  collège de Loos en Gohelle et plusieurs des établissements de l’Audomarois (St Omer). Nous savons qu’un des problèmes majeurs de cette longue période de confinement (minimum un mois) va être le développement de l’inactivité physique avec le danger de la sédentarité galopante et ces conséquence sur la santé globale.

C’est ce collège de Bapaume qui a mis en place la classe virtuelle en adaptant les temps de travail et de connexion aux possibilités et au contexte des élèves.

C’est l’internat de Walbourg (Alsace), déjà rompu à l’accompagnement des jeunes qui insiste dans le suivi sur le rythme de vie journalier en cadrant temps de travail intellectuel, temps d’activité physique, horaires de lever et de coucher.

Ce sont de partout ces équipes de direction qui organisent, accompagnent, maintiennent le lien avec les enseignants et le personnel ;  et  ouvrent aussi l’établissement pour les enfants du personnel de santé. Une CE d’une école primaire (Seclin) est présente 7 jours sur 7 pour accueillir au mieux les enfants dont les parents travaillent dans les services de santé de la métropole lilloise.

Ce sont ces équipes, direction, enseignants, personnel éducatif qui agissent en anticipant la réouverture et le retour sur le principe de la résilience. Il y a un avant la crise pandémique et un après. Il ne sera plus possible de reprendre le rythme de la vie scolaire comme si rien ne s’était passé.

Ce sont des IPR d’une académie (Lille) qui de suite ont donné les consignes de prioriser sur le suivi et l’accompagnement des élèves plutôt que l’avancée sur les contenus et les programmes et même pour les classes dites à examen.

Ce sont ces enseignants, plus particulièrement dans le 1er degré, qui priorisent le suivi et l’entretien-renforcement des acquis et qui s’opposent à l’injonction de quelques chefs d’établissement (directeur) donnant consigne de continuer d’avancer sur les programmes.

C’est le personnel d’un lycée professionnel d’Armentières qui fabrique du gel hydro-alcoolique pour donner aux personnels de santé du secteur en manque de ce produit..

Quant à la continuité des programmes, qu’en est-il ? 

Ah, les programmes ! Je reprends ici en partie un message que j’ai posté sur les réseaux sociaux (facebook) suite à des demandes de plusieurs enseignants, CE, CPE, parents qui se sentaient perdus au milieu d’injonctions contradictoires.

 » SVP..Dites à tous les enseignants, chefs d’établissements, responsables pédagogiques, IEN, directeur diocésain, chargé de mission etc…… »

Pas d’avancée sur les programmes !!! SURTOUT.

Toutes les expériences et recherches sur l’enseignement à distance de ces dix dernières années mettent en exergue les points suivants :

1/ L’enseignement à distance n’est efficient qu’associé à du présentiel (même chez les adultes !)

2/ L’enseignement à distance est plus particulièrement efficient dans les cas suivants:
– préparer une séance de présentiel.
– s’entraîner sur une notion abordée en présentiel préalablement.
– faire des entraînements.

3/ L’enseignement à distance s’apprend et s’appuie sur du tutorat. Cela nécessite la présence et la maitrise d’outils numériques dans de bonnes conditions de fonctionnement ; et le lien avec une personne (tuteur/ enseignant) en responsabilité du programme de formation.

4/ L’enseignement à distance, seul, augmente les inégalités sociales et culturelles, alors rien que pour ça :  STOP ! C’est antidémocratique, antirépublicain, anti-éducatif, anti-pédagogique !

Je ne suis pas dans  un rejet du distanciel (enseignement à distance). Mais la question est  bien comment on articule le présentiel et le distanciel. Rappeler, informer et faire reconnaître que la formation à distance seule n’est pas si efficiente que ça ! Je m’appuie sur celles et ceux qui travaillent sur cet aspect depuis longtemps en matière de recherche, même s’ils dérangent les partisans du numérique et du distanciel. (voir, notamment, à ce sujet les travaux de M.Spitzer -Ulm Allemagne – et M.Desmurget – Inserm Lyon). Certes nous sommes dans une situation exceptionnelle à nulle autre pareille. Je réagis ainsi, par rapport aux excès observés depuis bientôt deux semaines et, surtout à l’inégalité criante que cela instaure entre les élèves qui vivent dans des contextes sociologiques et culturels différents. Du reste le ministre a pris la parole en cette fin de semaine pour bien rappeler que l’enseignement à distance ne devait pas servir à avancer sur les programmes, mais à renforcer les acquisitions et à maintenir du lien avec les élèves (accompagnement). Faut il rappeler que ces mêmes consignes ont été données aussi, en Belgique, au Québec, en Suisse, en Angleterre.

Et au sujet de l’évaluation, voire de la notation des travaux, qu’en est-il ? Là aussi vaste débat qui  chaque fois peut mettre de la tension au sein des équipes. Il est de fait réapparu !

Je reprends ici les consignes données chez nos voisins belges. Les travaux réalisés à distance sont évalués et non notés ! Les enseignants appliquent l’évaluation dite formative (en cours d’apprentissage) et non la sommative (fin d’apprentissage).

Et pour conclure, je reprends une partie d’un  très beau texte de Benoît Coppée :

« J’entends qu’on réfléchit à donner des cours pendant les vacances de Pâques, qu’on réfléchit à donner des cours pendant le mois de juillet. J’entends que « toutes les options seront étudiées ». J’ai l’impression de rêver. J’ai le sentiment qu’on n’a pas encore compris. J’ai le sentiment que le message que nous envoie le COVID-19 n’est pas suffisamment clair…

L’Humanité aura besoin d’un temps de résilience.

Les anciens devront prendre dans leurs bras : pour rassurer, pour aimer, pour contenir. Nous sommes partis pour des mois, des années.

Lorsque l’Humain a balancé une bombe sur Hiroshima, il a pris conscience de sa capacité de réduire la planète à un sac de farine. Il a fait marche arrière, l’Humain. Aujourd’hui, c’est pareil. On doit comprendre cela : notre Humanité est à bout de souffle. On doit faire marche arrière (…)»

Raymond Barbry, le 29 mars 2020

Télé enseignement et enseignement à distance….STOP ! (on se calme…..)

De partout, en France  mais aussi chez nos voisins,  monte un ras le bol et une incapacité de plus en plus grande à suivre les rythmes de travail imposés par les systèmes éducatifs en cette période de confinement et de fermeture des établissements scolaires.

Cet article s’appuie en partie sur ceux parus dans le journal suisse « Le Temps ».

Cette période de confinement sera un marathon.

A l’annonce de la fermeture des établissements scolaires le vendredi 13 mars, poussés par leur hiérarchie respectifs, les enseignants ont multiplié les initiatives, faisant souvent preuve d’un enthousiasme admirable et d’une incroyable inventivité. Mais l’enseignement à distance ne s’improvise pas. Peu de choses étaient prêtes au moment où l’épidémie a frappé. Pris de court, tout le monde est parti dans tous les sens. Déjà ébranlées, les familles se sont retrouvées submergées par les demandes du monde enseignant ».

STOP….ON SE CALME ! « Il est temps de tirer le frein à main, de stopper cette machine qui s’est emballée. Continuer ainsi provoquera de la casse et laissera beaucoup d’enfants sur le bas-côté, entre autres ceux qui rencontrent des difficultés d’apprentissage ou ceux dont les parents ne peuvent pas assurer le suivi des cours.

Des enfants et des jeunes confrontés au drame…

Il faut prendre conscience que, dans cette crise sanitaire sans précédent, nous n’avons pas encore franchi le milieu du gué. Ces prochaines semaines, beaucoup d’enfants, d’ado et de jeunes verront des membres de leur famille tomber malades, être isolés en quarantaine, parfois hospitalisés aux soins intensifs. Certains seront confrontés à la mort de proches. Sans oublier les difficultés économiques que devront affronter bon nombre de leurs parents, entre menace de chômage ou de faillite, fragilisant des familles entières.

Revenir à l’essentiel….BASTA, les programmes !

C’est tout le rythme de la société qu’il faut réduire. Le système scolaire doit lui aussi réduire le rythme. L’école doit poser ses priorités, garder le lien avec les élèves, s’assurer qu’ils vont bien, les aider à structurer leurs journées dans un quotidien où tous leurs repères ont disparu et les accompagner le mieux possible tout au long de cette épreuve. Il ne faut pas avoir peur de mettre le programme entre parenthèses. Faisons confiance à nos enfants, et à leurs enseignants: le retard sera rattrapé lorsque la vie pourra reprendre son cours normal. Et concentrons-nous sur l’essentiel.

Des préconisations en matière de temps de travail quotidien pour les élèves :

Par exemple en Suisse dans le canton de Neuchâtel  ont été imposées les repères suivants :

  • une heure au 1er cycle (primaire),
  • deux heures au 2e cycle (collège)
  • trois heures au 3e cycle (lycée).

Les données de la première semaine de confinement en France nous donnent des pratiques d’enseignement à distance qui imposent des temps de travail  égaux si ce n’est supérieur au temps passé à l’école avant le confinement !

STOP aux évaluations !

Parmi les mesures prises, en Suisse, il a été décide de proscrire toute évaluation durant le confinement. Il en est de même au Canada et en Angleterre.

A méditer pour la France ! Des chefs d’établissements demandent aux enseignants de noter les travaux des élèves durant cette phase de confinement !

Annulation des épreuves certificatives (fin de cycle d’enseignement)

Les épreuves certificatives sont annulées dans de plus en plus de pays. La Suisse rejoint l’Angleterre, la Canada. Les critères de promotion et d’orientation seront aménagés.

Dans l’attente et le besoin d’une  prise de position claire de nos responsables français (ministère de l’EN, rectorat, SGEC).

Nous savons que nous partons pour une longue période de confinement avec comme conséquence pour le système éducatif une fin d’année scolaire totalement chamboulée. Les rythmes de vie des enfants, des ados, des jeunes, des enseignants sont bousculés et transformés pour une période de plusieurs semaines voire mois. Penser que nous allons reprendre comme si de rien n’était est une illusion !

Raymond Barbry, le 25 mars 2020

 

 

Après une semaine de confinement, intérêt, heurt et malheur de l’enseignement à distance.

Pour faire suite aux deux articles précédents (plus de 10 000 vues en quatre jours !)  et aux multiples témoignages que j’ai reçus, cet article vise à faire le point sur comment se vit l’enseignement à distance dans cette phase de confinement qui n’en est qu’à ces débuts.
EAD - Enseignement à distance à l'université de Bourgogne
Voilà bientôt une semaine que nous sommes en confinement, que les établissements scolaires sont fermés et qu’avec beaucoup d’engagement, de bonne volonté la majorité des équipes éducatives ont expérimenté, innové, essuyé les plâtres, mis à mal les systèmes ENT des établissements (pas adaptés à une telle demande), créés des groupes collaboratifs avec leurs propres outils et les supports en accès libre et gratuit, échangé par mail etc… Certaines pratiques sont tout bonnement géniales, d’autres se sont révélées catastrophiques. Dans ce qui va suivre je m’appuie sur les témoignages qui m’ont été remontés. En conséquence ce qui est annoncé par la suite n’a pas la rigueur scientifique d’une recherche ou d’une enquête faite dans le respect des cadres scientifiques.
Les aspects positifs de cette semaine
Un engagement et investissement massif des enseignants. Je prends pour exemple cette CPE d’un collège de REP qui dés lundi m’annonçait que tous les enseignants avaient investi l’enseignement à distance, jusqu’aux professeurs d’EPS qui envoient des programmes d’entretien physique pour lutter contre l’oisiveté et la sédentarité.
Des parents qui prennent conscience de l’engagement des équipes éducatives et de leur capacité à réagir à cette situation par  la mise en place concrète d’un processus de co-éducation. Des enseignants qui vont jusqu’à expliquer aux parents les démarches à mettre en place pour favoriser les apprentissages. Ci joint l’exemple d’un document envoyé par une enseignante de maternelle aux parents en cette fin de semaine :
La classe maternelle à la maison
Chers parents,
Vous ne pourrez pas remplacer les 6 heures de classe, on est bien d’accord, tout simplement parce que vous n’avez pas le matériel, pas les autres enfants, pas les programmes en tête… C’est donc normal. No stress !
Si vous suivez le petit « programme » que vous avez et recevez chaque jour, cela va permettre à votre enfant de garder un lien avec l’école et surtout de maintenir ses acquis. Ce que je vous fais parvenir, est réalisé pour le contexte maison.
Mais pas de panique, on reste connecté !
De votre côté, faites moi un retour, pour savoir comment ça évolue chez vous, vous pouvez aussi m’envoyer des photos…
Quelques point à garder en tête :
• 10 mn par domaine (fiche/jeu) réparties comme vous le pouvez en fonction de votre organisation familiale
• Dédié un «espace école» dans la maison et dans la mesure du possible. Ça peut être la table basse du salon, une petite table dans sa chambre… juste un espace dans lequel vous pourrez vous installer avec lui pour faire le « travail d’école ».
Soyez patient, accompagnez votre enfant sans pression, même si ce qu’il fait n’est pas parfait, tolérer les imperfections.
• Les erreurs sont des tremplins ! Donc éviter les « non, non, tu t’es trompé » et remplacez par « alors attend, on va faire ensemble » ou bien « je vais te montrer » ou encore « je ne suis pas sûre que ce soit ça, on va vérifier ensemble».
• Autonomisez au maximum vos enfants et vous développerez des compétences essentielles : faites les participer aux tâches (mettre la table, s’habiller tout seul…), arrêtez vous quand vous voulez faire à leur place, laissez les faire seuls. Exemple : votre enfant vous demande d’ouvrir son stylo. Ne vous précipitez pas pour l’ouvrir à sa place. Laissez le forcer pendant quelques petites minutes. Si vraiment il ne réussit pas, montrer lui et refaite lui faire… pour qu’il réussisse la prochaine fois. Quelle fierté pour lui de réussir tout seul !
Encouragez votre enfant, valorisez ses actions, ses intentions, ses productions.
Sachez aussi que le cœur de notre métier est de s’adapter au niveau des enfants donc à l’issue de cette crise sanitaire, on s’adaptera.
Portez vous tous bien, prenez soin de vous… de gros bisous à vos loulous… A très bientôt Mme…
Des parents qui se rendent compte qu’enseigner est un vrai métier qui ne s’improvise pas. Il n’aura fallu qu’une seule journée à la plupart pour s’en rendre compte. Nous avons une multitude de témoignages tant sur les réseaux sociaux que dans nos environnements proches et, notamment : « Mais comment vous faites avec 25 à 30 élèves dans la classe ! »
Des enfants, des adolescents, des jeunes qui disent clairement que l’école leur manque. Que l’enseignement à distance c’est bien, mais que la présence physique de l’enseignant est aussi déterminante pour leur permettre d’apprendre !
Des enfants, des adolescents, des jeunes qui sont moins fatigués, qui dorment plus et mieux. Un bémol toutefois pour celles et ceux qui restent rivés sur les réseaux sociaux et les jeux en ligne durant la nuit !
Un rythme de vie qui cadre les journées et impose des horaires nécessaires à la santé globale. Voici un exemple d’emploi du temps envoyé par un entraîneur sportif à des athlètes lycéens et étudiants :
« Voici ce que pourrait être le cadre global de vos journées. Ce n’est qu’un exemple. Vous adaptez au mieux « 

Lever entre 7h30 et 8h30 / Pas plus tard !

5mn de cohérence cardiaque ou méditation (se centrer sur sa respiration au lever)

Marche ou course lente (20mn) autour de chez soi (500M en ville – 2kms en campagne).

Petit déjeuner 8h30-9h00

Travail scolaire 9h30-11h30

Entraînement 1 – 11h30-12h30 (PPG/gainage/etirement)

Douche

Déjeuner de 13h00 à 14h00.

Micro-sieste 15mn ou relaxation ou méditation.

Travail scolaire 14h30 à 16h30

Détente-culture 16h30 à 17h30.

Entraînement 2 – 17h30 à 18h30 (cardio)

Douche/relaxation 18h30-19h30

Repas du soir 19h30-20h30

Détente-culture ou Travail scolaire 20h30-22h30/23h00

Coucher 22h30-23h00

– Un travail collaboratif qui se met en place avec de fait, un tutorat pédagogique (aide entre pairs).  Le confinement impose l’isolement physique en réaction : le besoin d’échange s’accroît. Les tâches scolaires deviennent un bon média pour maintenir le lien.
Des enseignants qui se révèlent compétents dans le suivi et l’accompagnement.  Il est remarquable de noter que lorsque nous laissons de l’autonomie aux acteurs, ces derniers trouvent des réponses pertinentes. C’est ce que la plupart des enseignants réalisent. Plusieurs chefs d’établissement (public comme privé) m’ont remonté la capacité d’adaptation et d’innovation de leur équipe. Sur la toile nous trouvons des vidéos, des outils qui sont partagés et qui montrent la qualité professionnelle qui se dégage.
Les heurts et malheurs de cet enseignement à distance.
Une illusion du ministère qui n’a pas mesuré les limites techniques de cette généralisation de l’enseignement à distance. Les ENT ne pouvaient accueillir en même temps autant de connexion. Les systèmes ont planté. De ce fait nombre d’enseignants sont passés par le systèmes, groupe facebook, WhatsApp et autres…
Des enseignants, des chefs d’établissement jusqu’à un rectorat qui ont eu des demandes démesurées quant à la mise en place et le suivi.
Voici quatre exemples :
Exemple 1 / Un rectorat qui a été jusqu’à demander aux enseignants de rencontrer les parents directement (sur des zones commerciales) pour communiquer le travail !
Exemple 2/ Témoignage d’une Maman quant à la surcharge de travail imposé par l’enseignement à distance :
 » Mes enfants sont assaillis de boulot de la part des professeurs qui sont en télétravail !!!
Avec menace de sanction si le travail n’est pas rendu en temps et en heure ou encore des trucs donnés à 18h à rendre pour le lendemain !!!
Je gère mon entreprise de la maison avec tous les doutes sur l’avenir… Je suis mère célibataire…
Je ne suis clairement pas à la hauteur de ce qui m’est demandé par le corps enseignant pour aider mes enfants… je sais qu’ils veulent bien faire . Mais please pas de sanction !!! Et l’éducation nationale doit nous laisser intégrer !!! Digérer !
La situation est anxiogène … Les enfants ont besoin d’intégrer émotionnellement ce qu’il se passe. Et cela passe par un moment de pause et de silence
Alors PLEASE… Lâchez nous la grappe..Mettons notre cerveau en pause !!!!!! je crois que c’est le moment où jamais !!!!
Non ?!!!!Au moins une semaine ???? Est ce trop demandé ? »
Exemple 3/ Un transfert de la temporalité de l’école à celle de la maison sans adaptation au contexte. C’est ainsi que nous avons observé cette semaine : Des élèves obligés de se connecter toute la journée sur les mêmes horaires que ceux des emplois du temps habituels !
Des travaux démesurés en charge temporelle. Ce sont ces élèves d’une classe de collège qui au minimum doivent passer 4h00/jour sur les mathématiques.
Exemple 4/ Une incapacité dans les familles de pouvoir travailler dans de bonnes conditions par manque d’espace et de support informatique (nombre d’ordinateurs ou tablettes). Comment faire dans une famille quand les enfants doivent se connecter en même temps ?
Augmentation de la fracture numérique ! L’enseignement à distance est tout simplement impossible pour certains élèves, parce qu’ils ne disposent pas tous d’outils numériques à la maison. Nous observons de ce fait une in-équité de l’enseignement. Faut-il rappeler que toutes les familles ne disposent pas d’internet à la maison en France. Si plus de 90% des français ont un smartphone avec accession à internet, cela n’est pas suffisant pour du télé enseignement.
Rappel de quelques fondamentaux.
L’enseignement à distance seul est une ineptie pédagogique. Nous savons que les méthodes les plus pertinentes sont celles qui croisent le présentiel au distanciel. Toutes les méta-analyses depuis bientôt dix ans le montrent !
Il n’est pas possible d’être plus de 3h00/jour en état d’apprentissage sur de nouvelles notions. C’est tout simplement IMPOSSIBLE. Ceux qui l’imposent, n’ont qu’à essayer..et ils verront qu’au bout d’une heure, ça explose !
Pas d’évaluation sur des notions nouvelles sans un temps de présentiel minimum. Et pas d’évaluation-notation ou certification durant cette période de confinement.
Il est inacceptable, incohérent, non pertinent de demander aux parents de se transformer en enseignant. Ils ne sont pas là pour ça. Leur mission est autre. Et surtout, ils ne sont pas formés à cela. Je ne vous dis pas les dégâts sur certains apprentissages fondamentaux. Mettre en place des situations d’apprentissage ne s’inventent pas ! Personnellement en tant qu’ancien prof d’EPS, il nous a bien fallu quatre années de formation initiale pour maîtriser un peu ce qu’était une situation d’apprentissage !
Il est inégalitaire et anti-constitutionnel d’imposer l’enseignement de nouvelles notions dans les programmes hors de l’école ! C’est de la responsabilité de l’école dans notre République.
Nous avons à accepter cette période d’incertitude…C’est la vie…Ce n’est pas parce que nos enfants, nos ados, nos jeunes n’auront pas classe durant quelques semaines, voire quelques mois, que c’est un DRAME. C’est justement l’occasion de revenir et de réapprendre des fondamentaux :
– S’ennuyer,
– Rêver,
– Lire,
– Faire de l’activité physique quotidienne,
– Apprendre à vivre dans le silence,
– Apprendre la solitude,
– Apprendre l’intériorité,
– Dormir normalement….
Quand aux examens, brevet, bac, si besoin, ils seront décalés. Les sujets seront adaptés au contexte particulier que nous vivons !
L’Angleterre vient d’annuler tous les examens de fin d’année scolaire. L’obtention des certifications se faisant sur le contrôle continu.
Raymond Barbry le 22 mars 2020.

Confinement..Suite, message à tous les collégiens, lycéens, parents et enseignants francais

Pour faire suite au premier message mis en ligne dimanche soir (le 15 mars, https://agepsraymondbarbry.wordpress.com/2020/03/14/message-a-tous-les-lyceens-collegiens-de-france-et-a-leurs-parents/)  et aux nombreuses demandes de suivi (plus de 8000 vues depuis deux jours). Je complète, compte tenu du confinement qui s’impose depuis 12h00 ce mardi 17 mars, et j’enrichis de témoignages qui m’ont été remontés durant ces deux derniers jours.

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Fondamentalement, rien ne change, si ce n’est que nous ne pouvons plus sortir. Aller rencontrer d’autres personnes est strictement interdit (sauf les cas définis par le décret du 16 mars).

En conséquence, pouvoir aller rencontrer des ami-es n’est plus possible à compter de 12h00 de ce jour.

Il importe d’autant plus d’être vigilant sur les aspects suivants :

  • Vous pouvez sortir de chez vous (seul-e) pour faire une activité physique à condition de rester proche de chez vous. C’est déterminant ! Nous n’insisterons jamais assez sur cet aspect. L’activité physique est fondamentale à notre bien être et à notre santé et au maintien de nos défenses immunitaires (d’autant plus en phase de confinement !)…Alors, allez marcher, courir (faire le tour du quartier en marchant, en courant), si besoin plusieurs fois par jour. Mais n’oubliez pas de remplir votre attestation ! Concernant, les activités physiques, ce peut être l’occasion de faire chez soi, quotidiennement, du gainage, des étirements, du cardio (step, corde) etc….Contactez vos profs d’EPS, ils vous communiqueront des programmes.
  • Organiser sa journée le plus possible tout en mettant de la souplesse. Il y a des incontournables : se  lever à la même heure, maintenir des repas réguliers, aller se coucher à des horaires réguliers, se tenir à un temps d’activité intellectuelle de type scolaire quotidiennement (deux fois 1h30 est largement suffisant), réguler son temps sur les réseaux sociaux et devant les écrans.
  • Apprendre le silence et le calme. Pour celles et ceux qui vivent en ville, vous allez observer une diminution du volume sonore. je dirai, tant mieux. Profitez de cette opportunité pendant les deux semaines qui viennent, voire plus ! C’est une CHANCE. Nous savons que le silence acoustique est déterminant pour notre santé.  C’est ce silence qui permet à notre système nerveux de se régénérer, à notre corps d’évacuer les toxines qui conduisent peu à peu aux maladies dégénératives. Et surtout vous allez de nouveau apprendre la créativité, la mémorisation et la construction de votre « Soi ». La science atteste aujourd’hui des découvertes des grandes sagesses d’Orient et d’Occident, à savoir les pouvoirs du silence. Alors profitez en, même si cela vous semble difficile au début ! A ce sujet nous avons en France un des spécialistes de cette question, Michel Le Van Quyen (Inserm).
  • Apprécier de prendre du temps pour faire des choses simples mais déterminantes pour notre santé et notre bien être. Pour citer quelques exemples qui m’ont été livrés depuis deux jours, faire la cuisine, prendre du temps pour jouer,  être présent à nos proches, à nos amis les animaux domestiques, dormir, lire, s’ennuyer, etc..

Ce qui nous arrive, au delà des morts qui vont attrister des familles, a un sens et va nous amener à tous nous interroger sur notre manière d’agir, sur nos conditionnements éducatifs et sociaux. Des morts nous en avons bien plus de par la grippe saisonnière, la pollution et les changements climatiques que nous constatons depuis plusieurs années, par l’augmentation de la pauvreté dans le monde !

Je terminerai par ce que nous dit aujourd’hui  Boris Cyrulnik sur ce confinement

Actuellement avec ce confinement, c’est la recherche interne que l’on doit viser

Raymond Barbry le 17 mars 2020.