Archives de Tag: bien être

S’entretenir…se maintenir en « bonne » santé…vivre, en période de confinement !

Pour celles et ceux qui ne peuvent se rendre au travail ou dans les établissements scolaires, qui sont tenus à rester chez eux avec comme seule autorisation, celle de pouvoir sortir une heure/jour pour marcher, courir ; guette insidieusement la sédentarité, le laisser aller avec les conséquences néfaste pour la santé (bio-psycho-socio): surpoids, baisse des défenses immunitaires, déprime, lassitude, perte de motivation et d’engagement, repli sur soi, désocialisation etc…

https://unric.org/fr/wp-content/uploads/sites/2/2020/03/maison-confinement-696x463.jpg

Le confinement est une situation stressante très forte qui n’est pas sans conséquence sur la santé globale, d’autant qu’elle est imposée, subie et non désirée par la plupart des personnes.  Elle est une  marque de privation de la liberté. C’est un enfermement imposé chez soi.

Alors que faire ? Comment maintenir, entretenir, voire développer cet état d’esprit d’engagement et cette dynamique de vie qui maintiennent nos défenses immunitaires à un haut niveau dans ce contexte d’enfermement ?

Voici quelques pistes concrètes et simples qui sont à adapter à chacun en fonction de son âge, de sa maturité de son parcours de vie et de ses aptitudes. Les valeurs en temps données sont relatives. Il importe que soient pratiquées, quotidiennement pour certaines et hebdomadairement pour d’autres, des situations proposées ci dessous.

1/ Pratiquer un ou plusieurs temps d’activité physique dans la journée.

C’est en développant une bonne condition physique que nous renforçons notre capacité de réponse immunitaire. C’est une des thérapies dont nous disposons actuellement et c’est la plus importante. Aussi en respectant les distances de sécurité (plus de 3 mètres) aller courir, marcher, prendre cette heure de sortie autorisée est nécessaire et vitale !

Dans l’idéal, trois temps d’activité physique quotidienne vont participer à lutter efficacement contre la sédentarité imposée par le confinement. Par exemple pour des enfants (plus de 7 ans), adolescents, jeunes et adultes :

– 20mn en début de matinée des étirements ou du yoga.  Nous trouvons sur internet (YouTube) une multitude de séances adaptées à tout un chacun.

– 20mn en fin de matinée des exercices plus toniques à base de gainage, d’ateliers dynamiques qui peuvent être réalisés chez soi. La fédération Française d’athlétisme entre autre a mis en ligne des séances type qui peuvent être réalisées par des enfants comme des adultes qui plus est de manière ludique. (voir le site de la FFA)

– de 20mn à 1h00 d’une activité dite d’endurance en extérieur en respectant les distances de sécurité, soit un effort plus long  continu sollicitant la filière aérobie, de la marche, de la course à pieds, une alternance de marche-course à pieds…La durée est fonction de  l’âge, des aptitudes initiales…Un principe de base ne pas être en essoufflement, rester en maîtrise ventilatoire.

Pour celles et ceux qui disposent d’un jardin, aller passer un moment dans le jardin, l’entretenir, se baisser, se relever, se déplacer participent de ces temps d’activité physique !

Un autre repère pour éviter les longs moments en position assise ou semi-allongée (canapé), toutes les heures se lever, marcher dans l’habitation faire quelques étirements. Ce qui est néfaste est la situation de rester sans bouger plusieurs heures !

2/ Pratiquer des temps de silence.

Cela peut paraître paradoxal en période de confinement de proposer cette activité et pourtant elle est indispensable à notre équilibre psychique. Nous avons besoin de calme, de silence. Le bruit est une des causes du stress si élevé de notre vie moderne ! « Nous savons aujourd’hui que lorsque nous favorisons le silence acoustique, mais aussi attentionnel, visuel ou méditatif, notre cerveau bascule dans un état particulier. C’est cette déconnexion qui l’aide à  se régénérer, à évacuer les toxines conduisant aux maladies neurovégétatives. Mieux le silence sous toutes ses formes est bénéfique pour la créativité, la mémorisation, voire la construction de notre « moi ». Michel Le Van Quyen – Voir Cerveau et silence.

Concrètement, il s’agit pendant un temps donné de ne pas parler, et si possible de couper toutes les sources de bruit dans l’habitation. Ce temps est défini au préalable. Cela peut aller de quelques minutes (1 à 3mn notamment avec des enfants) à plusieurs heures, voire une journée entière (par exemple pour des adultes une fois/mois, une journée en silence !).  A chacun de se définir ses objectifs en fonction du contexte de vie (nombre et âge des personnes vivant sous le même toit).

Pour les personnes habituées aux pratiques de contemplation, de pleine attention, de méditation, de zazen,  de sophrologie, de relaxation, vous pouvez profiter de ce temps  de silence pour pratiquer de vous mêmes sans guidance extérieure.

3/ Placer des temps de méditation, de cohérence cardiaque, de sophrologie, de yoga, de relaxation guidés dans votre journée.

Depuis plus de trente ans maintenant, nous connaissons et avons les preuves des effets bénéfiques de ces pratiques sur notre santé psychique, physique et sur nos défenses immunitaires (cf les travaux de E.Blackburn – Nobel de médecine 2009). Depuis moins d’une petite dizaine d’années en France, ces résultats et effets sont enfin  reconnus du grand public et de plus en plus recommandées par les milieux de la santé. Ce qui était considéré par méconnaissance culturelle comme des pratiques soit ésotériques, soit « farfelues », voire sectaires est maintenant valorisé ! Alors pourquoi s’en priver, d’autant que nous trouvons une multitude de supports via l’internet.

Nul besoin d’être un expert en méditation pour s’y mettre. Il suffit dans un premier temps de se programmer dans la journée des temps courts de quelques minutes en s’aidant d’une des multiples applications en accès libre.

Pour commencer la cohérence cardiaque est un bon support. Voici trois liens…

https://www.youtube.com/watch?v=22deFxgJF4Q – Classique

https://www.youtube.com/watch?v=BYPu_6nDU7o&t=169s – Pour Stressés

https://www.youtube.com/watch?v=0ShmcJo66Mc&t=45s – Pour enfant

Je ne vais pas recommander une pratique plus qu’une autre. Elles reposent sur les mêmes bases et ont à peu près les mêmes effets dans la durée. L’important, avoir une pratique régulière, comme pour l’activité physique ! Dans le contexte du confinement actuel, trois temps de 5mn/jour (pour les adultes) est une bonne base de départ. Pour les enfants en dessous de 10 ans, commencer par des temps plus courts(vous trouvez des applications pour les enfants). Cela peut se pratiquer en famille. Pour celles et ceux qui souhaitent des séances plus longues de plus de 5mn et jusqu’à 1h00, vous trouvez sur internet en accès libre des séances toutes faites. Pour donner quelques exemples parmi tant d’autres vous pouvez trouver sur internet, Clarisse Gardet, Christelle Ringeval, Marine Locatelli, Christophe André, Frédéric Lenoir, Fabrice Midal, Ilios Kitsous mais aussi Sofrocay, Petit Bambou, Yupsi le petit dragon, Calme et attentive comme une grenouille,  etc….

3/ Couper la télévision, les écrans et les infos.

Note époque est marquée au plan médiatique par des chaînes d’informations qui fonctionnent en continu et qui ressassent heure par heure, les mêmes nouvelles souvent défaitistes, démoralisantes parce que nous sommes attirées par ce type d’informations ! C’est ainsi.

Nous savons qu’en moyenne nous passons beaucoup de temps devant la télévision, et l’état de confinement va augmenter ce temps. Au delà de trois heures par jour pour les adultes et une heure pour les enfants, des effets néfastes ont été observés sur notre santé (augmentation de la sédentarité, obésité etc…). Le confinement augmente de fait ce temps devant les écrans et participe à un effet anxiogène accru via des informations communiquées en boucle.

S’en tenir à des temps courts d’infos.  Privilégier les émissions ou film provoquant de la joie, des rires.

Et pourquoi pas de temps en temps, la journée sans télé et sans écran !

4/ Savoir couper le smartphone et aussi l’exploiter pour le maintien du lien social.

Nous passons beaucoup de temps sur nos smartphones et ordinateur. En moyenne en France nous le consultons plus de 400 fois/jour !  Nous avons de plus en plus de mal à nous en détacher. Les effets néfastes sur la santé et sur nos capacités cognitives d’une sur-exploitation et sur-exposition à ces outils sont bien connus aujourd’hui. Voir à ce sujet les travaux de Manfred Spitzer (Ulm – Les ravages des écrans), ceux de Michel Desmurget (Lyon – Inserm – Les dangers des écrans pour nos enfants) et  l’ouvrage de Neil Postam (EU) Technopoly ou comment la technologie détruit la culture.

Il ne s’agit pas de ne pas utiliser ces outils qui nous permettent en cette période de confinement de maintenir le lien social déterminant à notre santé psychique et donc à augmenter nos défenses immunitaires.

Il s’agit de savoir s’en détacher quelques minutes, voire quelques heures, voire une journée. En tous les cas, ne pas le consulter durant la nuit ! A ce jour plus de 50% des français le consultent la nuit et perturbent ainsi leur sommeil.

5/ le sommeil ! déterminant….

Le confinement à la maison dérègle la vie sociale et agit sur nos rythmes. Certes certains et certaines peuvent bénéficier de temps de sommeil plus longs. C’est le cas notamment de tous les élèves de l’école au lycée qui n’ont plus à  se lever pour certains très tôt (parfois 5h30-6h00 du matin).

Il ne s’agit pas de reproduite les horaires de lever et de coucher du temps hors confinement. Mais surtout de maintenir une qualité et quantité de sommeil suffisants. L’occasion de retrouver le temps de sommeil nécessaire à notre équilibre. Nous avons perdu au fur et à mesure des années et depuis trente années des heures de sommeil. Or le sommeil est le premier facteur de la « bonne » santé !

6/ Oser l’esprit du débat philosophique (dés l’age de 5-6 ans).

Cette pratique de l’échange, du partage et du débat peut être exploitée dans le contexte familial. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit à partir d’un mot, d’un thème, d’une image, d’une lecture d’un texte court d’échanger suivant les principes suivants :

– Une personne parle à la fois.

– On n’émet pas de jugement de valeur.

– On peut demander la clarification d’une idée.

– On peut alimenter, enrichir une idée qui a été émise.

– On ne contredit pas l’idée d’une autre personne. Chaque personne a le droit de penser ce qu’elle pense. Ce n’est qu’une idée. Chaque personne a de bonnes raisons de penser ce qu’elle pense.

– Une conclusion peut être émise par chaque personne…ce que je retiens de ce moment.

A ne faire que dans un contexte familial apaisant. Il ne s’agit aucunement de vouloir avoir raison, de convaincre, mais de s’enrichir chacun par l’apport des idées des autres. C’est la construction de l’intelligence collective.

7/ Jouer !

C’est l’occasion de ressortir les jeux de cartes, de sociétés qui sont facteurs de lien social et affectif. Notre temporalité moderne a réduit ces temps de « jeu » qui ont pratiquement disparu de nos cadres de vie. Et pourtant ils sont porteurs d’une grande richesse et développent au delà du plaisir de jouer en lui même, l’acceptation des règles, l’acceptation de la frustration, le développement de la collaboration, le développement de l’intelligence globale.

8/ Partager chaque jour les bons moments vécus.

Nous avons tendance en tant qu’être humain à ne nous souvenir que des moments désagréables, et à les ressasser ! Ce qui est facteur de stress excessif (sur-stress). Cet état de stress constant et latent déclenché par des pensées négatives tournées vers le passé (regret, culpabilité) ou le futur (peur, angoisse) épuise l’organisme et fait chuter drastiquement nos défenses immunitaires. C’est en grande partie ce qui nous rend plus fragile face à la maladie.

Aussi, il importe de conscientiser, de mémoriser et de partager les bons moments vécus. On ne mesure pas combien cette simple démarche réalisée quotidiennement agit sur notre bien être intérieur et réduit notre niveau de stress latent !

Et maintenant, comment faire ?

Avant tout, accepter la situation sanitaire de confinement qui est la notre. Cet état d’acceptation va de fait réduire l’effet de mal être latent qui s’installe insidieusement et durablement. Ensuite,  à chacun de se fixer  ses propres objectifs et petits défis quotidiens et hebdomadaires qui vont permettre de se maintenir dans cette dynamique de vie qui permet de maintenir et renforcer naturellement nos défenses immunitaires.

Raymond Barbry le 17/04/2020

Confinement..Suite, message à tous les collégiens, lycéens, parents et enseignants francais

Pour faire suite au premier message mis en ligne dimanche soir (le 15 mars, https://agepsraymondbarbry.wordpress.com/2020/03/14/message-a-tous-les-lyceens-collegiens-de-france-et-a-leurs-parents/)  et aux nombreuses demandes de suivi (plus de 8000 vues depuis deux jours). Je complète, compte tenu du confinement qui s’impose depuis 12h00 ce mardi 17 mars, et j’enrichis de témoignages qui m’ont été remontés durant ces deux derniers jours.

Résultat de recherche d'images pour "confinement total"

Fondamentalement, rien ne change, si ce n’est que nous ne pouvons plus sortir. Aller rencontrer d’autres personnes est strictement interdit (sauf les cas définis par le décret du 16 mars).

En conséquence, pouvoir aller rencontrer des ami-es n’est plus possible à compter de 12h00 de ce jour.

Il importe d’autant plus d’être vigilant sur les aspects suivants :

  • Vous pouvez sortir de chez vous (seul-e) pour faire une activité physique à condition de rester proche de chez vous. C’est déterminant ! Nous n’insisterons jamais assez sur cet aspect. L’activité physique est fondamentale à notre bien être et à notre santé et au maintien de nos défenses immunitaires (d’autant plus en phase de confinement !)…Alors, allez marcher, courir (faire le tour du quartier en marchant, en courant), si besoin plusieurs fois par jour. Mais n’oubliez pas de remplir votre attestation ! Concernant, les activités physiques, ce peut être l’occasion de faire chez soi, quotidiennement, du gainage, des étirements, du cardio (step, corde) etc….Contactez vos profs d’EPS, ils vous communiqueront des programmes.
  • Organiser sa journée le plus possible tout en mettant de la souplesse. Il y a des incontournables : se  lever à la même heure, maintenir des repas réguliers, aller se coucher à des horaires réguliers, se tenir à un temps d’activité intellectuelle de type scolaire quotidiennement (deux fois 1h30 est largement suffisant), réguler son temps sur les réseaux sociaux et devant les écrans.
  • Apprendre le silence et le calme. Pour celles et ceux qui vivent en ville, vous allez observer une diminution du volume sonore. je dirai, tant mieux. Profitez de cette opportunité pendant les deux semaines qui viennent, voire plus ! C’est une CHANCE. Nous savons que le silence acoustique est déterminant pour notre santé.  C’est ce silence qui permet à notre système nerveux de se régénérer, à notre corps d’évacuer les toxines qui conduisent peu à peu aux maladies dégénératives. Et surtout vous allez de nouveau apprendre la créativité, la mémorisation et la construction de votre « Soi ». La science atteste aujourd’hui des découvertes des grandes sagesses d’Orient et d’Occident, à savoir les pouvoirs du silence. Alors profitez en, même si cela vous semble difficile au début ! A ce sujet nous avons en France un des spécialistes de cette question, Michel Le Van Quyen (Inserm).
  • Apprécier de prendre du temps pour faire des choses simples mais déterminantes pour notre santé et notre bien être. Pour citer quelques exemples qui m’ont été livrés depuis deux jours, faire la cuisine, prendre du temps pour jouer,  être présent à nos proches, à nos amis les animaux domestiques, dormir, lire, s’ennuyer, etc..

Ce qui nous arrive, au delà des morts qui vont attrister des familles, a un sens et va nous amener à tous nous interroger sur notre manière d’agir, sur nos conditionnements éducatifs et sociaux. Des morts nous en avons bien plus de par la grippe saisonnière, la pollution et les changements climatiques que nous constatons depuis plusieurs années, par l’augmentation de la pauvreté dans le monde !

Je terminerai par ce que nous dit aujourd’hui  Boris Cyrulnik sur ce confinement

Actuellement avec ce confinement, c’est la recherche interne que l’on doit viser

Raymond Barbry le 17 mars 2020.

Message à tous les lycéens, collégiens de France et à leurs parents

Profitez pleinement de ce mois et demi qui vient.
C’est une chance que vous avez. C’est rare, alors profitez en !
La dernière fois  c’est arrivé en 1968 (fin mai et juin).
Résultat de recherche d'images pour "lycéens"
Je suis très sérieux dans ce qui va suivre, je m’appuie sur les travaux de E. BLACKBURN (Prix Nobel de médecine pour ses travaux sur l’épigénétique)
Vous allez pouvoir pendant un mois et demi tous les jours :

Bien dormir. Nul besoin de vous réveiller à 5h30 au 6h00 du matin pour être à 8h00-8h30 au lycée ou au collège.

Faire chaque jour au moins 30mn d’activité physique. Si vous en faisiez trois fois/jour 30mn ce serait TOP pour votre santé et vos neurones ! Allez marcher, courir, faire du vélo, faire des étirements, du gainage….

 – Faire de la cuisine..faire de bons petits plats simples et dépourvus des « cochonneries » habituelles des fast-food ou des plats tout préparés…

Apprendre à vous ennuyer !!! Si vous lisez bien. S’ennuyer, c’est très bon pour la santé, pour l’imagination et la créativité.

Apprendre à méditer et développer votre vie intérieure. Nous savons  que ces pratiques sont très bonnes pour notre santé, le développement de notre empathie et de la solidarité.  Nous en  avons les preuves par les sciences (depuis une trentaine d’années) et par  l’expérience (depuis plus de 2600 ans).  Nous savons par exemple que 3x5mn par jour suffisent. Nous disposons d’une multitude d’outils aujourd’hui (sophrologie, pleine attention, méditation de pleine conscience, méthode Vittoz, euthonie, relaxation dynamique, cohérence cardiaque, contemplation…)

Faire plusieurs fois par jour, disons trois fois par jour de 1h00 à 1h30 de travail intellectuel (plate forme numérique de l’EN, de vos lycées et collèges).

Lire..Lire..Lire des livres, des BD…Feuilleter, tourner les pages…

Prendre du temps pour rêver et être dans le calme et le silence qui sont des déterminant de notre bien être et de notre santé.

Aller sur les réseaux sociaux de temps en temps pour maintenir du lien dans cette phase d’isolement physique obligée. Un lien de solidarité, d’amitié et d’amour…

Et si c’est possible, dans le respect des conditions sanitaires, vous rencontrer.

 
Faites de cet événement qui met une rupture dans nos habitudes et routines sociales, une chance pour vivre pleinement.
Raymond Barbry le 14 mars 2020

Rencontres et formation entre enseignants et parents d’élèves, ça c’est de l’innovation !

Dans le cadre d’un conseil d’établissement réunissant parents et enseignants, une école primaire de Douai (St Jean) a initié deux temps de formation communs que l’AGEPS-Raymond Barbry a animé sur cette année scolaire 2019-2020. L’objet des deux temps portait sur l’attention-concentration et la régulation des émotions.

Résultat de recherche d'images pour "ecole saint jean douai 59"

Les deux thématiques ont été choisies au regard de formations préalables engagées antérieurement par l’équipe pédagogique qui a posé comme priorité du projet d’école le développement des capacités attentionnelles. Ce travail a été initié il y a plusieurs années de cela  (cinq ans). Au regard du contexte sociétal et des observations faites en classe (augmentation des TDAH, difficulté grandissante à réguler les émotions….), le conseil d’établissement a proposé pour cette année scolaire deux temps de rencontres en soirée entre parents et enseignants pour être conjointement informés et formés sur ces deux thématiques et renforcer la collaboration déjà existante afin d’améliorer la cohérence éducative entre les enseignants et les parents.

C’est ainsi que nous avons pu aborder les fondamentaux à la fois de l’éducation émotionnelle et du développement-entretien de l’attention/concentration. Nous savons que ce sont deux des principaux facteurs qui au delà des méthodes pédagogiques favorisent l’engagement dans les apprentissages scolaires et non scolaires.

Comme nous avons dépassé le stade de l’information et des échanges pour faire de ces deux temps de la formation, nous avons proposé des mises en situations concrètes qui ont permis aux participants (parents, enseignants, personnel éducatif, direction) de mesurer leur propre niveau attentionnel, de faire des exercices de développement et de renforcement de l’attention à la fois pour les adultes et les enfants de plus de six ans. Concernant l’éducation émotionnelle, nous avons caractérisé les émotions de base que chacun a pu identifier en les reliant à des événements personnels en pointant les effets tant psychiques que physiques de ces émotions agréables et désagréables. Nous avons à la suite repérer des situations éducatives qui participent à aider les enfants à apprendre à réguler leurs émotions pour se mettre en état de stabilité émotionnelle, état qui favorise la présence  et l’engagement.

Ces rencontres furent l’occasion de rappeler des fondamentaux qui participent au mieux être global des enfants comme des adultes :

  • des temps de sommeil suffisant (indispensable à la croissance, à la mémorisation et au mieux être psychique).
  • une alimentation saine et où sont réduits autant que faire se peut tous les produits transformés et fortement chargés en sucre et autre produits surajoutés (perturbateurs endocriniens etc…).
  • un temps d’activité physique quotidien.
  • un temps de jeu quotidien.
  • des temps de silence et de calme quotidiens (même bref) et des temps de rien et d’ennui (bref mais indispensable).
  • des temps partagés avec les autres sans perturbation extérieure (par exemple, les repas etc…).
  • des temps devant les écrans qui sont adaptés et régulés en fonction de l’âge des enfants.

Raymond Barbry, le 04 mars 2020.

Éduquer, enseigner dans un contexte de mutation sociétale (conférence de la journée du 12 février à Amiens).

Ce sont plus d’une centaine d’enseignants du cycle 2 des écoles primaires du département de la somme qui ont participé à cette journée du 12 février organisée à l’instigation de Martine Dargent (chargé de mission) et l’équipe de la DD  d’Amiens. Le contenu de cette journée a été élaboré conjointement par Maud Agasse de l’Ifp de Lille et Raymond Barbry-AGEPS.

Résultat de recherche d'images pour "confiance"

Une conférence de Raymond Barbry en matinée qui a été introduite et conclue par deux temps de sophrologie menés par Christelle Ringeval (CPE et sophrologue).

Cette conférence avait pour but de poser la problématique actuelle, les enjeux et défis posés à l’éducation dans cette période particulière de transition sociétale voire civilisationnelle. Voici en résumé les points qui ont été abordés :

1. Nous sommes dans une phase transitionnelle comme nous en rencontrons tous les 500 à 600 ans. L’histoire de l’humanité nous a montré que ces phases de transition ont une durée de 50 à 60 ans. Le début de celle que nous vivons aurait débuté au moment du 1er choc pétrolier (vers 1970). Une telle phase génère des tensions, des crises, de la peur et de l’angoisse sur l’incertitude du monde à venir. Mais c’est aussi une chance, car ce sont dans ces phases qu’émergent les réponses aux différents  problèmes posés à l’humanité.

2. De quel côté allons nous basculer ? Vers le sapiens-demens ou le sapiens-sapiens, comme Edgar Morin nous l’a présenté et que je reprends enrichi des travaux de philosophes, de scientifiques, de chercheurs, de théologiens, de politiques.

  • De quelques repères qui caractériseraient une époque marquée par le « démens » et qui mettraient en danger notre humanité à moyen, voire à court terme : le matérialisme – le transhumanisme –  la compétition exacerbée et le culte de la performance –  le néo-libéralisme non régulé et le capitalisme cognitif – le culte du patriarcat (le côté masculin reste dominant) – l’exploitation et l’épuisement des ressources de la terre –  l’exploitation de l’être humain (ubérisation, esclavagisme moderne) augmentation de la pauvreté et de la précarité, l’écart grandissant entre les plus riches et le reste de la population – la robotisation et développement de l’IA non régulés –  la peur et la non acceptation de notre finitude ou la peur de la mort considérée comme une fin….
  • De quelques repères qui caractériseraient une époque marquée par le côté « sapiens » et qui favoriseraient la poursuite de la vie sur notre planète dans des conditions acceptables pour ses habitants : le post-matérialisme (la vie est plus que de la matière) – le lien entre science et spiritualité – l’économie participatif, la coopération, l’entraide et le partage s’imposent – la conscience est plus que l’émanation du cerveau (on parle de conscience extra-neuronale) – le matriarcat prend sa place et l’équilibre féminin, masculin prend racine – la terre « Gaïa » est un organisme vivant – le panpsychisme, le transpersonnel et l’ecopsychologie deviennent des cadres de référence pour comprendre la vie – la vie, c’est le lien, l’interaction, tout est relié – le vide et l’invisible be sont pas  rien, il sont remplis d’informations – la mort n’est pas une fin, mais un passage….

3. En cette période de mutation, nous sommes interpellés sur toutes les dimensions de notre humanité : les valeurs, le religieux, l’économie, le politique, la science. Ces changements en cours touchent aux aspects les plus profonds de nos vies, la relation homme-femme, le sacré, la vérité, le statut de la raison et de la science, mais aussi de la conscience du temps, de l’espace et du bonheur. C’est bien notre manière de vivre « moderne » qui est en crise. Notre manière de penser trop analytique, mentale et rationnelle ne satisfait plus. Il est normal de sentir cette angoisse car ce sont les plaques tectoniques qui bougent !

  • Effets et conséquences de cette mutation sociétale sur l’éducation.  A quel monde préparons nous, les enfants, les adolescents, les jeunes ? Ce sont eux qui auront à trouver dans les années qui viennent des solutions qui n’existent pas encore et que nous ne pouvons pas encore imaginer. Il s’agit de leur apprendre à penser et agir « out of the box » (On ne résoud pas des problèmes avec des solutions qui ont créé ces problèmes).

4. Un état des lieux actuels en éducation dans les pays reconnus comme modernes et ayant comme modèle de référence le monde occidental.

  • Au cours des 15 dernières années, les chercheurs nous ont donné des statistiques de plus en plus alarmantes sur une augmentation aiguë et constante de la maladie mentale infantile qui atteint aujourd’hui des proportions épidémiques.
  • Voici quelques données chiffrées : Un enfant sur cinq a des problèmes de santé mentale –  Augmentation de 43 % du TDAH (des difficultés d’attention et de concentration, des symptômes d’hyperactivité et d’hyper kinésie, état d’hyperactivité particulièrement diagnostiqué chez les enfants et des problèmes de gestion de l’impulsivité – Une augmentation de 37 % de la dépression chez les ados – Une augmentation de 200 % du taux de suicide chez les enfants âgés de 10 à 14 ans (400% aux EU).
  • Mais aussi : Une perte des qualités physiques et motrices (de 15 à 25% en quinze ans) – Perte des capacités attentionnelles. Le temps moyen de concentration soutenu chutant à 9 secondes ces dernières années, alors qu’il était de 3mn il y a une vingtaine d’années, 45 secondes il y un peu plus de cinq ans  – La diminution du temps de sommeil avec les conséquences sur l’état de fatigue générale, la croissance et la mémorisation – Le temps chronophage passé devant les écrans (> de 7h00 en moyenne en France)- La sur-stimulation et la perte drastique des temps de silence (ennui, calme…) – Une alimentation surchargée en sucre.

5. État des lieux concernant les enseignants aujourd’hui en France et plus particulièrement pour le 1er degré.

  • Augmentation de l’épuisement professionnel dans tous les métiers de l’éducation. Pour le 1er degré, une estimation en fonction des contextes et des niveaux de responsabilité donne des % oscillant entre 13 et 20% (MGEN, MEN). Faut-il rappeler qu’à partir de 8% d’épuisement professionnel dans une organisation il est estimé que cette dernière met en danger les personnes !
  • Au sujet du stress professionnel et plus particulièrement du sur-stress qui mène à l’épuisement professionnel dans la durée, je fais le constat suivant depuis plus de quinze ans. J’observe une augmentation constante du niveau de stress professionnel. Sur l’échelle de Légeron qui comporte 5 niveaux de stress professionnel, le pourcentage d’enseignants  qui atteignent les niveaux les plus élevés (4 et 5) ne fait que croître. Aujourd’hui ce sont plus de 60% des personnes travaillant en milieu éducatif 1er degré qui atteignent ces niveaux.
  • Mais aussi, l’augmentation des démissions – l’augmentation des dépressions et des suicides – Une généralisation de la perte de sens.
  • Cependant, les enseignants français s’investissent beaucoup et sont reconnus comme de très bons professionnels. C’est ainsi que les derniers données de l’OCDE montrent que les professeurs des écoles français sont celles et ceux qui travaillent le plus face à élèves >de 900 heures/an (tâches visibles), qu’ils ont les classes les plus chargées en nombre d’élèves (avec les EU et l’Irlande), qu’ils sont celles et ceux qui ont le plus de temps de travail en tâches dites non visibles (réunion, préparation, correction, accompagnement des enfants etc…). 80% des enseignants font au mieux et plus que ce qu’ils peuvent. C’est une des professions qui a, avec le milieu de la santé, une très haute conscience professionnelle (parmi les plus élevées).

6. Que faire ? Nous sommes face à trois réponses possibles :

  • Se plaindre et augmenter l’état de mal être professionnel et personnel.
  • Laisser faire et laisser aller…le fameux « A quoi bon..tout est foutu ! » ou  » Après moi le déluge » !
  • Agir et construire des réponses adaptées au contexte local (ressources, contraintes).  C’est à dire, d’abord se faire confiance à soi et aux autres (équipes). Si nécessaire entrer en résistance  et s’opposer aux injonctions institutionnelles et politiques parfois dépourvues de sens et non réalistes.

7. Propositions pour agir, éduquer au sapiens-sapiens et répondre aux besoins fondamentaux de développement de l’être humain.

Les propositions qui viennent n’ont rien de révolutionnaires. Elles sont déjà ici et là mises en pratiques dans de plus en plus d’écoles et de classes. Elle ont pour la plupart étaient découvertes il y a de cela bien longtemps et font partie de ce que nous appelons la panoplie des outils dites des « pédagogies nouvelles » (plus d’un siècle pour certaines !). Il s’agit de les adapter au contexte de notre époque.

SURTOUT et AVANT TOUT

Le monde n’a plus besoin de battants, de gens qui réussissent, il a besoin de rêveurs, de personnes capables de reconstruire et de prendre soin d’eux-mêmes, des autres et de l’environnement… et surtout, surtout, on a tous besoin aujourd’hui, plus que jamais, de gens heureux.

Un professeur heureux peut changer le monde ! (Thich Nhat Hanh et Katherine Weare)

  • Proposition 1 / Apprendre le bien être. Nous reprenons ici une des idées fondamentales de la psychologie humaniste et transpersonnelle (Rogers, Maslow, Grof…), relayée par la psychologie positive et mise en valeur par cette phrase de Mathieu Ricard : Le bonheur n’est pas quelque chose qui nous arrive, mais une compétence que nous développons. L’état de bien être s’apprend et se transfère. La psychologie humaniste et positive nous offre une multitude d’outils qui peuvent être exploités en classe.
  • Proposition 2 / Développer l’attention-concentration en en faisant une priorité transversale et quotidienne. Il existe de multiples outils à ce sujet (méthode Vittoz, les pratiques de pleine attention ou méditation, le yoga, la sophrologie, la gestion mentale, la métacognition), mais aussi et surtout toutes les activités mettant le corps en action (activités physiques, le chant, la danse, la musique, le dessin, les arts plastiques, les jeux coopératifs etc…).
  • Proposition 3 / Placer des temps de repos et de calme, plus particulièrement après la pause méridienne. Aussi appeler les « micro-siestes ». Elles sont nécessaires et indispensables d’autant que les enfants dorment moins actuellement.
  • Proposition 4 / Placer des temps de lecture systématique quotidiennement. Les effets de ces temps de lecture personnelle sont maintenant connus au delà de l’acquisition de la lecture. C’est par ce bais que se développent aussi l’imagination, la créativité.
  • Proposition 5 / Remettre les temps d’activités physiques quotidiennes en priorité (motricité globale, motricité fine…). L’activité physique ce n’est forcément le temps d’EPS ou des activités sportives. Ce sont toutes ces activités pédagogiques qui mettent le corps en mouvement.
  • Proposition 6 / Poser dans la journée des temps de silence qui se répètent régulièrement. Antoine De Lagaranderie donnait comme repère 3 fois 1mn de silence par heure de classe, soit 18mn pour une jurnée de classe.
  • Proposition 7 / Exploiter pédagogiquement les outils du numérique en fonction de l’âge des enfants. Il ne s’agit pas de rejeter ces outils, mais de les adapter au contexte et aux besoins éducatifs (voir la règle de maîtrisons les écrans : 3ans-6ans-9ans-12ans).
  • Proposition 8 / Apprendre les enfants à se confronter à la difficulté et à l’effort. Il n’y a pas d’apprentissage sans la prise en compte de cette vérité de base valable pour tous les champs de notre vie !
  • Proposition 9 / Apprendre à débattre, à écouter, à clarifier ses pensées. Nous disposons de nombre d’outils en ce domaine, je pense plus particulièrement aux ateliers « philo » dés la grande section maternelle.
  • Proposition 10 / Apprendre par le jeu et la coopération. Jouer pour un enfant c’est sérieux et impliquant. Une somme d’acquisitions se réalisent par ce biais. Réhabiliter tous ces jeux est pédagogiquement nécessaire d’autant que dans le contexte familial leur temps consacré s’est considérablement réduit. La surexposition aux outils numériques en étant la cause première.
  • Proposition 11 / Développer l’empathie, la compassion et la bienveillance dés l’entrée dans la scolarité. Elle s’apprennent, se développent, se renforcent au quotidien par les activités coopératives, par  les jeux de rôles et le théâtre, la communication non violente et les activités quotidiennes d’une vie de classe. Nombre d’enseignants le font intuitivement.

En conclusion deux points :

L’être humain a des capacités extraordinaires le plus souvent inexploitées voire ignorées par le sujet lui même. Il est de notre responsabilité d’enseignant, d’éducateur d’en permettre l’émergence, tout en sachant que c’est toujours à l’autre qu’appartiendra la décision de l’engagement. Mes expériences professionnelles d’enseignant, de formateur, d’entraîneur, de coachs m’ont monté qu’il suffisait souvent de peu de choses pour les faire émerger et les rendre conscientes chez l’autre. Mais, je n’ai aucune prise sur la décision de l’autre. Il restera toujours une part de mystère, et c’est tant mieux ainsi.

Face à la morosité ambiante, agir. Chacun à son niveau, dans la classe, dans l’école et avec son réseau recréer les trois liens nourriciers de la vie humaine :

Le lien à soi (intériorité)
Le lien avec les autres (fraternité-coopération)
Le lien avec l’environnement (nature)

Raymond Barbry, le 17 février 2020.

Éduquer, enseigner dans un contexte de mutation sociétale – Amiens le 12 février

C’est en partenariat avec l’IFP Lille représenté par Maud Agasse que l’AGEPS-Raymond Barbry propose cette journée à la demande de la DD d’Amiens pour les enseignants du 1er degré des cycles 2 et 3.

Résultat de recherche d'images pour "ville d'amiens"

Cette journée est découpée en deux temps

Le matin une conférence de Raymond Barbry qui sera introduite et conclue par deux temps de sophrologie animés par Madame Christelle Ringeval (CPE et sophrologue).

L’après midi des ateliers permettront aux participants d’approfondir les thématiques suivantes :

  • Posture de l’adulte, pleine présence et autorité (Raymond Barbry).
  • La sophrologie en classe (Christelle Ringeval).
  • La pédagogie positive (Aude Deceuninck).
  • Le stress à l’école (Juliette Dessaux).
  • L’exploitation pédagogique raisonnée des outils numériques (Sylvain Verlynde).

Problématique de la journée,

Nous sommes au cœur d’une période de transition sociétale, voire civilisationnelle. Tous les travaux de recherches en histoire et en prospective se rejoignent actuellement pour appuyer ce fait, à savoir que nous vivons une période qui se répète tous les 500-600 ans et qui marque un changement profond, voire une rupture entre deux périodes de l’histoire. Nous serions d’après les différents experts dans la phase d’entre deux qui a une temporalité de 50 à 60 ans. Le début de cette période transitionnelle aurait commencé avec le premier choc pétrolier(1973), soit un peu plus de quarante ans.

Tous les domaines de la vie sur notre planète se trouvent impactés, environnement, famille, santé, économie, travail, religion, spiritualité, rapport homme-femme, rapport sexe-genre, rapport homme-machine etc….

Ce qui caractérise cette phase transitionnelle est l’incertitude grandissante sur l’avenir. Nous perdons la visibilité et le contrôle sur la vie et notre environnement. Cette incertitude croissante est d’autant plus anxiogène que la société occidentale, dont la pensée est dominante, a construit une représentation collective de contrôle, de maîtrise sur la vie, sur le monde. Or quotidiennement nous sont remontés des faits que ce qui caractérise la vie sur notre planète, c’est l’incertitude ! Qu’en sera-t-il en 2030 des conditions de vie ? Par exemple, quel sera le temps de travail réel ? Pour exemplifier et interpeller, est-ce que les robots (Intelligence Artificielle) auront remplacé les enseignants (ce n’est plus de la science-fiction, c’est réel et actuellement expérimenter dans certains pays) ?

Ce contexte anxiogène alimenté par les médias, les politiques, les orientations prises et les changements de nos modes de vie n’est pas sans impacter les enfants et les jeunes ! Ils sont des caisses de résonance du monde dans lequel ils vivent. Les adultes transmettent aux enfants et aux jeunes ce qu’ils sont !

Il y a deux manières de se positionner en cette période mutationnelle.

  • La première est mortifère et conduit au désastre, voire à la fin d’une civilisation. C’est le déni du réel. C’est l’incapacité à accepter cette réalité qui bouscule nos représentations, nos convictions, nos conditionnements éducatifs. Elle se traduit, en matière de réponses apportées, par faire toujours plus de la même chose et donc à augmenter la situation de dégradation de la société (par exemple : augmentation des burn-out, augmentation des maladies dites de civilisation, augmentation du mal être, augmentation de la pollution, augmentation de la pauvreté….) et l’état anxiogène et de désespérance des populations.

  • La deuxième s’inscrit dans la dynamique et le mouvement de la vie. Elle postule qu’accepter les forces qui imposent le changement (par exemple, les changements climatiques) deviennent des appuis pour construire ensemble dans le quotidien petit pas par petit pas un monde vivable permettant le développement dans le respect du vivant. C’est le principe du colibri qui fait sa part ! C’est ce que prônent aussi les textes fondamentaux des religions, des philosophes humanistes  et c’est aussi ce que promeuvent actuellement tous les rapports (GIEC, encyclique du Pape….).

Il est bien entendu que nous prônons cette dernière posture et nous mettrons en valeur les démarches concrètes qui au plan éducatif permettent d’outiller les enfants dans ce sens.

Raymond Barbry, le 9 février 2020

Le stress au collège, rencontre avec des élèves, des enseignants, tout le personnel d’un collège.

C’est à une belle initiative que j’ai été convié en ce tout début d’année 2020, une rencontre avec tous les adultes d’un collège de Seclin (Immaculée Conception) et les élèves délégués de toutes les classes, soit une cinquantaine de jeunes.

C’est très rare, voire exceptionnel ce genre d’initiative certes sur  une thématique transversale et commune, le stress à l’école, mais avec des problématiques bien spécifiques liés à l’âge et au contexte professionnel et personnel.

Lors cette demi-journée au delà de l’apport et de la clarification sur ce qu’est le stress, le bon, le mauvais, les effets, les causes et particulièrement le contexte de notre époque (mode de vie, crises, phase de changement sociétal etc…), j’ai proposé quelques outils de régulation du stress qui peuvent être exploités soit dans le temps scolaire (en classe), soit dans le temps personnel (chez soi). C’est ainsi que plusieurs situations issues de la cohérence cardiaque, de la pleine attention, de la gestion mentale  ont été pratiquées par l’ensemble des participants.

Les points développés lors de la rencontre

  • C’est quoi le stress ? C’est la vie !
  • Bon et mauvais stress ? De l’influence du mental et de nos pensées sur notre niveau de stress.
  • Un contexte sociétal générateur de mauvais stress. Comment faire avec, s’en protéger et agir au quotidien ?
  • Réguler le temps passé devant les écrans.
  • Les déterminants du mieux être : le calme et le silence, l’intériorité, le sommeil, l’alimentation, l’activité physique, le lien social.
  • Être heureux ça s’apprend !
  • Un entraînement régulier (quotidien) pour développer la conscience et réguler ses pensées c’est possible à tout âge. Il suffit de quelques minutes par jour !

Les situations proposées et pratiquées en grand groupe.

  • Cohérence cardiaque pour les stressés (rythme progressive).
  • Cohérence cardiaque pour adolescents (rythme adapté aux capacités ventilatoires).
  • Cohérence cardiaque pour les adultes (rythme adapté aux capacités ventilatoires).
  • En situation de stress non maîtrisé (mauvais stress), le réguler par une respiration lente et profonde ?
  • En situation de perte de concentration (pensées divergentes), se remettre dans le présent par un point de fixation dans l’espace

Raymond Barbry, le 10 janvier 2020.

Prolongation de l’atelier Méditation proposé par le pôle santé-bien être du RCArras athlètisme

Dans le cadre du pôle d’activité Santé-Bien être, le RCArras-section athlétisme propose à tous ses licenciés méditation laïque (pleine attention – pleine conscience) ainsi que  yoga et gainage méthode « De Gasquet ».

Concernant l’atelier méditation il a été convenu de le prolonger sur l’ensemble de l’année. Cette prolongation se fera sur le rythme d’une rencontre par mois entre janvier et juillet 2020.
Cet atelier est organisé ainsi :
1/ période de septembre à décembre : une rencontre d’une heure chaque semaine, soit une dizaine de rencontres. Les temps de rencontre sont rapprochés afin de faciliter l’acquisition de la pratique de base par un entraînement rapproché.
2/ période de janvier à juin : une rencontre d’une heure chaque mois, soit sept rencontres. Les rencontres sont espacées et visent à être des temps de rappel et d’approfondissement pour les participantes et participants qui ont ce souhait (encadrement par Raymond Barbry).
Rappel, les ateliers yoga et gainage se font sur toute l’année à raison d’une séance par semaine (encadrement par Jean Marc Gallet).
Raymond Barbry le 24 décembre 2019.

Le mal être et la souffrance professionnels dans les métiers de l’éducation, comment en sortir ?

Malheureusement il aura fallu deux drames pour que les souffrances professionnelles endurées dans le milieu éducatif depuis de longue date soient entendues et reconnues ! 

Manifestation de personnels de l'éducation nationale le 3 octobre 2019 à Bobigny après le suicide d'une directrice d'établissement à Pantin.

Le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin, retrouvée sans vie dans son école le 23 septembre, et la tentative de suicide plus récente d’une principale à Bondy ont mis en lumière de manière tragique les souffrances d’un corps enseignant et de direction pour partie exsangue. L’éducation nationale fait face à une crise des vocations, et l’école doit composer avec un malaise du corps enseignant qui fait souvent face à une détresse sociale du côté des élèves.

Au travers de cet article j’aborde d’abord les causes internes profondes des maux qui touchent l’école et qui produisent cet épuisement professionnel croissant, ensuite je mets en exergue ce que j’observe au contact des équipes pédagogiques et  qui participe à éviter l’épuisement professionnel et à donner de l’espoir, et enfin j’indique que cet état de « mal être » généralisé dépasse l’école et que c’est bien à un changement de modèle de société que  nous sommes toutes et tous invités.

De mon côté, je confirme par l’expérience  l’augmentation de ce malaise. Intervenant auprès d’équipes pédagogiques (public comme privé sous contrat) depuis maintenant plus de vingt cinq ans, la lassitude est plus que perceptible et surtout grandissante. Plus inquiétant des équipes qui jusqu’à présent faisaient face, commencent à s’épuiser et ne plus savoir comment faire ! Les causes multiples, comme toujours dans les métiers de l’humain, le manque de moyens certes, mais pas que, en voici quelques unes,

  • Une augmentation de la part administrative qui éloigne du cœur de métier et qui mène à la perte de sens. Il s’agit de lire la lettre de Christine Renon pour bien comprendre cette réalité cachée et invisible du métier le plus souvent réalisée en dehors du lieu de travail, le soir, le week-end, sur les temps de vacances. Pour exemplifier, voici le vécu d’une chef d’établissement d’un multi-site (deux petites écoles primaires de 3 et 2 classes en milieu rural / établissement privé sous contrat). Elle travaille le plus souvent tout son mercredi et une bonne partie de son week-end pour pouvoir assumer toutes les tâches indispensables au bon fonctionnement des établissements, cela en plus du temps de présence dans les établissements. En terme de charge de travail, nous sommes sur des moyennes minimales bien au dessus de 60 heures/semaines (temps comptabilisé objectivement par plusieurs personnes dans cette situation) ! L’amplitude horaire des journées d’école est aux alentours de 7h30 à 19h00. A cela se rajoute au moins  une réunion par semaine au soir sur l’ensemble de l’année (réunions de secteur institutionnel, réunions des associations liées à l’école, parents d’élèves, organisme de gestion, mairie etc…). Car bien entendu dans ces petites structures, pas de secrétariat, pas de comptable !
  • Des problématiques relationnelles de plus en plus prégnantes avec les parents. Le lien de confiance entre parents/enseignants se délite. Le partenariat devient de plus en plus problématique et le dialogue parfois impossible. La régulation de ces situations conflictuelles récurrentes épuisent, mettent sous pression quand elles ne mettent pas en danger les personnes (menaces, agressions verbales voire physiques, judiciarisation etc…).
  • Une reconnaissance institutionnelle et politique insuffisante. Nous héritons d’un déficit de considération et de reconnaissance de longue date. Être enseignant n’est plus reconnu comme un métier à haute valeur. Le politique, mais aussi l’institutionnel lui même ont laissé se répandre l’idée que les enseignants ne s’engageaient pas assez ! Qu’ils travaillaient peu 27h00 dans le premier degré et 18h00 dans le second degré (voire moins) ! Or nous sommes dans un métier où les tâches non visibles sont parmi les plus conséquentes, le temps passé devant élèves ne représente que la partie émergée du travail réel.  Plus inquiétant, parfois, c’est au sein même de l’Institution que les enseignants sont dénigrés. Posture dramatique de dirigeants qui au lieu d’écouter, comprendre et accompagner les enseignants ont dévalorisé dans les médias et le politique leur propre troupe !
  • une formation initiale non adaptée à la réalité professionnelle actuelle. Ce n’est pas nouveau et ce ne sont pas  les changements de dénomination qui y changent quelque chose (Iufm, Espe, Cfp, Ifp….). La formation initiale est totalement inadaptée et insuffisante qualitativement et quantitativement au regard des exigences actuelles. Mais comment peut-on encore penser et croire qu’une seule année de professionnalisation suffit à outiller les enseignants stagiaires à ce métier des plus complexes ? C’est pourtant ce qui se passe dans la réalité. Dans la plupart des formations initiales de cadres aux métiers de l’humain (éducatif, social, santé) et même dans les métiers de l’industrie et du commerce, l’aspect professionnalisant est présent sur un minimum de deux années voire trois pour la plupart (stages, alternance).
  • une formation continuée insuffisante et ne correspondant pas aux besoins des enseignants. Que dire de ce volet ! Pour avoir pendant plus de dix ans était responsable des plans de formation continue au niveau d’une région, j’ai constaté la difficulté pour l’Institution de considérer l’enseignant comme une personne suffisamment apte à définir elle même ses propres besoins de formation. Concernant les priorités en matière de besoins de formation, c’est la logique hiérarchique descendante qui prédomine et ce malgré les instances de concertation existantes. Certes en ce domaine il y a eu des avancées dans certaines régions, mais nous devons reconnaître que l’enseignant n’est pas toujours reconnu comme acteur premier de sa formation continue. C’est encore en fonction des systèmes (public ou privé sous contrat), soit le chef d’établissement, soit l’inspection académique, soit la direction diocésaine qui décident ce qui est bon pour l’enseignant !
  • un des métiers qui demande le plus d’énergie psychique. Le seul métier de l’humain où une personne se retrouve seule avec un groupe conséquent (dans le primaire, c’est 6h00 de présentiel direct avec le groupe/par jour avec le plus souvent > de 25 élèves ). La plupart des personnes hors éducation n’imagine pas ce que représente de faire classe en matière d’énergie psychique. Les interactions sont multiples. Les micro-décisions à prendre s’enchaînent (en moyenne plus de 120 en 50mn!). La vigilance est constante et ce même en contexte favorable. Le niveau de pleine attention est à son niveau le plus élevé et nécessite un état de sérénité intérieure suffisant pour agir et interagir avec pertinence. Et à cela les enseignants ne sont pratiquement pas formés et préparés (cf le volet formation initiale). De plus et depuis quelques années, la perte grandissante des capacités attentionnelles des enfants et des jeunes est venue rendre encore plus complexe l’acte d’enseignement et ce quelles que soient les méthodes pédagogiques !

Ces causes sont connues, mais alors pourquoi cette non écoute et incompréhension des difficultés professionnelles des enseignants par une partie de la société, le politique et même parfois par les responsables institutionnels du système lui même ( Ministère, Rectorat, Inspection Académique, Secrétariat Général de EC, Direction Diocésaine de l’EC) ? Cette question est de mon point de vue centrale.

Les difficultés identifiées sont connues mais déniées ! J’en suis arrivé à cette conclusion. Les reconnaître officiellement, serait comme ouvrir une « boîte de Pandore »  avec des effets et des conséquences peu contrôlables. Et ça fait peur à tout responsable ! Il en est ainsi dans toute crise concernant les milieux professionnels. Au fond nous savons bien que nous demandons l’impossible à toutes les personnes qui œuvrent dans le cadre des établissements scolaires (enseignants, conseillers principaux d’éducation -CPE-, aux directeurs-trices d’école, voire aux chefs d’établissement -Principaux et Proviseurs)- et aux inspecteurs IEN-IPR, sans compter les infirmières, les assistantes sociales et les psychologues de l’éducation), et en même temps il leur est demandé de faire encore plus et mieux. Dans ce cas le reproche fait ou le message envoyé est paradoxal « Tu dois prendre du temps pour toi »… « Tu dois déléguer »… »Tu dois mieux t’organiser » …’Tu ne dois pas répondre à toutes les sollicitations », et le jour d’une mise en application d’un de ces ordres, c’est le reproche qui est renvoyé ! Ou encore, il est courant d’entendre des injonctions du style : « prenez du temps pour vous..ne vous donnez pas corps et âme à votre école, votre établissement »..et en même temps « vous devez être disponible H24 », « Vous vous devez d’appliquer les procédures que nous imposons »…..

Faut il verser dans un pessimisme mortifère ? Autant il est nécessaire de sortir de la langue de bois, du silence, du pas de vague, autant il importe de montrer et de mettre en valeur qu’il est possible de sortir de cette sinistrose, de la dévalorisation, de la mésestime et de dire que des pistes existent, que des équipes les mettent en œuvre, même si elle ne résolvent pas tout ! Voici quelques principes qui participent à mettre du « mieux être » professionnel et de l’espoir aux personnes et aux équipes :

1/ Une prise de distance avec les injonctions institutionnelles (fantasmées ou réelles).

Répondre à toutes les injonctions est objectivement impossible aujourd’hui. Cela je le tiens à la fois des observations que je fais lors des rencontres avec les équipes, mais aussi lors des entretiens  individuels ou d’équipes (chefs d’établissement, IEN, CPE, responsables de formation, enseignants….).  Aussi nombre de directeurs-trices d’écoles, de CE, de CPE, d’enseignants pour répondre au mieux à leur mission et « tenir » dans le quotidien font des choix et définissent leurs priorités. Définir collectivement les priorités en équipe participe à déculpabiliser les personnes. C’est par exemple, ces directeurs-trices qui jouent sur le volant des 108 heures (temps de concertation, de formation, de rencontres avec les parents etc…) et mettent de la souplesse dans la répartition de ces heures hors présence élèves. Ils mettent en avant le principe de confiance vis à vis de leurs collègues enseignants. Ce sont ces CPE qui priorisent leur temps dans la prévention du décrochage scolaire et l’accompagnement des jeunes et remettent à plus tard le remplissage de nombre d’enquêtes quantitatives. Ce sont ces chefs d’établissements qui jouent sur les enveloppes horaires pour reconnaître l’engagement des équipes. Ce sont mêmes ces IEN et IPR qui disent à leurs équipes et aux enseignants de lâcher prise, de réduire leur niveau d’engagement pour se protéger !

2/ Une liberté prise avec l’organisation du temps et de la vie scolaire.

Un des leviers important du mieux être consiste à mettre plus de calme dans le quotidien. Nous savons que ce qui participe à épuiser à petit feu les personnes (enfants, jeunes, adultes) ce sont entre autre les rythmes de vie. Or nous savons que pour apprendre un sujet a besoin d’être en stabilité émotionnelle, en confiance et reposé ! L’école lieu dont la mission première est de permettre des apprentissages se doit de créer les conditions favorables à ces derniers. Aussi de en plus d’établissements n’hésitent pas à jouer sur les rythmes quitte à ne pas respecter officieusement les temps officiels. Il ne s’agit pas de grands changements, voici quelques exemples de pratique qui ne chamboulent pas l’organisation et le fonctionnement d’un établissement, qui ne révolutionnent pas les méthodes pédagogiques mais qui mettent un peu plus de calme et de tranquillité dans les établissements :

  • le 1/4 d’heure de sieste ou de calme ou de lecture à la reprise des cours après la pause méridienne.
  • Les 30mn d’activité physique dans la journée (dans le 1er degré) ou comme en Écosse, aller marcher quotidiennement 1 mile dans le temps de classe.
  • Les petits temps courts (de 1 à 3mn) de calme, de silence guidés ou non guidés dans les classes primaires (1er degré) positionnés à plusieurs moments de la journée. Certains enseignants du 1er degré arrivent ainsi à placer 20mn quotidienne de calme complet sur l’ensemble de la journée
  • Le positionnement des disciplines à haute sollicitation cognitive aux moments clefs de la journée (début et fin de journée).
  • Des ateliers de yoga, sophrologie, méditation, relaxation proposés aux élèves volontaires (collège et lycée).
  • Une organisation du temps permettant un équilibre judicieux entre les disciplines  (en primaire notamment) et sollicitant l’ensemble de la personne, le corps, les émotions, les pensées.

3/ Une direction qui comprend, soutient, appuie, valorise les équipes et qui n’en demande pas plus que ce qui se fait déjà.

Certainement l’un des points clefs pour un mieux être dans un établissement scolaire. Le chef d’établissement (directeur-trice, Principal-e, Proviseur-e) donne le « LA ». Sa posture est déterminante quant à la dynamique au sein du collectif. Concrètement cela se traduit par l’application des principes suivants, la confiance en soi et dans l’autre, la reconnaissance des compétences des équipes (les forces et les fragilités), la valorisation des personnes. Faut-il rappeler qu’un établissement scolaire est une des organisations humaines où nous avons le plus de personnes à haut niveau de formation diplômante (majorité du personnel tout statut confondu à niveau master) !

C’est reconnaître qu’au moins 80% des enseignants et du personnel font déjà du mieux qu’ils peuvent et ne peuvent donner plus. Que pour le reste comme dans toutes les organisations, il y a des personnes qui ne peuvent pas ou plus donner parce qu’elles n’en ont pas ou plus les moyens et qu’une infime minorité < de 2% ne se sent aucunement concernée. Il est rare de trouver des organisations avec un si haut degré d’engagement et d’investissement !

Aussi nous pouvons comprendre la situation paradoxale dans laquelle se trouve les personnels de direction pris entre des injonctions rectorales et ministérielles au changement continuel (réforme tous les cinq ans), à la restriction de moyens et des équipes qui font déjà plus qu’il ne faut au quotidien pour maintenir de la cohérence, du lien social et accompagner au mieux les enfants et les jeunes !

4/Une acceptation de la réalité sociétale et une adaptation des objectifs à cette réalité.

Peut être une des difficultés majeures dans la culture éducative française marquée par le principe d’égalité qui se concrétise encore le plus souvent dans l’inconscient collectif par proposer à toutes et tous les mêmes savoirs. Or les enseignants savent combien cette forme d’égalité est une illusion. D’ailleurs a-t-elle un jour tenu ?

L’égalité éducative c’est l’équité et donc donner plus à celles et ceux qui en ont le plus besoin. En ce sens la diminution des effectifs dans les classes de CP dans les zones d’éducation prioritaire est une bonne décision qui va dans le sens de l’équité. Mais qu’en est-il dans les autres niveaux de classe, dans les collèges ou les lycées de ces zones ?

L’adaptation des contenus d’enseignement et des objectifs éducatifs à la réalité sociale du contexte local est déterminante pour maintenir l’équilibre personnel et de l’équipe et la stabilité avec l’environnement de l’établissement. Mais c’est une difficulté professionnelle majeure d’autant qu’au sein d’une même classe les objectifs se multiplient et rendent tout simplement leur atteinte impossible. La différenciation pédagogique a ses limites surtout quand le nombre d’élèves par classe dépasse allégrement les 25 ! Les enseignants doivent alors faire le deuil de ce qu’ils souhaiteraient faire mais que leur réalité empêche. Pour ma part j’observe que celles et ceux qui maintiennent un niveau de stabilité professionnelle et ne bascule pas dans l’usure puis l’épuisement professionnels ont accepté leur réalité de classe et d’établissement (nombre d’élèves par classe, définition d’objectifs réalistes, acceptation de ses limites et de celles de l’autre – élève, parent…). Mais c’est aussi un facteur de frustration très fort ! Depuis que je fais le test de « Légeron » sur les facteurs et niveaux de stress professionnel, la frustration est le facteur le plus prégnant et il ne cesse d’augmenter année après année.

Faire son deuil n’est pas chose simple et nécessite un travail sur soi et sur le collectif pédagogique. D’autant que nombre de messages injonctifs véhiculés en formation initiale voire continue poussent les enseignants à croire qu’il est possible de répondre aux objectifs assignés par l’Éducation Nationale en matière d’acquisitions attendues pour tous les élèves quelles que soient leurs caractéristiques socio-culturelles !

5/ une vigilance et une entraide mutuelle.

Nous savons depuis bien longtemps que la force d’un collectif est bien plus que la somme de ces parties. Cette dimension de la collaboration, de l’entraide, du soutien est déterminante dans le maintien d’une dynamique positive au sein des équipes pédagogiques. De cela j’en fais le constat régulièrement. Il est des contextes d’établissement qui semblent impossible et cependant ça tient ! Certes il y a, le plus souvent dans ces contextes, la Direction qui est cohérente, bienveillante tout en maintenant le degré nécessaire d’exigence et solidaire de l’équipe pédagogique, mais pas que….Il y a cette dimension presque alchimique et aussi fragile qui tient à une intentionnalité de cheminer ensemble dans le respect de ce que chacun peut apporter au collectif. Cet aspect ne se met pas en équation ou dans un référentiel, il se perçoit dans le quotidien, presque dans les regards. Des établissements en sont porteur plus que d’autres ! A quoi cela tient ? Difficile d’identifier les raisons profondes et déterminantes. Pour ma part j’en perçois les explications via le modèle de C.G Jung qui nous parle d’un inconscient collectif local ou aussi Ruppert Sheldrake qui explique avec sa théorie des champs morphogéniques, comment un système se met en cohérence ou incohérence. Ces deux hypothèses explicatives nous disent en fait la même chose, l’essentiel est invisible aux observations matérielles !

Pour finir nous ne pouvons pas occulter ce qui est peut être le plus important dans l’augmentation de cette souffrance professionnelle qui touche nombre de milieux et plus particulièrement ceux dits de l’humain (santé, éducatif, social, justice, police…). Nous sommes dans une crise de sens généralisée qui dépasse le contexte de l’école mais qui l’impacte plus que nous ne le pensons !

Nous sommes dans un changement de société, voire de civilisation, au même titre que le passage du moyen âge à la renaissance. Tous les champs de la société sont et seront impactés, l’économie, le travail, l’industrie, l’agriculture, la famille, le religieux, l’éducatif….Notre société matérialiste, consumériste basée sur le modèle de la croissance, de la logique compétitive est en bout de course. Tous les indicateurs le montrent. Nous sommes dans un changement de paradigme rapide et profond et notre modèle actuel  n’est plus adapté aux défis de notre époque et de ceux à relever dans les décennies qui viennent. Il nous faut en priorité proposer des réponses satisfaisantes aux problèmes de notre survie collective et de celle de l’environnement, aux problèmes sociaux et démographiques de notre monde.  Ces défis nécessitent de passer de la logique compétitive à celle de la coopération et ce dés l’école.  Ce sont des changements qui nous touchent au plus haut point et au plus profond de nos vies, comme la relation homme-femme, le sacré, la statut de la raison et de la science, mais aussi la conscience du temps, de l’espace et du bonheur. C’est donc bien actuellement toute l’architecture du monde dit moderne qui est en crise. Il est alors tout à fait normal que de partout l’angoisse monte, les plaques tectoniques bougent et fort ! Et cette angoisse les enfants, les adolescents, les jeunes la perçoivent. Ce n’est pas sans influence sur leurs comportements à l’école et en classe.

Raymond Barbry, le 28 octobre 2019.

 

 

 

 

Effets dans la durée d’une formation à la pleine attention dans un collège des hauts de France.

Depuis que je forme et accompagne des équipes pédagogiques (écoles, collèges, lycées) à développer les pratiques de pleine attention (pleine présence, méditation de pleine conscience), je peux mesurer les effets de ces pratiques à la fois sur le personnel enseignant et éducatif ainsi que sur les élèves. Quoi de mieux qu’un accompagnement dans la durée pour observer à l’interne de l’établissement les évolutions. C’est le témoignage du collège Hergé à Gondecourt (Hauts de France) que je vous présente ici.

Résultat de recherche d'images pour "collège hergé gondecourt"

Rappel de l’historique

Sur l’année scolaire, 2017/2018, à l’initiative de l’infirmière du collège Sylvie Cabre associée à la CPE Sophie Higelin , j’ai réalisé une formation aux pratiques de pleine attention pour les enseignants et le personnel du collège. La participation à cette formation se faisait sur la base du volontariat sur des fins de journée ou de semaine (vendredi). C’est ainsi que sur l’année scolaire, neuf temps de rencontre de deux heures ont été réalisés pour une quinzaine de personnes. La formation avaient un double objectif, à la fois à destination des adultes pour leur communiquer des outils leur permettant d’apprendre à réguler leur niveau de stress professionnel et ensuite développer ces pratiques auprès des élèves soit dans le cadre des cours soit sous la forme d’ateliers sur des temps hors cours.

Sur l’année 2018/2019, deux temps de rencontre ont été réalisés pour faire le point avec les enseignants qui exploitent dans le cadre pédagogique des temps de pleine attention. Il en sera de même pour cette année 2019/2020 où nous avons prévu trois temps de rencontre.

1er point / un projet d’équipe inscrit dans la durée : pour un collège « ZEN ». Cette initiative se place dans le cadre d’un projet validé par la Direction, Madame Caroline Bertolloti (Principale sur les années 2017-2018-2019), Monsieur Laurent Francqueville (Principal à cette rentrée scolaire 2019-2020), Madame Fatiha Cherifi (Principale adjointe)  et piloté par Mesdames Sylvie Cabre (infirmière) et Sophie Higelin (CPE).

2ème point / Un engagement volontaire des participants et la liberté dans l’initiative des pratiques. La participation à la formation et les temps de rencontre d’accompagnement restent à caractère strictement volontaire. Il en est de même pour l’engagement dans des pratiques auprès des élèves, choix des classes, temporalité des temps de pratique de pleine attention. Nous avons laissé le choix de l’initiative aux enseignants qui sont les seuls juges et compétents pour identifier ce qui est le plus pertinent pour les classes dont ils ont la responsabilité.

3ème point / Des initiatives multiples. Au bout deux ans, nous faisons le constat que sans imposer une quelconque pratique ou méthode, les pratiques de pleine attention se sont institutionnalisées dans le collège sous des formes variées et adaptées aux caractéristiques des élèves (âge, motivation etc…) et aux compétences de l’enseignant. C’est ainsi que de manière régulière et formelle dans le cadre des cours en fonction des disciplines d’enseignement et dans des temps d’ateliers spécifiques, les pratiques suivantes sont identifiées :

  • Cohérence cardiaque.
  • Temps de silence court.
  • Temps de silence avec support musical.
  • Exercices de conscience respiratoire.
  • Exercices de conscience corporelle.
  • Relaxation dynamique.
  • Visualisation mentale.
  • Régulation émotionnelle.
  • Atelier de relaxation dans le cadre de l’association sportive sur temps de la pause méridienne.

De manière informelle, les enseignants font l’observation que naturellement lorsque le besoin se fait sentir, ils n’hésitent pas à placer des temps courts de pleine attention (de quelques secondes à une minute) afin de remettre les groupes classe en état de vigilance.

Il ressort des témoignages des enseignants, une confiance dans l’exploitation de ces pratiques qui initialement n’étaient pas dans leur domaine de compétence. Prendre l’initiative de proposer des temps courts de pleine attention dans le cadre de leur enseignement est devenu partie intégrante de leur pratique professionnelle.

4ème / Un pilotage à l’interne par l’infirmière scolaire. C’est certainement l’un des déterminants de la réussite de ce projet. La présence de Madame Cabre a facilité l’intégration des pratiques de pleine attention. Elle est une ressource pour les collègues enseignants et éducateurs. Sa disponibilité et ses compétences ont permis d’une part de rassurer les collègues et d’autre part de les accompagner dans l’exploitation et la proposition de situations à proposer aux élèves.

5ème / Un accompagnement dans la durée. Nous savons qu’en matière d’acquisition de nouvelles compétences professionnelles, le temps de formation seul reste insuffisant pour l’appropriation de nouvelles pratiques. Ces dernières demandent du temps. Ce temps est bien souvent long et indispensable à l’intégration. C’est cet aspect que nous avons intégré dés la mise en place du dispositif que nous avons conjointement élaboré, l’intervenant (Raymond Barbry-AGEPS) et les porteurs du projet à l’interne (la Principale, l’infirmière, la CPE). Le suivi sous forme de rencontres d’accompagnement avec l’intervenant extérieur a été pensé dés le début.  C’est donc un double accompagnement qui a été mis en place :

  • A l’interne via les pilotes du projet (infirmière et cpe)
  • A l’externe via deux à trois rencontres par an avec le formateur.

5ème / Des effets constatés sur les capacités attentionnelles en cours. Dans ce collège comme dans toutes les écoles, collèges, lycées qui s’engagent dans cette démarche de mettre en place régulièrement des temps de pleine attention (peu importe la méthode du reste : méditation de pleine conscience, sophrologie, gestion mentale, relaxation, cohérence cardiaque…), nous faisons les observations suivantes :

  • amélioration des capacités attentionnelles,
  • des cours qui se déroulent avec plus de calme (moins de bruit),
  • des élèves qui réclament ces temps de pleine attention,
  • les quelques élèves dans les classes qui n’adhèrent pas systématiquement aux temps de pleine attention proposés en début et fin de cours, ne perturbent pas le reste de la classe.

Ces observations ont été validées par la pilote du projet qui fait une évaluation régulière sous forme de questionnaires et d’entretiens avec les élèves et les enseignants engagés.

En conclusion, cette formation-accompagnement montre s’il en est qu’il se passe dans le cadre de l’Éducation Nationale des changements pour un mieux être des adultes et des jeunes. L’expérience du collège de Gondecourt vient en complément de celles que nous avons déjà présentées par ailleurs. En cette période terne et triste pour les acteurs éducatifs français suite au drame de Pantin. Il importe de faire remonter aux responsables politiques et institutionnelles en charge de l’École qu’il n’est pas besoin de faire de « Grandes Réformes » qui s’enchaînent au gré des changements de ministres et de politiques. Mais d’abord de faire confiance aux acteurs au cœur des établissements (enseignants, personnel éducatif, personnel de direction) et de leur donner les moyens d’agir !

Raymond Barbry, le 7 octobre 2019.